Un collectif d’auteur.e.s propose une nouvelle brochure : « Cigéo, coffre-fort géologique ? Démystifier le mythe », recensant une grande partie de leurs analyses et avis sur ce mégaprojet industriel à hauts risques. Venant d’horizons divers, leur approche est scientiï¬ que, environnementale, sociologique, juridique ou éthique. Une certitude les anime : les risques de l’enfouissement des déchets nucléaires sont tels qu’il ne s’agit plus de bercer le pays d’illusions, mais de prendre conscience, collectivement et au plus vite, que le projet Cigéo est irréalisable. Les 1-2-3 juin 2021 : ne se trompe-t-on pas de procès ?

Cigéo : un saut alarmant dans le futur

« En 2050, une alerte sanitaire d’un nouveau type est communiquée à la Mairie de Paris, l’alimentation en eau de 7 arrondissements est concernée. Les 100.000 m3 d’eau distribués quotidiennement et provenant de l’usine de traitement de Joinville-le-Pont alimentée par la Marne, sont suspectés de contamination (...), suite à l’incendie survenu dans Cigéo, trois semaines auparavant... Pourtant il avait été anticipé en 2013 par l’Agence de l’Eau Seine Normandie(...) que durant son chantier, et ensuite lors de son exploitation, le projet Cigéo demanderait des besoins importants en eau et génèrerait des rejets, que l’alimentation en eau potable devait être sécurisée par une démarche globale de protection et de traitement, et que cette zone devait être impérativement protégée en vertu de la convention RAMSAR de 1991. Mais malgré ces mises en garde, le projet Cigéo de stockage de déchets nucléaires s’est poursuivi et a été à l’origine de notre scénario.  »

Cet extrait de la brochure (page 28) nous projette dans un avenir à la fois effrayant et de l’ordre du possible. Des experts indépendants ont démontré, dès 2011, que les risques d’incendie ou d’explosion dans Cigéo sont réels. En 2021, ils demeurent sans solution. Pourtant le projet Cigéo avance, la prochaine étape étant une actuelle -et controversée- demande de déclaration d’utilité publique.

Si un incendie souterrain ou une explosion sous terre(page 16), une intrusion dans les galeries du stockage oublié (page 54), un accident de transports de déchets (page 84) ou encore une large contamination de l’eau (page 62) ou de l’air (page 70) se produisent, quelles solutions et quels recours auront nos proches descendants pour gérer un environnement toxique ?

Cigéo : des responsabilités diluées, quel recours pour les générations futures ?

Faire le procès des instances internationales, des gouvernants successifs ou des parlementaires qui ont imposé des projets ou fabriqué des lois (page 114), en contournant leurs devoirs démocratiques ? Ils ne seront plus aux commandes.

Faire le procès du maître d’œuvre de Cigéo, dont la mission a été d’enfouir les déchets nucléaires à tout prix (page 38), parce que Cigéo est la pièce essentielle pour la survie du nucléaire du XXIe siècle ? L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) aura sans doute disparu.

Faire le procès de celles et ceux qui, en toute connaissance de cause, certifièrent l’absence de ressource géothermique (page 44)sous le site de Bure ? Les instances officielles en charge du suivi du dossier, dont l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), auront sans doute disparu.

Faire le procès des élus locaux qui, ayant cédé aux illusoires plans de développement territoriaux (page 100), ont validé imprudemment le processus menant du « laboratoire » à Cigéo ? Leur nom sera tombé dans l’oubli.

Faire enfin le procès des lobbyistes acharnés de l’atome du XXe siècle, qui en 2021, projettent dans l’ombre la construction de six nouveaux réacteurs atomiques, alors qu’un changement de cap énergétique est d’une absolue nécessité (page 158) ? Ils n’oeuvreront plus depuis longtemps.

2021 : le procès de l’arbre qui cache la forêt

Sept personnes sont convoquées pour « association de malfaiteurs », devant la justice les 1-2-3 juin prochain à Bar-le-Duc. La raison : leur engagement contre l’installation de la méga-poubelle nucléaire à Bure. Ils-elles ont été choisi-es parmi des milliers de gens mobilisés depuis plus trente ans, au sein d’une opposition qui ne faiblit pas. Cette absurde tentative de criminalisation de l’opposition à Cigéo est révélatrice de la fragilité d’un projet industriel fou, qui n’a pas de réponses à ses tares majeures et qui finit par faire de la répression (page 140) un ultime « moyen » pour s’imposer.

L’évidence est là : la thèse initiale du « coffre-fort géologique » nucléaire ne résiste à aucune analyse, en France ou dans le monde. Le report des charges sur les générations à venir serait considérable : il faut stopper le projet Cigéo, avant que l’on ne puisse plus revenir en arrière.

Juin 2021 : et si on se trompait de procès ?

Mardi 1er juin à 10h, Place Saint Pierre : Pièce de théâtre-conférence « Le procès de CIGEO.


La brochure « Cigéo, coffre-fort géologique ? Démystifier le mythe » (168 pages) est éditée par le collectif Burestop55, membre de la coordination Stop-Cigéo. Disponible en version papier, elle est feuilletable ICI > VERSION CALAMEO et consultable en VERSION PDF