Petits réacteurs nucléaires, mais gros déchets atomiques
Le 12 octobre 2021, Emmanuel Macron annonçait vouloir "faire émerger en France d’ici à 2030 des réacteurs nucléaires de petite taille innovants avec une meilleure gestion des déchets."
Le chant du cygne d’une filière sans avenir
Parsemer le pays de réacteurs de petite taille, dits SMR, pour décarboner et produire -exporter ?- l’énergie de demain, ou un projet absurde, tout en communication élyséenne.
Va-t-on gaspiller un nouveau milliard d’euros en recherche fumeuse ? Veut-on faire oublier un peu trop vite, et sans en tirer enfin toutes les leçons, l’échec phénoménal de l’EPR ?
Pourquoi continuer à accumuler un retard qui ne se rattrapera pas, en matière de changement de cap, face à l’urgence climatique actuelle ? Pourquoi un tel mépris de l’absolue nécessité de la participation de la population, qui a son mot à dire ? Et enfin, les déchets, on en fait quoi ?
Le déchet atomique, l’impasse que personne ne devrait plus ignorer
Qu’entend le président, lorsqu’il parle de "meilleure gestion des déchets" ? Ces nouveaux réacteurs, au fonctionnement basé sur la fission des atomes fissiles (uranium 235, plutonium 239, uranium 233) et la réaction en chaîne, n’apportent rien de nouveau. Ils produiront forcément des déchets, qui aggraveront forcément l’impasse actuelle. Combien faudrait-il de nouveaux sites de stockage, en surface ou sous terre, si de nouveaux réacteurs (EPR ou SMR) voient le jour ?
Alors :
- que les piscines près des centrales débordent de déchets,
- que les stocks de déchets de toutes catégories ne cessent de croître,
- que la fin probable un jour des activités de retraitement ne fera qu’augmenter les volumes de déchets ultimes, avec un inventaire maintenu flou aujourd’hui,
- que les centres de stockage actuels des déchets dits à vie courte et faible activité ne suffiront pas à absorber et le fonctionnement actuel et le démantèlement à venir,
- que Cigéo/Bure, conçu pour accueillir plus de 99,9% de la radioactivité issue des activités nucléaires, fait chaque jour la preuve d’une évidente infaisabilité en termes de sûreté, de coût ou encore de maintien de sa mémoire au futur...
Il est inacceptable d’entendre évoquer, au plus haut sommet de l’Etat, l’idée que le déchet atomique puisse être "mieux" géré, alors qu’aucune solution réelle n’existe pour les déchets déjà produits
De nouveaux milliards d’euros seraient gaspillés, au service d’un dogme "français" du nucléaire décarboné et sûr -criminel pour les générations à venir- qui n’en finit pas de finir. De telles annonces, désespérantes, nous font prendre un retard considérable dans la course au changement des modes de production et de consommation de l’énergie.
Faut-il laisser aux mains du seul gouvernement des choix fondamentaux qui nous concernent toutes et tous ?