Le gouvernement suédois a donné le 27/01 2022 un avis favorable à l’enfouissement des combustibles usés, malgré la reconnaissance des doutes qui demeurent sur la sûreté à court et long terme du stockage. La Coordination Cigéo/Bure STOP dénonce une décision irresponsable. Cette véritable fuite en avant, exercée sous la pression de la filière électro-nucléaire, met en péril le territoire d’accueil de ces déchets mais aussi et surtout les conditions de vie des générations futures.

Une autorisation de création du site de Forsmark bloquée en 2018

Ce changement de décision est le résultat des crises gouvernementales qui se sont produites fin novembre 2021, lorsque le Parti Vert a quitté ce qui est à présent un gouvernement social-démocrate minoritaire. Les partisans du stockage géologique et la filière nucléaire ont eu gain de cause hier, après 4 ans de blocage de la DAC suédoise.http://burestop.free.fr/spip/spip.p...
Début 2018, la Cour du Land et de l’Environnement avait déclaré que l’autorisation en vertu du Code de l’environnement ne pouvait être accordée tant qu’il n’est pas démontré que les conteneurs en cuivre qui doivent isoler le combustible nucléaire irradié de l’humanité et de l’environnement pour des centaines de milliers d’années fonctionnent comme prévu.

Janvier 2022, quatre ans après, rien a changé : il n’est toujours pas prouvé que le cuivre ne va pas se corroder. Les tests effectués par SKB, (Andra suédoise) sur exigence du gouvernement précédent, n’ont pas donné de résultats sûrs, ils sont d’ailleurs contestés par les ONG qui dénoncent des problèmes de méthode. Cet avis favorable est uniquement dû au changement de gouvernement suédois et non pas parce que le risque est levé : une fois de plus la décision est politique, elle ignore les inconnues scientifiques qui ont bloqué le cours du projet durant plusieurs années.

Une décision prise en toute connaissance du risque

Selon le communiqué de l’ONG MKG et de la Société suédoise pour la conservation de la nature (27 janvier 2022 - voir en annexe) : " l’actuel gouvernement a considéré que l’Autorité suédoise de radioprotection (SSM) estime que le stockage final peut être suffisamment sûr même si les conteneurs en cuivre ne fonctionnent pas comme ils le devraient, grâce aux autres barrières de roche et d’argile bentonite. "
Cette décision gouvernementale, quasi criminelle envers les générations future, semble prise en toute connaissance de cause. Qu’en retiendra l’Histoire ?

Comme pour Cigéo, on navigue à vue

La cas de la Suède est très similaire au projet Cigéo. La demande d’utilité publique en attente de déclaration a été déposée sur un avant-projet de Cigéo -un cas d’école- bourré d’inconnues technologiques, éthiques et financières majeures et sans solution. Le potentiel géothermique - rédhibitoire- sous Bure a été escamoté par l’Andra. Tout est fait pour masquer l’impuissance de l’homme face à ces déchets, pour sauver la filière nucléaire.

Les ONG suédoises estiment malgré tout que : "La science continuant de fonctionner indépendamment des décisions politiques, les associations estiment qu’il est probable que le projet soit encore arrêté à l’avenir. Le risque que l’argent nécessaire à la construction d’un dépôt soit gaspillé dans la mauvaise technologie est évident." Cigéo, qui a pris lus de cinq années de retard sur le calendrier initial, n’est pas encore construit, lui aussi !


ANNEXE (Traduction)

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - 27 janvier 2022 - Société suédoise pour la conservation de la nature et de l’ONG suédoise Office for Nuclear Waste Review (MKG)https://www.mkg.se/en/press-release...

Le gouvernement suédois autorise l’industrie nucléaire à construire un dépôt dangereux pour le combustible nucléaire usé

La décision du gouvernement suédois de dire oui au dépôt de combustible nucléaire usé à Forsmark est à la fois regrettable et irresponsable. C’est l’avis de la Société suédoise pour la conservation de la nature et de l’ONG suédoise Office for Nuclear Waste Review (MKG). Le gouvernement a pris sa décision sans que l’industrie nucléaire ait démontré que les conteneurs de cuivre qui doivent garantir la sûreté pendant au moins 100 000 ans fonctionneront comme prévu.
Le gouvernement a pris aujourd’hui une décision historique et je crains qu’il n’ait commis une erreur historique. Il est directement irresponsable de la part du gouvernement de dire oui au dépôt de combustible nucléaire usé. La méthode d’élimination avec des canisters en cuivre a fait l’objet de nombreuses critiques de la part d’experts indépendants éminents en matière de corrosion. Les déchets nucléaires peuvent causer des dommages environnementaux importants dans la région de Forsmark, peut-être déjà après quelques centaines d’années, explique Johanna Sandahl, présidente de la Société suédoise pour la conservation de la nature.
Le gouvernement a choisi de dire oui au dépôt de combustible usé, malgré le fait que lors de l’examen gouvernemental, des connaissances supplémentaires ont émergé selon lesquelles le cuivre puisse être défaillant. Les canisters en cuivre doivent garantir la sécurité de l’homme et de l’environnement pendant plus de 100 000 ans. Des chercheurs indépendants sur la corrosion du Royal Institute of Technology (KTH) ont averti à plusieurs reprises qu’il existe un risque que les cartouches soient défaillants - déjà après quelques centaines d’années.
Si les conteneurs fuient et que les déchets nucléaires extrêmement dangereux s’échappent, ils contamineront les eaux souterraines et l’ensemble de l’écosystème. Le milieu marin serait également touché. Si cela se produit, une grande zone doit être bouclée en tant que zone sans accès pendant très longtemps et personne ne peut manger ou boire quoi que ce soit de la zone.
Le gouvernement considère qu’il suffit que l’Autorité suédoise de radioprotection (SSM) ait déclaré que le stockage final peut être suffisamment sûr même si les conteneurs en cuivre ne fonctionnent pas comme ils le devraient, grâce aux autres barrières de roche et d’argile bentonite. Le gouvernement a ainsi ignoré le fait que la Cour foncière et de l’environnement s’est clairement distanciée de ce point de vue. Le tribunal a estimé que le gouvernement devait s’assurer que les cartouches en cuivre pouvaient vraiment durer pendant les longues périodes concernées.

Le Conseil suédois pour les déchets nucléaires, le conseil consultatif scientifique du gouvernement sur les questions de déchets nucléaires, et les chercheurs de KTH ont déclaré que davantage de recherches sont nécessaires dans l’environnement du dépôt pour s’assurer que les conteneurs fonctionneront comme prévu.
La Société suédoise pour la conservation de la nature et MKG estiment que la décision du gouvernement a ignoré à la fois les signaux d’avertissement scientifiques forts et la nécessité de poursuivre la recherche sur le cuivre. La science continuant de fonctionner indépendamment des décisions politiques, les associations estiment qu’il est probable que le projet soit encore arrêté à l’avenir. Le risque que l’argent nécessaire à la construction d’un dépôt soit gaspillé dans la mauvaise technologie est évident.

Le gouvernement a décidé d’approuver un référentiel qui ne fonctionnera pas, explique Johan Swahn, directeur de MKG. Ainsi, de l’argent et du temps risquent d’être gaspillés dans la construction d’un dépôt qui doit ensuite être abandonné.