"Lettre aux générations futures" : rassurance gratuite et désinformation, rien sur le fond du problème
Cette vidéo est dans la droite lignée des campagnes de propagande chère à la filière électronucléaire. Usage unique de mots nobles et rassurants : engagement scientifique de maîtrise et de sécurité, confiance pour l’avenir sur fond d’impasse totale d’information sérieuse et à l’exclusion de toute notion de danger.
Pas un mot sur les difficultés insurmontables que pose la "gestion" de ces déchets atomiques : impacts sanitaires connus ou imprévisibles à court et très long terme, contaminations irréversibles, mémoire des sites définitivement impossible à transmettre, risque majeur d’explosion et d’incendie, coûts pharaoniques, etc., on est loin du roman à l’eau de rose matraqué par l’Andra.
Qu’elle soit abandonnée en surface (La Hague, Soulaines, etc), ou planquée à 500m sous terre (Cigéo, projet bourré d’incertitudes majeures à l’heure de l’instruction de la DAC (3)), la radioactivité est impossible à contenir. Traduction : l’être humain, le monde animal et végétal ne vivent pas ou ne vivront pas dans un environnement sain et non contaminé, arrêtons de nous faire des films.

S’agit-il de protéger l’avenir des générations futures ou, beaucoup moins vertueusement, les intérêts d’un nouveau programme électronucléaire précipité et imposé ?
Le label "république française" qui orne cette stupéfiante "lettre-vidéo" ne rassure pas. C’est bien l’Etat et la filière électronucléaire qui se préparent à imposer sans bilan honnête et sans débat aucun la dangereuse prolongation du fonctionnement des centrales actuelles. Ils s’apprêtent aussi à remettre une pièce dans la machine en relançant un nouveau programme de réacteurs (EPR et petits réacteurs modulaires) tout aussi producteurs de déchets. Tout cela bien entendu sur fond de déni de l’impossible solution pour les plus radioactifs. D’ailleurs si le trou de Bure ne devait pas suffire, qu’à cela ne tienne, il a été dit qu’on l’agrandira...
Il est à souligner aussi que le projet Cigéo ne prévoit pas de budget pour assurer la récupérabilité des colis de déchets : à l’heure actuelle, une telle décision resterait sous la responsabilité et le financement de la génération -laquelle- qui la prendrait.

Une question essentielle de constitutionnalité, tranchée en faveur des requérants
Le vendredi 27 octobre 2023, jour de la décision du Conseil constitutionnel sur la QPC
déposée par les associations et habitant·es opposé.es au projet d’enfouissement, l’Andra, pour sa défense et par la voix de son avocat, s’est vue contrainte de dire l’inverse de ce qu’elle prétend aujourd’hui sur son site internet dédié : « Certes c’est une idée altruiste, une idée généreuse, une idée humaine même ! [!] Mais cela reste une idée qui n’est pas juridiquement opérante [car] les générations futures, peut-être, certes, seront, mais à l’heure actuelle elles n’existent pas ! » (4).

Alors grosse campagne de conte de fées ou aveu de l’impuissance de l’Andra et de l’être humain face à ce legs terrifiant ?
Au royaume des "fake news", l’Andra n’y va pas de main morte en affirmant que "La France, comme d’autres pays à l’international, a fait le choix du stockage en couche géologique profonde" alors que l’autorisation de création est encore en instruction ! De là à imaginer un futur "crime" contre l’humanité ?

2 https://www.youtube.com/watch?v=8Wl3_BcmgU4

3 DAC : Demande d’autorisation de création de Cigéo, déposée début 2023 et en instruction pour 3 Ã 5 ans

4 - Décision n° 2023-1066 QPC du 27 octobre 2023
https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2023/20231066QPC.htm

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[2] https://www.youtube.com/watch?v=8Wl3_BcmgU4">Lettre aux générations futures"
Publié le 8 novembre 2023 - Mis à jour le 29 mars 2024