Cigéo : l’Andra propose une phase industrielle pilote avant l’enfouissement des déchets radioactifs
ACTU-ENVIRONNEMENT - 06.05.2014 - P. Collet
L’Andra propose de mettre en œuvre une "phase industrielle pilote" de 5 à 10 ans. L’Agence décale par ailleurs de quelques années le calendrier du projet d’enfouissement des déchets radioactifs français à Bure (Meuse).
Ce mardi 6 mai, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a annoncé sa décision de retarder le calendrier prévisionnel de son projet de Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) de déchets nucléaires de haute et moyenne activité à vie longue, dont la création est prévue à Bure (Meuse). Elle entend intégrer, au démarrage de l’exploitation du stockage en 2025, une "phase industrielle pilote", qui durerait "de 5 à 10 ans" avant l’exploitation courante.
"Cette phase industrielle pilote permettra de tester, en conditions réelles, l’ensemble des fonctionnalités du stockage : mesures et dispositions techniques prises pour maîtriser les risques d’exploitation, capacité à retirer des colis de déchets stockés, moyens et capteurs permettant la surveillance du stockage, techniques de scellement des alvéoles et des galeries", explique l’Andra. L’objectif étant de rendre le projet plus progressif et plus flexible. A l’issue de cette phase pilote, la société devra choisir entre la poursuite ou l’abandon de l’enfouissement des déchets.
Début des travaux en 2015 et 2020
Le calendrier initial, prévu par la loi de programme de 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs, prévoyait que la demande d’autorisation soit instruite par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en 2015, pour une mise en exploitation du site à partir de 2025. L’Andra prévoit désormais une demande d’autorisation en deux temps, en 2015 et 2017, et espère une autorisation "à l’horizon 2020".
En 2015, l’Andra remettra à l’Etat un plan directeur pour l’exploitation du stockage "élaboré en concertation avec les parties prenantes". Parallèlement, l’Agence déposera un dossier d’options sûreté et un dossier d’options techniques de récupérabilité auprès de l’ASN. Fin 2017, l’Andra finalisera la demande d’autorisation de création en vue de l’obtention du décret d’autorisation de création.
Si ce calendrier est respecté, l’aménagement des environs du site de l’Andra à Bure pourrait débuter en 2015 et la construction du centre de stockage sous-terrain démarrerait en 2020.
La délibération du conseil d’administration de l’Andra, détaillant les suites que l’Agence souhaite donner au débat public, sera publiée au Journal officiel d’ici quelques jours.
Pour le Réseau Sortir du nucléaire, "l’Andra propose de mettre en œuvre le projet Cigéo… par petits bouts : calendrier décalé, demande d’autorisation en deux temps et surtout, intégration d’une « phase industrielle pilote »". Cela permet de "ne pas perdre la face suite aux nombreuses critiques exprimées pendant le temps du débat" et de "détourner l’attention des graves problèmes mis en exergue", estime-t-il.
Un délai réclamé de toutes parts
En décalant de 5 à 10 ans son projet, l’Andra tient compte de certaines remarques exprimées lors du débat public tenu du 15 mai au 15 décembre 2013. "Il n’y a pas réellement d’urgence à décider du projet", avaient estimé en janvier un panel de 17 citoyens rassemblés pour compléter un débat public tronqué.
En février, lors de la présentation des conclusions du débat, Christian Leyrit, président de la Commission nationale du débat public (CNDP), avait pour sa part estimé nécessaire la mise en place d’une "étape significative" de "stockage pilote", préalablement à l’enfouissement des déchets radioactifs.
Enfin, en avril, l’Autorité de sûreté avait, elle aussi, jugé que le calendrier prévisionnel de l’Andra n’était pas tenable. "Le dossier ne nous paraît pas dans un stade suffisamment avancé du fait des incertitudes techniques", avait indiqué Michel Bourguignon, commissaire de l’ASN.