2013 - Radioactivité à Void-Vacon (55)
EST REPUBLICAIN
30/11/2013
La plateforme logistique LMC de Void-Vacon, filiale d’Areva, prévue initialement pour le matériel à destination des centrales nucléaires, transporte aussi des éléments radioactifs.
Les riverains de la plateforme LMC (Le Maréchal Célestin), située zone du Vé, à Void-Vacon s’interrogent. La plateforme, filiale d’Areva Transport, installée depuis 2009, était conçue à l’origine pour le transport de pièces de mécanique à destination des centrales nucléaire. Mais depuis le début de l’année, elle sert d’aire de repos pour des camions chargés de matière radioactive.
Un collectif, porté par le réseau Sortir du nucléaire et Claude Kaiser, militant antinucléaire, s’est réuni dernièrement à Pagny-sur-Meuse, afin de réclamer plus d’informations.
« Depuis le début de l’année, il existe des rumeurs concernant le transit de matières radioactives par Void-Vacon. Or, la population n’est pas informée. Tout se fait dans le plus grand secret. J’estime que cela doit être connu, car ce n’est pas anodin. Ce ne sont pas des choux de Bruxelles », lance Claude Kaiser. Pour informer la population, des militants distribueront aujourd’hui 2.000 tracts aux automobilistes, de 10 h à 16 h, route de Vaucouleurs à Void-Vacon.
Un « site de nuitée »
Le réseau Sortir du nucléaire a demandé confirmation à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), afin d’en savoir plus sur les activités de la plateforme logistique, qui répond par une lettre : « Les substances transitant par cette base logistique sont les suivantes : de l’UF6 naturel entre Comurhex Pierrelatte et Urenco Almelo (Pays-Bas), de l’UF6 appauvri entre Urenco Almelo et ANC Pierrelatte et entre Eurodif Pierrelatte et ANF Ligen (Allemagne), de L’UO2 appauvri entre ANF Lingen et ANC Pierrelatte ». L’ASN précise également que ce type de colis ne nécessite pas d’agrément préalable pour l’UO2 : « Ce sont des colis dits de type industriel, la classification de la matière variant en fonction de la quantité et de l’activité transportée ». Quant à l’UF6, il nécessite un certificat d’homologation, mais « ces types de transports ne font pas l’objet d’une notification à l’ASN ».
« Ce sont des produits qui représentent un danger réel. Et c’est fait dans le dos des habitants. L’UF6 est radioactif, même à faibles doses. C’est un produit très volatile, qui explose au contact de l’humidité et qui dégage des vapeurs acides corrosives », indique Claude Kaiser.
Le maire de Void-Vacon, informé de ces nouvelles activités depuis septembre, et faisant suite à la réunion organisée par Claude Kaiser, a distribué une lettre d’information à tous ces administrés. « Quand j’ai entendu les rumeurs, j’ai interrogé le directeur de LMC et d’Areva, pour savoir ce qui transitait par le site, et si la sécurité était respectée ».
Dans cette lettre, le maire explique que « le site a été habilité comme site de nuitée pour matières radioactives de catégorie 3 classe 7 : il s’agit de matériaux ou de composants intervenant par la suite dans la composition de combustibles nucléaires destinés à alimenter les centrales ». Il précise également que « les risques pour ces produits sont essentiellement chimiques, comme de nombreux transports de produits chimiques. Leur contact avec certains éléments (eau-air) peut entraîner des réactions de type chimique ». Le maire indique également que ces transits de matière radioactive ne seraient que temporaires, mais Areva ne donne pas de réponse quant à la durée de ce type de transport.
« Les flux d’UF6 et d’UO2 ont été mis en place afin de pérenniser l’activité du site et l’emploi local, afin de palier la baisse prévisible des flux liés aux grands chantiers sur le site du Tricastin, qui sont en voie d’achèvement. Cette base est à mi-chemin entre la Hollande et le site du Tricastin. Cela permet aux chauffeurs routiers de couper le transport sur le territoire français. Il y a une dizaine de transports par semaine. Ils ne restent que quelques heures à Void-Vacon », explique un porte-parole d’Areva.
Les militants antinucléaire ne comptent pas rester sans rien faire. Ils dénoncent aussi le chemin emprunté par les camions qui passent par le rond-point de l’obélisque et qui circulent à proximité d’une école maternelle.
De nouvelles réunions d’informations sont prévues sur le secteur. « Ce ne sont pas des déchets nucléaires comme à Bure, mais c’est de la radioactivité qui circule dans notre commune, sans que l’on sache. On veut être informé », martèle Claude Kaiser.