L’étrange descenderie de Cigéo
Analyse de Bernard Laponche / Global Chance
17 février 2025
Pourquoi faire descendre les colis de déchets radioactifs en partant de Haute Marne vers les galeries en Meuse, sur près de 5 km, avec des risques évidents ? Pour une drôle histoire de fiscalité.

Cette note de Bernard Laponche présente la localisation du projet Cigéo de l’ANDRA dont la demande d’autorisation de construction (DAC) est en cours d’instruction par l’Autorité de sûreté nucléaire et radioprotection (ASNR).
Cette localisation en deux zones, l’une dans le département de la Meuse et l’autre dans celui de la Haute-Marne, distantes d’environ 4 km, conduit à une « descenderie » des colis de déchets radioactifs de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL) d’une longueur de 4200 m, en pente douce.
Le choix de deux zones distinctes, chacune sur l’un des deux départements, a été manifestement inspiré, voire imposé, par des choix politiques portés par les élus départementaux et régionaux concernés, sur la base d’une répartition entre départements des produits fiscaux qu’apporterait ce projet considérable.
Une solution alternative à une seule zone qui semble plus intéressante est brièvement exposée et mériterait d’être étudiée en termes de sûreté et de sécurité nucléaires, en termes techniques et économiques, notamment sur l’ampleur des travaux.
Une note très éloquente > PDF dossier complet joint.
EXTRAIT
CONCLUSION
La comparaison entre solution Cigéo actuelle et solution alternative ne relève pas de l’ASNR,
même si elle est consciente des raisons politiques de la solution à deux zones.
En effet, l’ASNR a pour mission de donner ses avis et ses décisions sut le projet présenté par
l’Andra et d’exiger des améliorations ou des confirmations sur ce projet.
Il appartient donc aux responsables politiques, Gouvernement et Parlement, de s’emparer du
sujet car des questions fondamentales sont posées, notamment sur la sécurité et sur les coûts,
pour une opération d’importance nationale dont la responsabilité revient de fait à l’Etat
puisque la réalisation et le financement du projet reviennent à des organismes et entreprises
dépendant directement de l’Etat (Andra, EDF, Orano, CEA).
La pertinence de cette conclusion est confirmée par ces extraits de l’Avis de l’Autorité
environnementale du n°2024-40 du 22 juin 2024, actualisation de l’avis n°2020-79 du 13
janvier 20217 :
« Le dossier (de l’Andra) confirme également que le choix d’implantation de la descenderie
provient d’un courrier du 9 mars 2010 du ministre chargé de l’environnement 8 qui a
demandé à l’Andra de veiller « à étudier l’implantation de l’entrée de la descenderie pour le
stockage dans la zone limitrophe de Meuse-Haute-Marne ».
Et,
« L’Ae reste interrogative sur les conséquences environnementales de la prise en compte de
considérations d’équilibre des produits fiscaux entre départements pour un projet d’ampleur
nationale de durée plurimillénaire ».
« De fait la comparaison des incidences environnementales est réelle pour ce qui est du choix
des zones d’implantation mais reste peu convaincante pour le choix au sein de ces zones qui
semble inféodé à une seule option, interdépartementale, pour la descenderie ».