JHM (Journal de la Haute-Marne) / Pierre-Julien Prieur 24.11.08

Quatre ans de lutte...

Bure Zone Libre, la “maison de la résistance à la poubelle nucléaire” fête ses quatre ans d’existence. Quatre années durant lesquelles les militants ont tenté d’apporter une contre-information sur le nucléaire.

Depuis quatre ans, une vieille maison fait parler d’elle, au cœur du village de Bure (Meuse). Baptisée Bure Zone Libre, la “maison de la résistance à la poubelle nucléai­re” est un véritable point de rencontre des anti-nucléaire. Mais pas seulement. « Notre objectif est d’apporter des informations différentes de celles de l’Andra, à toute la population », explique Au­rore, l’une des trois permanents, qui donne un an de sa vie à cette cause.
Et en quatre ans, nombre d’actions ont émergé. Des échanges de savoirs sur l’éco-construction, des distributions de tracts de « contre-information », des stages de formation aux actions non violentes avec le collectif des Désobéissants, ou encore, le 11 novembre, une commémoration à Verdun en hommage aux morts du nucléaire.
« Non aux déchets FA-VL »

Mais depuis quelques mois, un nouveau cheval de bataille a fait son apparition au sein de la maison : le projet de stockage des déchets dits FA-VL (de faible activité à vie longue). « Nous avons déjà trois centres dans un rayon de 60 km, Soulaines, Mor­villiers et Bure. Et on veut nous en mettre un quatrième. Quel­ques communes des environs ont déjà répondu favorablement au projet de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, Ndlr). Mais dans tout, ça, les habitants ne sont pas informés. Le conseil municipal de Gondrecourt vient de refuser une consultation de la population sur le sujet », déplore Aurore.
La maison doit donc prendre le relais auprès des populations concernées. Et tenter de montrer qu’il existe une alternative à l’enfouissement. « Pour nous, il faut les garder en surface. C’est déjà très dangereux, mais au moins, on peut les contrôler. Avec Bure ou le projet FA-VL, on veut les enterrer sans savoir comment aller les rechercher. Il n’y a au­cune réversibilité », poursuit la permanente, qui aimerait également que des recherches scientifiques soient menées pour trou­-ver d’autres solutions.
« Aujourd’hui, l’Andra met plus d’argent dans sa communication, que dans de vraies recherches. Ce qu’ils veulent c’est un centre de stockage qui fasse partie du paysage, que les gens ne se rendent même plus compte qu’il est là, conclut Aurore. Mais nous, nous serons toujours là pour le rappeler. Ils n’ont pas encore ga­gné. »
Des projets plein les cartons

Si l’activité première de la “maison de la résistance” est l’information, elle ne dispose pas, pour le moment, d’un local adapté pour accueillir le public. « Nous avons en projet d’aménager une salle multiactivités, dans une partie de la maison, explique Aurore. Nous allons donc réhabiliter la grange et nous y installerons des jeux, des expositions et on pourra faire encore plus d’information. » Un projet ambitieux, représentant un budget important, qui devrait être fi­nancé, comme le reste des activités, à 40 % par le Réseau Sortir du nucléaire et à 60 % par les dons.