L’Union / Aurélie Juillard 19.02.09

Nucléaire : Blesme suit Scrupt sur la voie du retrait

Nouveau coup de théâtre dans le dossier du site de stockage de déchets nucléaires. Après la décision du maire de Scrupt (voir notre édition d’hier), Jean-Philippe Beauvois, de remettre à l’ordre du jour de son conseil municipal la « première marque d’intérêt » du village à l’implantation d’un tel site sur son territoire, c’est au tour du premier magistrat de Blesme, Claude Doyen, de faire marche arrière.

Dans une lettre adressée à l’auteur du blog blesme- mon-amour.over-blog.com, l’écrivain et habitant de la commune Armand Gautron, l’élu l’annonce clairement : « Je proposerai à la prochaine réunion de conseil de revoir notre copie, et si une majorité accepte, nous clôturerons définitivement ce dossier ». Rendez-vous demain soir donc, date de la prochaine assemblée municipale.

Les raisons de ce retournement ? La mobilisation des antinucléaires bien sûr, associée à un manque de soutien et de réponses claires de la part des parties concernées, à commencer par l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires). Une légèreté déjà déplorée par le maire de Scrupt à qui l’agence refusait un déplacement pour expliquer son dossier à la population, sous prétexte que seuls les sites retenus par le ministère pourraient bénéficier d’une telle présentation publique.

Un engrenage dangereux

Pour le maire de Blesme, ce manque de transparence pourrait même signifier que « le ou les sites sont déjà définis par les hautes autorités et que nous servons de testeurs ». « Les antinucléaires ont raison d’alerter l’opinion publique, affirme-t-il. Notre première décision d’accord pour les études des sols a bien été conditionnée, comme cela a été précisé, à d’autres décisions avec la population. Si l’argent a été un atout important, l’envie d’en savoir un peu plus sur le sujet en a été un autre… »
N’obtenant satisfaction auprès d’aucune instance, Claude Doyen souhaite donc mettre un point final à cette affaire qui a suscité moult débats au cœur du village, la réunion publique de la semaine dernière remplissant même la salle des fêtes municipale !

Pour autant, l’édile ne regrette pas d’avoir suscité des discussions : « On se doutait que l’on mettait le doigt dans un engrenage dangereux, mais cela ne permet-il pas d’engager le débat ? Je connais certaines municipalités qui, bien que tentées, n’ont pas abordé le sujet à l’époque, de peur de représailles », écrit-il ainsi.
Lors du premier suffrage, en fin d’année dernière, cinq élus blesmois avaient voté pour une étude des sols destinée à vérifier que le sous-sol communal pourrait éventuellement abriter le fameux site de stockage. Quatre autres s’étaient prononcés contre et un dernier s’était abstenu. Les habitants auront l’occasion de mesurer le chemin parcouru depuis, ce vendredi…

En attendant, dès ce soir à 19 heures, la mobilisation des antinucléaires se poursuit avec une réunion publique organisée par le Mouvement national de lutte pour l’environnement à la salle polyvalente de Maurupt-le-Montois, troisième et dernière commune à s’être portée sur les rangs de l’Andra.