CLIS de BURE : mise sous contrôle totale ?
CLIS de BURE : un projet de mise sous contrôle totale ?
Bataille propose une mission de consultation coûteuse pour encadrer le débat des commissions au sein du CLIS
Si ce comité a pour mission d’informer les populations, quelle légitimité peut-il avoir lorsque le gouvernement place à sa tête l’un des principaux artisans des lois pour enfouir les déchets nucléaires ? Christian Bataille est un député réputé pour ses convictions pro-nucléaires.
Le renforcement de la main-mise du pouvoir pro-nucléaire sur une instance chargée de faire le lien entre ANDRA et population, projet d’enfouissement officiel et oppositions populaires récurrentes achève de décrédibiliser ce "comité local d’information et de suivi".
Beaucoup d’argent et de stratégie pour faire accepter l’inacceptable !
Selon le compte-rendu du dernier CA du CLIS (01/12 2008), l’agence BGI Consulting ( groupement d’experts chargés d’intervenir auprès de gouvernements, d’institutions publiques et d’entreprises afin d’optimiser les ressources existantes) se propose d’intervenir à hauteur de 150 000 euros (budget annuel) afin de "recenser les attentes vis-a-vis du CLIS, de faire une cartographie des acteurs locaux impliqués, et d’émettre des recommandations notamment pour l’échéance du débat public à venir."
Elle viendrait en appui des commissions "(...) pour organiser la réflexion des trois commissions thématiques du CLIS : réversibilité, environnement et santé, localisation pour un éventuel stockage". Autrement dit, les sujets qui fâchent, d’ordre essentiellement sociologique.
Selon son site internet, cette agence BGI Consulting se décline sous les termes de : Conseil en Intelligence économique & Lobbying stratégique.
Mission principale : "L’accompagnement et les supports stratégiques que nous proposons ont pour but d’aider les décideurs à anticiper, valider et agir dans un contexte concurrentiel aigu". Le BGI conduit aussi "des missions dans la gestion de crise".
Cette étude pourrait être payée non par le CLIS mais par les producteurs de déchets eux-même.
Curieuse façon de concevoir un rôle d’information indépendante !
Une des grandes missions du CLIS deviendrait-elle l’encadrement de la parole, le formatage des opinions et la préparation du débat public pré-enfouissement ?
Ou, plus concrètement, comment faire passer la pilule dans un contexte d’opposition ; comment livrer la région aux producteurs de déchets nucléaires ; comment préparer "l’acceptabilité publique" de l’inacceptable, à grand renfort d’études sociologiques, de stratégie de crise et d’euros...
M. Bataille préfère-t-il dénouer et gommer les oppositions populaires légitimes, remises en lumière depuis juin 2009 avec le nouveau projet FAVL, plutôt que surveiller les travaux de l’ANDRA ? Pendant ce temps l’Andra creuse, fore et installe la poubelle souterraine, sans comité local d’expertise et de contre-expertise de ses travaux.
Rappelons aussi qu’il y a quelques années, les opposants siègeant au CLIS avaient fait réaliser une étude par l’IEER, institut réellement indépendant sur le cahier des charges de l’ANDRA, coeur du sujet tout de même.
Certains membres du CA du CLIS, qui ont émis des réserves quant à la proposition de BGI Consulting, sans appel d’offre comparatif, ont tout intérêt à se renseigner sur la nature de cet organisme * (1). Le nouveau statut associatif du CLIS lui permet-il de se passer de faire des appels offres, comme son ancien statut l’exigeait ?
_ Les opposants n’ont jamais considéré le CLIS comme un véritable outil au service de la démocratie, cette opinion se renforce.
A l’occasion de la prochaine assemblée plénière du CLIS de BURE qui aura vendredi 6 mars prochain à Joinville, le CDR 55 rappelle qu’il ne siègera pas dans cette instance tant que M. Bataille en sera le président.