"Une chose est sûre c’est que ce ne sera pas Bure ; une autre chose est sûre, c’est que ce ne sera pas très loin de Bure !"

Selon l’Est républicain* du 30/03/09, Marie-Claire Dupuis, directrice de l’ANDRA en visite à Bure, a annoncé hier ce que tout le monde sait mais que personne n’ose avouer officiellement. Le sud meusien pourrait se laisser imposer cette première mondiale qu’est l’enfouissement des déchets radioactifs les plus dangereux (HAVL), tout cela consulter les habitants.

Immense gruyère radioactif en sous-sol, installations de surface pouvant être reliées aux galeries souterraines par des tunnels de 5 km, transports à risques, quel visage pour notre région ? Pourtant l’opposition dure, depuis 15 ans, et mobilise largement autour de BURE.

Selon Mme Dupuis <>. Un groupe de l’Agence de l’énergie nucléaire qui réunit vingt-huit pays << réfléchit à la manière d’établir la confiance, de construire l’échange avec les parties prenantes locales.>>

Construire l’échange ?
Pas une once de démocratie, aucune concertation globalisée intelligente, un débat public (2012) qui arrivera après 18 ans de fouilles et de main-mise sur une région, quelques promesses illusoires et beaucoup d’argent à court terme. Voilà ce qui caractérise le processus pour enfouir les pires poisons produits par notre collectivité.
Mme Dupuis parle <>. Mais les meusiens ne veulent pas de ce dialogue à sens unique pratiqué par l’Andra depuis des années, dont le seul objectif est de cacher les déchets ultimes d’une politique énergétique insoucieuse des générations futures !

Impossible d’établir une relation de confiance dans un domaine où il ne peut y en avoir...
L’appel récent à candidatures pour un site d’enfouissement de déchets dit faiblement radioactifs (FAVL) a été un véritable test grandeur nature, partout en France. Il ne révèle pas des "peurs irraisonnées" mais des inquiétudes et des rejets fondés. Certaines communes ont retiré leur candidature, sous la pression citoyenne. L’Andra tarde à annoncer celles qui seront retenues, ira-t-elle s’implanter là où le projet fera le moins de remous ?
Les Etats-Unis viennent de stopper les travaux de stockage géologique des déchets radioactifs les plus dangereux (HAVL) à Yucca Moutain (Nevada), site jumeau de Bure.
Les expérimentations malheureuses "d’enfouissement expérimental de déchets faiblement radioactifs” dans la mine de sel d’Asse (Allemagne) en passe de s’effondrer, pourraient remettre en question le projet de Gorleben, qui devait recevoir les déchets hautement radioactifs...
Pourquoi la France s’entête-t-elle à imposer l’empoisonnement programmé des sous-sols, contre la volonté d’une majeure partie des citoyens et l’avis de divers experts scientifiques ?

Pourquoi continuer à produire ces déchets, si l’on ne sait pas les gérer ?
De nombreux habitants des départements pressentis (Aube, Haute-Marne, Marne, Meuse, Meurthe et Moselle, Moselle, Vosges), ont pris conscience depuis juin dernier que transformer leur région en immense dépôt radioactif n’est pas un projet d’avenir, mais un piège inéluctable.
16 associations de la région Lorraine/Champagne-Ardenne demandent un MORATOIRE sur l’enfouissement des déchets nucléaires de toutes catégories.
Ils réclament un véritable débat national sur la politique énergétique, préalable indispensable à l’élaboration d’un programme de gestion des déchets nucléaires déjà produits, indépendamment de tout intérêt industriel.
Une pétition est organisée avec les soutiens de : Réseau Sortir du nucléaire, CRIIRAD, Greenpeace, Amis de la Terre, Agir pour l’Environnement.
+ d’infos et pétition en ligne sur www.dechets-nucleaires-ne-pas-enfouir.org

Diverses manifestations sont prévues dans les semaines à venir, dont une marche de Bure à Chooz, du 13 au 26 avril 2009.


* EST REPUBLICAIN - 30 mars 2009
REGION-LORRAINE Environnement

« Ce ne sera pas Bure ! » Mais l’enfouissement des déchets radioactifs ne se fera « pas très loin de Bure », précise la directrice de l’Andra.
BURE.- Alors que l’Agence pour l’énergie nucléaire s’apprête à organiser un forum intitulé « Stockage et territoire : envisager le futur ensemble », du 7 au 9 avril, à Bar-le-Duc, la directrice générale de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), Marie-Claude Dupuis, était hier au laboratoire de recherches de Bure, dans la Meuse, pour rappeler l’importance qu’elle attache au dialogue avec les populations locales.

  • Pourquoi réunir 90 personnes représentants 15 pays nucléarisés à Bar-le-Duc ?
  • Cette réunion est organisée avec le Comité sur les déchets radioactifs de l’Agence de l’énergie nucléaire qui réunit vingt-huit pays et dont un groupe réfléchit à la manière d’établir la confiance, de construire l’échange avec les parties prenantes locales. On s’intéressera à la problématique que vit l’Andra dans la Meuse et que l’on retrouve ailleurs dans le monde. Pour pouvoir stocker des déchets radioactifs quelque part, il y a deux conditions. La première, c’est une bonne géologie ; la deuxième, c’est une bonne acceptation locale. Il ne s’agit pas de piéger les habitants. Je n’ai pas envie d’exploiter un centre de stockage avec des CRS autour !
  • Vous avez annoncé votre volonté d’associer les habitants à l’élaboration du rapport que vous remettrez au gouvernement en octobre ?
  • Nous devons proposer, dans la zone de 250 km2 que nous avons étudiée, une zone restreinte de 30 km2 dans laquelle nous allons poursuivre nos investigations scientifiques pour faire une proposition d’implantation d’un site de stockage de déchets hautement radioactifs à vie longue. Un débat public devrait avoir lieu fin 2012 ; ensuite, le gouvernement choisira le site. J’ai entendu des gens dire qu’ils étaient pieds et poings liés et que ce serait Bure... Une chose est sûre c’est que ce ne sera pas Bure ; une autre chose est sûre, c’est que ce ne sera pas très loin de Bure !
  • Où alors ?
  • Avant de proposer un site précis, on voudrait impliquer les acteurs locaux dans le processus. Pour cela, nous avons choisi de dissocier la réflexion sur les installations souterraines de celle qui porte sur les installations de surface. Pour le fond, c’est la géologie qui doit primer parce que la première chose à assurer est la sécurité. Pour ce qui est de la surface, des questions d’aménagement du territoire se posent quand on accueille 700 à 1.000 emplois, qu’il faut loger des familles, qu’on a besoin de routes, de voies ferrées, qu’il faut prévoir des écoles... Cela permet d’ouvrir le dialogue. Nous prévoyons donc d’accéder aux installations souterraines par des descenderies qui pourraient faire jusqu’à cinq kilomètres ; cela élargit la zone susceptible d’accueillir les équipements en surface à 600 km2 et permet un accès côté meusien ou côté haut-marnais.
  • Comme pour le centre de stockage de déchets faiblement radioactifs à vie longue (FA-VL), vous demandez donc aux communes de la zone de se porter candidates ?
  • On n’en est pas encore à des expressions d’intérêt aussi explicites, mais le dialogue s’instaure quand on parle d’aménagement du territoire.
  • Quand le gouvernement communiquera-t-il la liste réduite des communes susceptibles d’accueillir le centre de stockage des FA-VL ?
  • Depuis janvier, le ministère mène des consultations auprès des grands élus sur la base de nos propositions. Toujours avec le souci d’avoir une décision équilibrée entre l’analyse géologique et l’acceptation locale... Ce qu’on a entendu autour des FA-VL nous conduit à rester très humbles et à avoir beaucoup de respect pour les gens qui nous accueillent ici ; quand on voit comment on est traité dans d’autres départements, on voit que la notion de déchets radioactifs est très repoussoire, ça fait encore fait très peur.

Le fait du jour
Si ce n’est Bure...

Marie-Claude Dupuis a le sens de la formule. « Une chose est sûre, c’est que ce ne sera pas Bure ; une autre chose est sûre, c’est que ce ne sera pas très loin de Bure », a déclaré la directrice générale de l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) qui se trouvait hier sur le site du laboratoire de recherches meusien. L’intéressée faisait naturellement référence au site que le gouvernement retiendra, en 2013, pour accueillir le centre de stockage souterrain de déchets hautement radioactifs.
Si ce n’est Bure, c’est donc sa sœur. En l’occurrence une commune voisine dans cette zone de transposition que l’Andra a porté de 300 à 600 km2 aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne pour « ouvrir le dialogue avec les populations locales ». Si le choix de l’emplacement précis du stockage en profondeur reviendra in fine aux scientifiques pour garantir des dispositions géologiques optimales, l’agence souhaite donc permettre aux collectivités meusiennes et haut-marnaises de se positionner pour ou contre l’accueil des installations de surface qui pourront être reliées aux galeries d’enfouissement par un tunnel de cinq kilomètres.
D’ores et déjà des groupes d’élus se sont constitués dans les vallées et les territoires concernés pour adopter et défendre des positions localement cohérentes. Si certains s’opposeront probablement avec détermination à accueillir la fameuse poubelle radioactive, d’autres pourraient être tentés de manifester leur intérêt pour le fulgurant développement économique promis par l’Etat et par la filière nucléaire à la localité retenue.
Les représentants de l’Andra le savent qui laissent déjà entendre que le secteur de Joinville disposent de meilleures infrastructures que la haute vallée de l’Ornain mais que le Sud meusien offre l’avantage d’être plus élevé que le nord de la Haute-Marne... Une manière de mettre sans le dire les deux départements en concurrence. Si ce n’est l’un, ce sera donc l’autre... On sait comment finit la fable !