Est Républicain / Meuse / Baptiste Bize 3.04.09

Conseil général Meuse : "Nous devons assumer Bure !"

Pour le président du conseil général, Christian Namy, le développement économique de la Meuse passe forcément par la filière nucléaire. « La porte est ouverte », précise-t-il.

L’établissement public de coopération interdépartementale fondé avec la Haute-Marne prévoit l’aménagement d’un pôle technologique à côté du labo de Bure.

Les élus étaient simplement appelés, hier, à se prononcer sur la modification des statuts de l’établissement public de coopération interdépartementale (EPCI) mis en place avec le conseil général de la Haute-Marne pour favoriser l’émergence d’un pôle scientifique et technologique à proximité du laboratoire de recherches sur la gestion des déchets radioactifs de Bure. Ils l’ont d’ailleurs approuvée. Mais on n’approuve pas un rapport qui prévoit l’acquisition de 54 ha actuellement propriété de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) et le lancement « au plus tôt » des premières études de faisabilité sans provoquer un débat.

« Nous devons assumer Bure, assumer l’arrivée de l’Andra dans notre département et transformer le GIP (ndlr, qui gère les fonds dits d’accompagnement) en véritable outil de développement économique », insiste Christian Namy, le président radical valoisien du conseil général de la Meuse qui demande à ses collègues de mesurer « le chemin parcouru ». « L’affirmation qu’une des voies de l’avenir passe par le développement d’un pôle sur les bio-énergies et le traitement des déchets adossé à Bure était encore impossible il y a quatre ans. Cela montre que c’est dans l’action que les mentalités évoluent. »

Le président fait référence à la prochaine implantation d’un centre de stockage de pièces détachées pour les centrales nucléaires d’EDF à Velaines, à la construction à venir du centre d’archives d’EDF à Bure et à l’installation d’un démonstrateur de biomasse du Commissariat à l’énergie atomique à Saudron, côté haut-marnais. Autant de promesses de développement qui visent à permettre à l’Andra et à la filière nucléaire de gagner la confiance des populations locales.

« Pas en concurrence avec la Haute-Marne »

Arsène Lux, le conseiller général UMP de Verdun-Est, regrette néanmoins que les investissements prévus dans la Meuse soient « dormants » tandis que celui promis à la Haute-Marne est « actif ». « Je ne souhaite pas qu’il y ait de concurrence entre nos deux départements », répond Christian Namy. « On sait maintenant que le site d’enfouissement se fera en Meuse mais on ne sait pas encore où se feront les installations en surface. Avec le conseil général de la Haute-Marne, nous estimons qu’elles doivent être aménagées sur cette zone EPCI. La porte est ouverte. »

Pas de concurrence, donc. Et un même enthousiasme politique de part et d’autre de la frontière avec la certitude que le développement économique profitera aux deux départements. Tout juste Roland Corrier (PS, Bar-le-Duc Nord) trouve-t-il à redire sur les dysfonctionnements du Comité local d’information et de suivi tandis que Daniel Lhuiller (PS, Gondrecourt) regrette que la dernière visite de l’Andra ait eu lieu pendant qu’il était parti en vacances... Seul Arsène Lux - encore lui ! - hausse le ton en assurant qu’il ne sera pas le seul, le moment venu, à s’opposer à l’enfouissement s’il le faut.

Pour l’heure, le président Namy préfère penser aux millions que la filière nucléaire, EDF en tête, verse chaque année au GIP Objectif Meuse pour l’accompagnement du laboratoire. « J’ai l’appui d’Hubert Falco, le ministre de l’Aménagement du territoire pour faire passer la dotation annuelle de 20 à 30 millions d’euros », précise-t-il. « Pour l’enfouissement, il faudra être beaucoup, beaucoup, beaucoup plus exigeants », prévient Arsène Lux. La Meuse ne se vend tout de même pas pour si peu.