Mme Lauvergeon fait des déclarations mensongères sur le nucléaire
COMMUNIQUE CDR55
8 Octobre 2007
Les associations demandent à l’Est Républicain un droit de réponse afin d’apporter une autre approche sur cette énergie de plus en plus contestée.
La patronne d’AREVA, "une des femmes les plus puissantes du monde" selon l’article paru le 7/10 en pages Région de l’Est Républicain, n’y va pas de main morte ! "Le nucléaire n’est plus l’ennemi, c’est le charbon".
Tout est bon, même les simplifications extrêmes, pour faire (re)passer en force le nucléaire en France et dans le monde... comme remède à l’effet de serre. Tout est bon, même les arguments les plus grossiers.
L’ode au nucléaire de Mme Lauvergeon est un véritable amalgame d’inexactitudes mesongères sur un sujet controversé dans l’opinion publique. Cela confine au discours totalitaire, aux antipodes d’une information digne de ce nom dans un festival scientifique d’envergure internationale.
Question sécurité, pas le moindre doute selon elle : la filière est toujours aussi sûre, "le nouveau réacteur EPR résisterait à la chute d’un avion"... En matière de terrorisme, une centrale nucléaire serait bien protégée à plusieurs niveaux de défense et "moins dangereuse qu’une usine chimique qui peut faire plus de dégât et de victimes".
FAUX : le nucléaire est une entreprise à très très haut risque, une vraie bombe à retardement, sur laquelle pèse un silence d’Etat.
Pour exemple, les millions de victimes directes et indirectes de la catastrophe de Tchernobyl, honteusement minimisées par les instances nucléocrates.
En France, les 56 réacteurs actuels et sites nucléarisés, dont elle ne parle pas, ne sont pas conçus pour résister à un crash aérien. Ils ne sont pas à l’abri des malveillances terroristes ou des défaillances techniques et humaines. Pour preuve, les accidents réguliers de fonctionnement dans les centrales dont on ne dit pas tout aux populations riveraines...
Les déchets ? Selon elle, 96% de ceux-ci sont recyclés, les 4% restants sont vitrifiés et entreposés, "à BURE notamment où rien ne bougerait, même en cas de tremblement de terre".
FAUX : Les déchets radioactifs représentent une véritable impasse technologique : ils ne sont en aucun cas recyclables ou recyclés. 40 ans d’exploitation nucléaire ont généré des tonnes de déchets nucléaires divers, dangereux et complexes, du simple rejet aux déchets à durée de vie de milliers d’années. Le problème ? Nul part au monde l’on ne sait éliminer leur toxicité. La France sera une véritable poubelle atomique dans quelques années, en surface et sous-terre. Le retraitement (élégamment qualifié de "recyclage" par Areva) à La Hague d’une petite partie des matières nucléaires est une opération à but industriel qui génère d’autres produits radioactifs.
BURE (Meuse-Haute-Marne) en est juste au au stade de carottage et d’études, et n’accueille à ce jour aucun déchet atomique. Le projet de poubelle souterraine reste très contesté par la population - qui refuse l’enfouissement - et par des experts indépendants. Dire que le sous-sol et le stockage souterrain ne bougeront pas pendant des milliers d’années est une imposture. Un récent rapport officiel (CNE 2007) note déjà "des phénomènes inattendus" dans les galeries d’étude actuelles.
Le coût ? Le nucléaire serait rentable et pas cher, "dans le prix du courant, tout est compté, même le démantèlement des centrales" !
FAUX : La Cour des Comptes ne sait pas estimer son coût global. La filière électro-nucléaire est dans l’incapacité de produire des coûts intégrant toutes les étapes, de la recherche à la production, ainsi que celui de la gestion de ces déchets dont elle commence seulement à se préoccuper. Le démantèlement des centrales est d’une complexité totale. Le seul premier démontage de la petite centrale de Brennilis (Bretagne) avance déjà des chiffres vertigineux.
Conclusion : la véritable facture financière, humaine et environnementale (considérable) pèsera sur nos seuls descendants.
La désinformation massive des consommateurs en matière de nucléaire continue, aliénant toute capacité de choix autre que le nucléaire. Il est indispensable, Mme Lauvergeon, d’abandonner ces pratiques d’un autre siècle, si l’on veut construire durablement de nouvelles politiques énergétiques.