Le conseil municipal a approuvé, mercredi soir, une délibération qui confirme son opposition à l’enfouissement des déchets nucléaires, dans le sous-sol communal.

Le texte de la délibération a été rédigé en deux minutes sur un coin de table à l’instant de passer au vote, mercredi soir : « Suite à la présentation de la ZIRA 5 le 18 novembre ayant donné lieu à un avis défavorable, le conseil municipal de Bonnet, par principe de précaution, refuse l’enfouissement des déchets nucléaires MA-VL et HA-VL dans le sous-sol de la commune ». Peu importent les mots. Pour le maire de Bonnet, seul le résultat compte. Or, avec six voix pour, trois contre, un vote nul et un bulletin blanc, Jean-Pierre Remmelé tient son vote en bonne et due forme. Un message envoyé au gouvernement à qui l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs a soumis une proposition de zone de 30 km2 dite « d’intérêt pour la recherche approfondie » sur le territoire des communes de Bonnet, Bure, Ribeaucourt et Mandres-en-Barrois, entre Gondrecourt-le-Château et Montiers-sur-Saulx.

« La première fois depuis 1994 »
Le 18 novembre dernier, quand le maire avait demandé à ses conseillers municipaux s’ils étaient prêts à le suivre, aucun n’avait manifesté d’hésitation. Emmenés par José Diemoz, cinq conseillers se sont depuis désolidarisés. Ils ont aussi été reçus en comité restreint par l’Andra. Mercredi soir, le vote de la délibération qui n’aurait pu être qu’une formalité a donc donné lieu à un vif débat pendant une heure. Pas toujours à la hauteur des enjeux. José Diemoz et ses amis veulent que la commune refuse l’argent de la filière nucléaire et consulte les habitants même en dehors du cadre légal. Ils accusent l’Andra d’avoir « tout acheté » et font remarquer qu’ils sont « contents d’avoir de la lumière ». Ils ne sont en fin de compte ni pour ni contre le stockage souterrain des déchets radioactifs ; simplement contre le maire. « De toute façon, c’est pas parce que Bonnet est contre qu’on va changer la face du monde », estiment les opposants en croyant utile de préciser qu’ils n’ont « rien touché de l’Andra ».
« Vous manquez un peu de recul mes amis ! », s’agace Jean-Pierre Remmelé qui voit au contraire dans le vote de sa commune le début d’un grand mouvement d’opposition. « C’est la première fois depuis 1994 qu’un conseil municipal a l’occasion de se prononcer sur l’enfouissement des déchets radioactifs... Quand le gouvernement aura fait son choix, il sera trop tard, ce ne sera plus la peine de la ramener. »

« Précaution »
Le maire qui soutient la pétition lancée dans le village pour demander l’organisation d’un référendum local ne désespère pas de parvenir à empêcher le stockage souterrain des déchets radioactifs. « Jusqu’à présent, on ne peut pas dire que la filière nucléaire a toujours été exemplaire en France », insiste-t-il. « Face à la situation actuelle des déchets, c’est le principe de précaution qui doit être retenu. »
« Notre délibération peut faire boule-de-neige », estime son adjointe. Une manière optimiste de reconnaître que la décision du conseil municipal de Bonnet, à elle seule, n’empêchera pas l’Etat de passer.

Baptiste BIZE