2000 : Sites granitiques, révolte et victoire !
Fin janvier 2000, le Réseau Sortir du Nucléaire produit à la presse un dossier "secret" : les cartes de 15 sites granitiques en France qui pourraient accueillir le second " laboratoire d’enfouissement ", prôné par le décret de 1999.
Sont concernés des sites dans l’Ouest, le Sud-Ouest et le Centre.
L’étonnement, puis la colère sont immenses sur chacun de sites. Élus locaux et populations se préparent à accueillir la Mission Granite, soit trois personnes chargées par le gouvernement de faire la promotion d’un nouveau laboratoire.
La Mission Granite prévoyait une approche en douceur fin Février, elle déchante vite !
En Mars, elle rencontre une opposition explicite dans l’Orne et la Vienne, vigoureuse en Corrèze ; elle subit un électrochoc en Mayenne où elle reçoit un accueil bruyant et mémorable de 3000 personnes qui la raccompagne pendant 12 heures aux limites du département voisin. La Mission Granite annule les réunions publiques, les permanences citoyennes, les rendez-vous avec les socio-professionnels. Encouragées par les premières mobilisations, les associations se renforcent, les collectifs fleurissent sur tous les sites ; les réunions publiques rassemblent des centaines de personnes et la prise de conscience des problèmes liés à l’enfouissement et au nucléaire lui-même est rapide et surprenante. Les manifestations ne se comptent plus : La Tronquière-Lot, 1200 personnes, Guéret-Creuse, 1000, Plouaret-Côtes d’Armor, 1500, Dinan-Côtes d’Armor, 2000, Brennilis-Finistère, 5000…
Le point culminant est atteint le 15 avril sur trois départements : Cantal, 5000 personnes ; Orne, 6000, Côtes d’Armor, 10000. Les élus invités à prendre position relaient bon gré mal gré l’opposition de leurs concitoyens. Des centaines de délibérations sont prises dans les conseils municipaux. 15 conseils généraux sur 16 prennent position contre les projets de "labos".
Le gouvernement rebrousse chemin
Les associations, collectifs et élus travaillent rapidement en réseau dans toute la France, au sein des deux Coordinations Nationales existantes, réunissent 300 000 pétitions. La Nuit contre l’enfouissement le 17 juin 2000 sur chaque site et aussi à Bure est la vitrine d’une opposition concertée.
Face à la mise en échec de la prospection, le gouvernement stoppe la mission des trois émissaires et tente de consulter les associations et collectivités locales en direct, allant même jusqu’à les inviter à Paris. Mais la tâche s’avère difficile, hasardeuse, même si certaines collectivités peuvent se laisser tenter.
Le rapport produit en juillet 2000 par la Mission Granite est éloquent : si populations et élus ont rejeté aussi fortement le projet de " laboratoire ", cela se justifierait par des terreurs collectives irraisonnées, des campagnes de désinformation pilotée par des écologistes, un manque de mesure certain.
Les recherches pour un second site en France sont abandonnées. Sont évoqués des rapprochements avec d’autres pays travaillant sur le granite.
Le camp d’été 2000 à BURE, face au chantier était une invitation à tout un chacun à venir " VOIR " l’ampleur du chantier et lui donner un visage. La réaction a été unanime, là se prépare une future poubelle nucléaire et il faut la contrer à tout prix !
Le Mouvement vers Bure, qui en été 2001 a vu convergé des centaines de marcheurs de divers "anciens sites granites" est une manifestation d’ampleur. 2000 personnes se retrouvent devant le site fin juillet.
La décision d’enfouir revient aux parlementaires en 2006. Il reste aux opposants à prouver que l’enfouissement doit être définitivement banni : il s’agit de rendre Bure "hors la loi".