2011 - Un nouveau train de déchets nucléaires va traverser la France
LE MONDE
06/05/2011
Un train de déchets nucléaires va de nouveau traverser la France en début de semaine prochaine. En provenance du centre de stockage d’Avogadro, dans la région du Piémont, entre Turin et Milan, il va parcourir plus d’un millier de kilomètres pour atteindre le terminal ferroviaire de Valognes, près de Cherbourg, dans la Manche. Le combustible usé provenant des réacteurs italiens à eau bouillante (probablement de Caorso, Trino et Garigliano) sera ensuite acheminé jusqu’à La Hague, dans le centre de recyclage d’Areva.
Le trajet exact du train n’a pas été dévoilé. Le réseau ferroviaire français – très dense – permet d’emprunter plusieurs itinéraires. Mais, selon les informations du réseau Sortir du nucléaire, le convoi est attendu en gare de Modane lundi 9 mai au matin. En se fondant ensuite sur le parcours d’un train similaire en février, les militants préparent activement des "rassemblements pour ralentir le Castor" (acronyme en anglais de "Cask for storage and transport of radioactive material", type d’emballage qui contient les déchets nucléaires). Le convoi pourrait passer aux alentours des villes de Chambéry, Lyon, Chalon-sur-Saône, Auxerre, Rouen et Caen. Et, comme dans la nuit du 7 au 8 février 2011, il est probable que le convoi emprunte les voies du RER C pour traverser la région parisienne.
Contacté par Le Monde.fr, Areva confirme laconiquement : "Un transport est en cours de préparation. Mais nous ne pouvons pas en dire plus pour des raisons de sécurité."
L’ASN "GARANTE DE LA SÛRETÉ DU TRANSPORT"
Les transports de déchets sont fréquents en France, mais les antinucléaires comptent bien se saisir de ce nouveau convoi pour insister sur les "dangers du nucléaire". Laura Hameaux, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, se réjouit de constater un "nouvel élan de mobilisation". "Avant, nous étions considérés comme trop alarmistes, analyse-t-elle. Mais l’accident de Fukushima qui a frappé le Japon, pays le plus technophile du monde, rend notre discours plus crédible et audible. Le mythe de la sûreté nucléaire s’est effondré. La population a compris qu’un accident nucléaire était possible en France."
A l’occasion du passage de ce train, une note de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad) s’inquiétait déjà des risques de ce transport de combustibles irradiés. Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, y dénonce l’"opacité" des pouvoirs publics sur ces questions. Il juge également que, malgré la dangerosité des substances transportées, "les emballages de transport ne sont prévus et testés que dans des scénarios d’accident manifestement non représentatifs de toutes les catastrophes envisageables".
L’Autorité de surêté nucléaire (ASN) organise actuellement un séminaire international consacré à la gestion post-accident des crises nucléaires à l’Assemblée nationale, au cours duquel son président, André-Claude Lacoste, a déclaré : "Personne ne peut garantir qu’il n’y aura jamais d’accident nucléaire en France." Interrogé par Le Monde.fr sur le convoi de lundi, la communication de l’ASN s’est dite "non habilitée à communiquer sur le trajet mais garante de la sûreté du transport".
Pour en savoir plus :
"Les convois nucléaires sont conçus pour atténuer les radiations et résister aux accidents", une interview de Thierry Charles, directeur de la sûreté des usines en charge des transports de déchets à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)