Après le "labo", "Cigéo"ou comment rebaptiser la future poubelle nucléaire de Bure

L’Andra, par le biais de sa directrice générale Mme Dupuis, a communiqué lundi 6 juin 2011 sur son projet d’enfouissement des déchets nucléaires les plus dangereux (HM-AVL), nommé Cigéo, en termes techniques, industriels, décoratifs et... flous, auprès de membres du CLIS (Comité Local de Suivi et d’Information) de BURE.

BURESTOP 55 souhaiterait que l’Andra expose, de façon un peu moins lisse, la réalité qui s’annonce pour la Meuse et pour les riverains du futur centre de stockage nucléaire.

Mme Dupuis, directrice générale de l’Andra parle élégamment de "100 hectares d’implantations de surface, liées à la gestion des colis radioactifs "
Cela veut dire aussi :

  • arrivée massive de colis radioactifs (240 000 déjà évoqués) qui emprunteront les routes et traverseront les communes.
  • une première poubelle nucléaire à l’air libre, pour ces milliers de colis extrêmement dangereux, à côté des forêts, des cultures, des villages... en attendant leur descente à 500 m sous terre.
  • impact environnemental difficilement mesurable de ce stockage de surface, dont la durée pour certains colis excédera sans doute les 2 ans annoncés.

Mme Dupuis ne s’engage pas trop : "Une zone interdépartementale, dont les contours restent à préciser"
En effet tout en Meuse ? Ou en Meuse et un peu en Haute-Marne ? Intérêt géographique ou intérêt politique ?
Attention cela changerait tout, car une implantation même peu conséquente des zones d’accès au stockage (descenderie) en Haute-Marne signifie poursuite du versement des fonds du GIP [1] alors que ce département n’est pas concerné par l’installation souterraine. A ce jour, 30 Millions d’euros pour chaque département. Cela coûterait donc deux fois plus cher au contribuable.

Mme Dupuis parle de tout, sauf de l’essentiel : les incertitudes graves qui pèsent sur l’enfouissement nucléaire
Elle évoque un calendrier tendu, mais le délai pour enfouir de 2025, imposé par l’Etat, et depuis peu par l’Europe à tous les pays nucléarisés, est inflexible.
Pourtant, la multitude de données collectées n’augurent pas de la fiabililté du projet d’enfouir... Le récent rapport de l’organisme indépendant américain lEER [2] pointe l’’optimisme excessif des interprétations de ces données par l’Andra. Ainsi que ses lacunes dans des domaines essentiels tels que sismicité, homogénéité de la roche, impact de la chaleur des déchets, endommagement du creusement etc. Il reste seulement 4/5 ans avant le lancement des travaux de construction du centre.

Mme Dupuis prépare les conditions d’un débat "d’acceptation publique"
L’Andra en faisant valoir "800 emplois", appâte les élus locaux. On sait pourtant qu’ils ne seront pas le gage d’un réel développement du territoire, d’autant plus que la plupart de ces emplois, vu la spécificité technique des missions, risque fort de ne pas correspondre à une embauche locale.
L’Andra, en bichonnant le "look" de la future poubelle nucléaire via les "insertion paysagère, architecture, réseaux concessionnaires", travaille activement à l’acceptation du projet par une population à laquelle on ne parlera toujours pas du fond du problème.
Il s’agit pourtant de condamner tout un territoire, parce que la vie au-dessus de 100 km de galeries potentiellement fracturables et bourrées de matières nucléaires est tout simplement incompatible.

[1GIP : Groupement d’Intérêt Public, chargé de verser les fonds financiers au département

[2Synthèse courte et rapport de l’IEER sur http://www.clis-bure.com/