SI TOUTES les incertitudes sont loin d’avoir été levées sur le projet de stockage en profondeur des déchets nucléaires, une chose est sûre : la guerre de communication à laquelle se livrent l’Andra et les opposants de la coordination Bure Stop n’est pas prête de s’arrêter.

Hier, lors de sa journée « portes ouvertes », l’Andra a multiplié les points d’information « pour sortir des idées reçues », comme le stipule sa plaquette largement diffusée.

Au même moment, postés à l’entrée du centre technique, une vingtaine d’opposants distribuaient au public un petit dépliant (mêmes couleurs gris et jaune sur papier glacé) « pour sortir des fausses vérités ».

« On n’a pas les mêmes moyens qu’eux mais on se débrouille », reconnaît Corinne François.

Le pot de terre contre le pot de fer, ça fait vingt ans que ça dure.

« On découvre aujourd’hui qu’il y aura, non seulement un centre d’enfouissement mais aussi une installation nucléaire de base en surface qui servira à conditionner les déchets les plus toxiques avant leur descente. Avec tous les risques de contamination que cela induit sans parler de ceux liés à leur transport ».

L’Andra démine : « Ce sera une zone tampon d’entreposage. Les colis arriveront déjà conditionnés des usines de La Hague, Marcoule et Cadarache ».

Selon les projections de l’Andra, les galeries souterraines devraient accueillir, pendant un siècle (avant la fermeture définitive du centre) 100.000 m³ de déchets (froids) à moyenne activité et 10.000 m³ de déchets (chauds) à très haute activité, certains radionucléides ayant une durée de vie avoisinant le million d’années.

Autant dire que la préservation de la mémoire du site ne pèse pas lourd.

Nonobstant, l’Andra affirme être confiante dans ses simulations pour garantir une étanchéité de la couche d’argile à cette échelle de temps. Une prouesse scientifique bien évidemment mise en doute par les opposants, qui redoutent « la migration de la radioactivité dans les eaux souterraines et vers la surface ».

Ils pointent aussi du doigt une nouvelle directive européenne qui autoriserait des accords entre États pour stocker les déchets étrangers. À Bure ?

« La loi française nous l’interdit », tente de rassurer Marie-Claude Dupuis, directrice de l’Andra. « Et ce centre de stockage est un bien rare qu’il nous faut économiser pour pouvoir accueillir les déchets de nos propres centrales ».

Gérard BONNEAU