30 juin 2009 à Pars-lès-Chavanges. Une première et douloureuse réunion publique qui en appelait d’autres parfois plus véhémentes

Aube- C’est un fiasco qui a laissé des traces… et dont il faut désormais tirer les conséquences. En juin 2008, le gouvernement confie à l’Andra la mission de lancer un appel à candidatures auprès des collectivités locales pour accueillir un centre de stockage de déchets radioactifs à vie longue, les fameux FA-VL. Dans l’Aube, une dizaine de communes sont intéressées. Le temps presse ; on en parle depuis 1993 et le futur centre doit entrer en exploitation en 2019. Pars-lès-Chavanges et Auxon sont favorables mais les élus sont pris à partie, voire menacés de mort. Ils jettent l’éponge. Le projet est enfoui.
En 2010, le haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire s’auto-saisit de cette affaire et met en place un groupe de travail chargé de tirer les conclusions de cet épisode douloureux. Hier soir, le rapport a été rendu public (www.hctisn.fr).

Des erreurs…

Le haut comité reproche à l’État de ne pas s’être suffisamment impliqué dans le processus de recherche et aux différents acteurs locaux de n’avoir pas suffisamment communiqué : « L’échelon local n’était pas adapté », « le territoire et le contexte local ont été mal appréhendés », « le dialogue avec la population concernée a été inexistant »…
Les producteurs de déchets « souhaitent qu’une solution rapide et durable soit trouvée ». L’autorité de sûreté nucléaire (ASN) juge que « le stockage FA-VL est absolument nécessaire » et fustige le fait que « l’implication de l’État a été trop faible. Le gouvernement doit prendre position clairement au niveau national. C’est à l’État de décider ».
L’Andra se défend d’avoir voulu respecter un calendrier « de fait très serré, mais les délais étaient imposés par la loi ».

et des recommandations

Le rapport n’est tendre ni avec les uns, ni avec les autres et recommande un certain nombre de mesures pour mener à bien la prochaine recherche. « Un nombre restreint de territoires doit être sélectionné par l’État sur recommandation de l’Andra », préconise le rapport. On ne parlerait plus aujourd’hui des 3 115 communes du départ mais des quarante communes qui s’étaient déclarées favorables en octobre 2008.
« Le choix des territoires accueillant déjà des installations nucléaires doit être privilégié », poursuit le rapport. Or, sur les quarante sites retenus, les seules « installations nucléaires » se trouvent… dans le Soulainois.
Par ailleurs, fortement critiqué lors de la précédente tentative, « l’État doit afficher le caractère d’utilité publique et de service rendu à la Nation ». Il est également recommandé de dépasser l’échelle communale pour, « a minima », privilégier l’échelon intercommunal avec le soutien des grandes collectivités.

Pas avant fin 2012

Enfin, recommandation est faite de mettre en avant la communication et la concertation et bien préciser que « les mesures d’accompagnement doivent être équitablement réparties entre les communes situées à proximité du site d’implantation ; les frontières administratives ne doivent constituer aucun obstacle ». En clair, les retombées d’un tel projet concerneraient un vaste territoire.
Pour l’heure, il ne s’agit que de « recommandations » que l’Andra devrait reprendre dans son rapport final qu’elle remettra à l’État fin 2012. « Nous allons reproposer un projet industriel, une démarche industrielle et un nouveau calendrier », nous a confié hier soir la directrice générale de l’Andra, Marie-Claude Dupuis, sans commenter plus avant les conclusions du rapport.

Willy BILLIARD