Loi n° 91-1381 du 30/12/91 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs

Texte abrogé et codifié par l’ordonnance n° 2000-914 du 18 septembre 2000 (JO du 21 septembre 2000)

Article 1er de la loi du 30 décembre 1991

Codifié à l’article L 542-1 du code de l’environnement
La gestion des déchets radioactifs à haute activité et à vie longue doit être assurée dans le respect de la protection de la nature, de l’environnement et de la santé, en prenant en considération les droits des générations futures.

Article 2 de la loi du 30 décembre 1991
Abrogé par l’ordonnance n° 2000-914 du 18 septembre 2000
Il est inséré, après l’article 3 de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement, un article 3-1 ainsi rédigé :

"Article 3-1 .

- Le stockage souterrain en couches géologiques profondes de produits dangereux, de quelque nature qu’ils soient, est soumis à autorisation administrative. Cette autorisation ne peut être accordée ou prolongée que pour une durée limitée et peut en conséquence prévoir les conditions de réversibilité du stockage. Les produits doivent être retirés à l’expiration de l’autorisation.

Les conditions et garanties selon lesquelles certaines autorisations peuvent être accordées ou prolongées pour une durée illimitée, par dérogation aux dispositions de l’alinéa précédent, seront définies dans une loi ultérieure.".

Article 3 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-2 du code de l’environnement

Le stockage en France de déchets radioactifs importés, même si leur retraitement a été effectué sur le territoire national, est interdit au-delà des délais techniques imposés par le retraitement.

Article 4 de la loi du 30 décembre 1991

Codifié à l’article L 542-3 du code de l’environnement
Le Gouvernement adresse chaque année au Parlement un rapport faisant état de l’avancement des recherches sur la gestion des déchets radioactifs à haute activité et à vie longue et des travaux qui sont menés simultanément pour :

”¢la recherche de solutions permettant la séparation et la transmutation des éléments radioactifs à vie longue présents dans ces déchets ;
”¢l’étude des possibilités de stockage réversible ou irréversible dans les formations géologiques profondes, notamment grâce à la réalisation de laboratoires souterrains ;
”¢l’étude de procédés de conditionnement et d’entreposage de longue durée en surface de ces déchets.
Ce rapport fait également état des recherches et des réalisations effectuées à l’étranger.

A l’issue d’une période qui ne pourra excéder quinze ans à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement adressera au Parlement un rapport global d’évaluation de ces recherches accompagné d’un projet de loi autorisant, le cas échéant, la création d’un centre de stockage des déchets radioactifs à haute activité et à vie longue et fixant le régime des servitudes et des sujétions afférentes à ce centre.

Le Parlement saisit de ces rapports l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.

Ces rapports sont rendus publics.

Ils sont établis par une commission nationale d’évaluation, composée de :

”¢six personnalités qualifiées, dont au moins deux experts internationaux, désignées, à parité, par l’Assemblée nationale et par le Sénat, sur proposition de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques ;
”¢deux personnalités qualifiées désignées par le Gouvernement, sur proposition du Conseil supérieur de la sûreté et de l’information nucléaires ;
”¢quatre experts scientifiques désignés par le Gouvernement, sur proposition de l’Académie des sciences.

Article 5 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-4 du code de l’environnement

Les conditions dans lesquelles sont mis en place et exploités les laboratoires souterrains destinés à étudier les formations géologiques profondes où seraient susceptibles d’être stockés ou entreposés les déchets radioactifs à haute activité et à vie longue sont déterminées par les articles 6 à 12 ci-dessous.

Article 6 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-5 du code de l’environnement

Tout projet d’installation d’un laboratoire souterrain donne lieu, avant tout engagement des travaux de recherche préliminaires, à une concertation avec les élus et les populations des sites concernés, dans des conditions fixées par décret.

Article 7 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-6 du code de l’environnement

Les travaux de recherche préalables à l’installation des laboratoires sont exécutés dans les conditions prévues par la loi du 29 décembre 1982 sur les dommages causés à la propriété privée par l’exécution des travaux publics.

Article 8 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-7 du code de l’environnement

Sans préjudice de l’application de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement, l’installation et l’exploitation d’un laboratoire souterrain sont subordonnées à une autorisation accordée par décret en Conseil d’Etat, après étude d’impact, avis des conseils municipaux, des conseils généraux et des conseils régionaux intéressés et après enquête publique organisée selon les modalités prévues par la loi n° 83-630 du 12 juillet 1983 relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de l’environnement.

Cette autorisation est assortie d’un cahier des charges.

Le demandeur d’une telle autorisation doit posséder les capacités techniques et financières nécessaires pour mener à bien de telles opérations.

Article 9 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-8 du code de l’environnement

L’autorisation confère à son titulaire, à l’intérieur d’un périmètre défini par le décret constitutif, le droit exclusif de procéder à des travaux en surface et en sous-sol et celui de disposer des matériaux extraits à l’occasion de ces travaux.

Les propriétaires des terrains situés à l’intérieur de ce périmètre sont indemnisés soit par accord amiable avec le titulaire de l’autorisation, soit comme en matière d’expropriation.

Il peut être procédé, au profit du titulaire de l’autorisation, à l’expropriation pour cause d’utilité publique de tout ou partie de ces terrains.

Article 10 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-9 du code de l’environnement

Le décret d’autorisation institue en outre, à l’extérieur du périmètre mentionné à l’article précédent, un périmètre de protection dans lequel l’autorité administrative peut interdire ou réglementer les travaux ou les activités qui seraient de nature à compromettre, sur le plan technique, l’installation ou le fonctionnement du laboratoire.

Article 11 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-10 du code de l’environnement

Des sources radioactives peuvent être temporairement utilisées dans ces laboratoires souterrains en vue de l’expérimentation.

Dans ces laboratoires, l’entreposage ou le stockage des déchets radioactifs est interdit.

Article 12 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-11 du code de l’environnement

Un groupement d’intérêt public peut être constitué, dans les conditions prévues par l’article 21 de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982 d’orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France, en vue de mener des actions d’accompagnement et de gérer des équipements de nature à favoriser et à faciliter l’installation et l’exploitation de chaque laboratoire.

Outre l’Etat et le titulaire de l’autorisation prévue à l’article 8, la région et le département où est situé le puits principal d’accès au laboratoire, les communes dont une partie du territoire est à moins de dix kilomètres de ce puits, ainsi que tout organisme de coopération intercommunale dont l’objectif est de favoriser le développement économique de la zone concernée, peuvent adhérer de plein droit à ce groupement.

Article 13 de la loi du 30 décembre 1991

Il est créé, sous le nom d’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, un établissement public industriel et commercial, placé sous la tutelle des ministres de l’industrie, de la recherche et de l’environnement.

Cette agence est chargée des opérations de gestion à long terme des déchets radioactifs, et notamment :

”¢en coopération notamment avec le Commissariat à l’énergie atomique, de participer à la définition et de contribuer aux programmes de recherche et de développement concernant la gestion à long terme des déchets radioactifs ;
”¢d’assurer la gestion des centres de stockage à long terme soit directement, soit par l’intermédiaire de tiers agissant pour son compte ;
”¢de concevoir, d’implanter et de réaliser les nouveaux centres de stockage compte tenu des perspectives à long terme de production et de gestion des déchets et d’effectuer toutes études nécessaires à cette fin, notamment la réalisation et l’exploitation de laboratoires souterrains destinés à l’étude des formations géologiques profondes ;
”¢de définir, en conformité avec les règles de sûreté, des spécifications de conditionnement et de stockage des déchets radioactifs ;
”¢de répertorier l’état et la localisation de tous les déchets radioactifs se trouvant sur le territoire national. (1)
(1) Article abrogé et codifié à l’article L. 542-12. L’abrogation des termes "placé sous la tutelle des ministres de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement" ne prendra effet qu’à compter de la date d’entrée en vigueur de la partie réglementaire du Code de l’environnement (art. 5-II de l’ordonnance).

Article 14 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-13 du code de l’environnement

Il est créé, sur le site de chaque laboratoire souterrain, un comité local d’information et de suivi.

Ce comité comprend notamment des représentants de l’Etat, deux députés et deux sénateurs désignés par leur assemblée respective, des élus des collectivités territoriales consultées à l’occasion de l’enquête publique, des membres des associations de protection de l’environnement, des syndicats agricoles, des représentants des organisations professionnelles et des représentants des personnels liés au site ainsi que le titulaire de l’autorisation.

Ce comité est composé pour moitié au moins d’élus des collectivités territoriales consultées à l’occasion de l’enquête publique. Il est présidé par le préfet du département où est implanté le laboratoire.

Le comité se réunit au moins deux fois par an. Il est informé des objectifs du programme, de la nature des travaux et des résultats obtenus. Il peut saisir la commission nationale d’évaluation visée à l’article 4.

Le comité est consulté sur toutes questions relatives au fonctionnement du laboratoire ayant des incidences sur l’environnement et le voisinage. Il peut faire procéder à des auditions ou des contre-expertises par des laboratoires agréés.

Les frais d’établissement et le fonctionnement du comité local d’information et de suivi sont pris en charge par le groupement prévu à l’article 12.

Article 15 de la loi du 30 décembre 1991
Codifié à l’article L 542-14 du code de l’environnement

Un décret en Conseil d’Etat fixe en tant que de besoin les modalités d’application de la présente loi.