Les dangers de la radioactivité
Conseiller scientifique de l’ACRO (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest) et maître de conférences en biologie cellulaire, Pierre Barbey est un spécialiste de radio-protection. Il a répondu à nos questions sur la radioactivité et ses dangers.
Qu’est-ce que la radioactivité ?
Ce sont des atomes instables qui se désintègrent. Et en se désintégrant, ils émettent des radiations plus ou moins pénétrantes. Certains de ces éléments sont très dangereux comme par exemple le strontium 90 qui agit dans le corps comme le calcium : il se fixe sur les os et provoque des leucémies. L’iode, lui, se fixe dans la glande thyroïde. C’est pourquoi l’une des mesures de prévention est de distribuer des pastilles d’iodure de potassium pour saturer la thyroïde et empêcher que l’iode radioactif soit capté par la glande.
Comment la mesure-t-on ?
Quand on quantifie la radioactivité, on l’exprime en becquerel. Une désintégration par seconde, ça fait un becquerel. Ces rayonnements, quand ils vous touchent, provoquent des dégâts dans les cellules. Ces dégâts biologiques, on les quantifie avec une unité de risque qui s’appelle le Sievert. C’est la notion de dose biologique que l’on reçoit.
À partir de quelle dose y a-t-il danger ?
Les radiations en grandes quantités détruisent des cellules et des tissus. Ça se traduit, par exemple, par des brûlures. Quand les radiations sont beaucoup plus faibles, il se produit des anomalies discrètes dans la cellule, sous la forme de mutations. Ces mutations sont surtout importantes quand elles touchent le génome. Si les cellules sexuelles sont atteintes, cela peut provoquer des anomalies génétiques dans la descendance. Si ce sont des cellules somatiques qui sont touchées, cela peut entraîner un processus cancérigène.
Y a-t-il des populations plus fragiles que d’autres ?
Un homme qui n’a pas du tout de pathologie, dans la force de l’âge, sera beaucoup plus résistant qu’un vieillard et surtout qu’un enfant. Les populations à protéger sont surtout les enfants et les femmes enceintes. L’embryon est le tissu le plus sensible aux radiations.
À partir de quelle dose y a-t-il risque de cancer ?
Il y a encore vingt ans, on considérait qu’il y avait un seuil d’innocuité. Aujourd’hui, ce n’est plus la vision de la plupart des scientifiques. Toute exposition est susceptible en termes de probabilité de développer un cancer sachant que plus la dose est faible, plus le risque est faible.
Comment se protéger ?
Si on veut éviter l’exposition, le mieux est de rester confiné le temps de passage du nuage. Mais ce n’est jamais très simple. La radioactivité n’a pas d’odeur, ça ne se voit pas.
Pourrait-on la retrouver dans les aliments ?
Si on arrivait à une situation de type Tchernobyl, on aurait les mêmes effets. La radioactivité à un moment donné retombe. Ça dépend beaucoup des conditions météorologiques. La pluie entraîne les particules vers le sol. C’est comme ça que l’on a eu en France des taches de contamination au césium 137 dans les Alpes.
16 mars 2011 / Propos recueillis par Yvon Corre