2011 - SERBIE : Ouverture d’un site de stockage de déchets nucléaires
Source : Affaires Stratégiques /
10/11/2011
Un hangar de stockage de déchets radioactifs a été ouvert début novembre à vingt kilomètres de Belgrade, capitale de plus d’un million et demi d’habitants. Cette construction a débuté il y a quatre ans. Elle fut soutenue par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et par les États-Unis, en raison de la vétusté des anciens hangars et du risque potentiel de saisie des matériaux radioactifs par des terroristes. La population de Belgrade est inquiète quant à l’utilisation de ce site. Les Verts somment les autorités de rendre publique les répercussions environnementales de cette installation, ainsi que les mesures préventives en cas d’incident.
Le site de Vinca, situé à vingt kilomètres de la capitale Belgrade, va accueillir le plus grand et le plus moderne entrepôt de déchets radioactifs en Europe. Le centre de Vinca a été fondé en 1948 et fut le centre du programme nucléaire de la Yougoslavie sous Tito. Les soixante-dix hectares de l’ancien Institut des sciences nucléaires de Vinca sont désormais la propriété de l’entreprise d’Etat, nommée « Entrepôts nucléaires de Serbie ». Les capacités de stockage sont considérables : 8600 tonneaux de 200 litres soit 1700 m3 de déchets radioactifs.
La construction de ce nouvel hangar a commencé en 2007, après que l’AIEA ait classé en 2006 le site de Vinca comme l’un des plus dangereux au monde, en raison de la menace de pollution et de la cible qu’il représentait pour des terroristes. Le 19 novembre 2010, un convoi de quinze camions transportant 2.5 tonnes de déchets radioactifs avait démarré de Vinca, pour se rendre au centre de retraitement de Maïak, localisé au Sud-Ouest de la Russie un mois plus tard. Ce convoi avait été escorté par des hélicoptères et plus de 250 véhicules de polices. Le combustible nucléaire transporté avait été fourni à la Yougoslavie par l’URSS dans les années 1980. La Serbie avait pris en charge 60% du coût du transport et les 40% restant, correspondant à 48 millions d’euros, furent à la charge de la communauté internationale. Le transport avait été supervisé par l’AIEA. « En ayant effectué ce transport, la Serbie se retire de la liste des pays potentiellement visés par le terrorisme nucléaire », avait déclaré à l’époque le Premier ministre serbe Bozidar Djelic sur RTS. Le président serbe Boris Tacik avait affirmé que « ces déchets représentaient un fort risque, non seulement pour la sécurité de la Serbie mais également pour toute la région ». Le carnet de route avait été tenu au secret d’État jusqu’à l’arrivée du convoi. La production annuelle serbe est estimée à des dizaines, voire des centaines de m3 de déchets nucléaires provenant des institutions médicales, des organisations de recherches scientifiques et des industries. Ces déchets pourraient permettre la fabrication d’une bombe sale, d’où la nécessité d’un nouvel hangar, pour assurer la sécurité de Belgrade et de la Serbie en cas de vol des nouveaux déchets depuis 2010.
La population de Belgrade, craignant que Vinca ne devienne un site de stockage des déchets étrangers, a été rassurée par le directeur des Entrepôts nucléaires de Serbie. Une telle option serait contraire à l’article 2 de la loi sur la sécurité nucléaire : « L’importation de déchets radioactifs et de carburants nucléaires usagés étrangers est interdite sur le territoire de la Serbie », a-t-il déclaré. Les autorités ont affirmé que toutes les mesures de sécurité ont été prises. Les Verts de Serbie ont immédiatement réagi suite à leur réunion du 5 novembre 2011. Ils ont souligné l’ironie du fait que la Serbie n’a aucun réacteur nucléaire et doit pourtant héberger ce type de hangar. Ils ont sommé les autorités de révéler publiquement quels seraient les impacts sur l’environnement d’un tel dispositif et de connaître les mesures de protection en cas d’incident.