Source : Le Nouvel Obs
Fin du périple des derniers déchets nucléaires allemands venus de France

"Fin du périple des derniers déchets nucléaires allemands venus de France"

Le dernier convoi de déchets nucléaires allemands en provenance de France a achevé son périple lundi en début de soirée, atteignant le site de stockage allemand de Gorleben (nord).

Partis mercredi de Valognes (ouest de la France), ils auront mis plus de cinq jours entiers pour faire les 1.200 km du voyage, ce qui en fait le plus lent des 13 convois organisés depuis 1995.

Les onze conteneurs blancs de type Castor (Cask for storage of radioactive waste), avec chacun 28 tonnes de déchets vitrifiés hautement radioactifs retraités à l’usine de La Hague, transportés sur des camions sous forte escorte policière, ont franchi les grilles du site.

Plus de trois heures avant leur arrivée, la police avait entamé l’évacuation de 1.800 militants antinucléaires qui occupaient la route menant à l’ancienne mine de sel reconvertie en site de stockage temporaire des déchets radioactifs.
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Cette opération policière avait donné lieu à des scènes assez violentes, les forces de l’ordre ayant eu recours à des canons à eau et à des policiers à cheval qui n’ont pas hésité à charger les manifestants.

L’association écologiste X Tausendmalquer a évalué à 60 le nombre des victimes d’ecchymoses, et à cinq le nombre de celles de fractures présumées parmi les manifestants écartés de la route sans ménagement.

Des milliers d’opposants au nucléaire se sont mobilisés au cours des quatre jours de présence du convoi de "castors" en Allemagne, dont 23.000 présents au grand rassemblement de samedi à Dannenberg (8.000 selon la police)

Avant l’évacuation de lundi soir, les services de soins mis en place par les organisateurs des actions de protestation avaient dénombré au moins 321 blessés dont quatre graves, évoquant des irritations dues au gaz lacrymogène, des contusions, des traumatismes crâniens, des fractures et même des morsures de chiens policiers.

La police n’avait pas communiqué ses propres comptages lundi soir. Elle a également refusé de chiffrer le coût du dispositif mis en place pour sécuriser le convoi, qui avait été évalué l’an dernier à 35 millions d’euros par des syndicats de policiers.

Ce convoi est le dernier de ce type en provenance de La Hague (France).

Entre 2014 et 2017, l’Allemagne devrait encore rapatrier 21 conteneurs de déchets moyennement radioactifs qui seront envoyés de Sellafield (Grande-Bretagne).

La palme de la lenteur était jusqu’ici détenue par le précédent convoi parti de La Hague : 92 heures en 2010, année au cours de laquelle la mobilisation avait été particulièrement forte. Pas moins de 50.000 militants avaient tenu tête aux 20.000 policiers mobilisés, quelques semaines après l’annonce par le gouvernement allemand d’une prolongation de douze ans en moyenne de la durée de vie des réacteurs nucléaires.

La chancelière Angela Merkel a depuis fait marche arrière et annoncé la fin du nucléaire en Allemagne pour 2022, après la catastrophe survenue à la centrale nucléaire japonaise de Fukushima. Mais les opposants réclament une sortie plus rapide et une solution définitive pour le stockage des déchets les plus dangereux.

Ils jugent que le site de Gorleben est inadapté et accusent les autorités de minorer les mesures de radioactivité dans la région.

Si les opposants ont été un peu moins nombreux cette année que l’an passé, pour un nombre de policiers également moindre -évalué à 19.000-, ils ont fait preuve d’une grande détermination.