Déchets nucléaires au Bugey : pourquoi ils n’en veulent pas
Il s’appelle Iceda pour “Installation de Conditionnement et d’Entreposage des Déchets Activés” et sa construction est déjà bien avancée sur le site de la centrale du Bugey. Même si, pour l’heure, le chantier est à l’arrêt à la suite d’une décision du tribunal administratif de Lyon : saisie par un horticulteur riverain du site nucléaire, la juridiction a annulé le permis de construire d’Iceda.
Mais pour les associations locales opposées à ce projet (dont fait partie l’AHDE, Association hiéroise de la défense de l’environnement), il ne s’agit que d’un répit. La réunion publique qu’elles organisaient mardi soir avait pour but d’informer les habitants riverains du site EDF sur ce qu’est Iceda et sur les raisons qui fondent leurs inquiétudes. Pour en parler, Roland Desbordes, président de la Criirad, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité, association indépendante des pouvoirs publics et d’EDF, initiée après la catastrophe de Tchernobyl.
Iceda, c’est quoi ?
Cette installation doit accueillir, d’ici fin 2013-début 2014, une partie des déchets issus des neuf réacteurs EDF (dont Bugey 1) en cours de déconstruction. Ces déchets ont ensuite vocation à être évacués vers le centre de stockage définitif de l’Andra (Agence nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs) qui, selon la loi, doit être ouvert à l’horizon 2025.
Pourquoi s’y opposer
o Les rejets radioactifs. Pour Roland Desbordes, les seuils autorisés en France datent de plus de trente ans et fixent des limites de rejets très élevées. Pour la Criirad, les arrêtés ministériels ressemblent plus à « des permis de polluer qu’à des limites réglementaires ». Or, le site d’Iceda, selon l’association, engendrera forcément des rejets supplémentaires. o Le transport de matières dangereuses pour amener les déchets à Iceda puis pour les faire repartir. o La proximité du Rhône avec le Bugey, qui implique des risques d’inondation, notamment si un barrage hydroélectrique en amont venait à se rompre (en cas de séisme). o La crainte que le stockage temporaire se prolonge, puisque pour l’heure, il n’existe pas de site de stockage définitif pour ce type de déchets. o Les risques liés à la déconstruction d’une installation nucléaire. o Le coût d’une telle installation et de la prise en charge, sur de très longues durées, des déchets nucléaires.
Les actions engagées
Sept associations ont engagé un recours commun pour s’opposer au projet Iceda devant le Conseil d’État, afin d’obtenir l’annulation du décret
autorisant EDF à créer cette installation à Saint-Vulbas.
En outre, la Criirad demande que des études approfondies soient effectuées et publiées sur les différentes options en matière de démantèlement des installations nucléaires en France.
HIERES-SUR-AMBY/ENVIRONNEMENT