CHRISTIAN BATAILLE, député

RAPPORT BATAILLE n° 1839/Assemblée Nationale - décembre 1990 - Page 36
"Comment se débarrasser définitivement et en toute sécurité des déchets nucléaires à haute activité ?
"Votre Rapporteur a eu l’occasion de visiter la mine de sel de ASSE en Allemagne. Dans cette ancienne mine de sel où ont été au début entreposés des déchets nucléaires à faible et moyenne activité sont aujourd’hui conduites des expériences sur le comportement des formations salifères au contact des déchets à haute activité.(...)
Les visiteurs de la min de Asse ne manquent pas d’être impressionnés par ce site et ne particulier par la totale absence d’humidité dans les galeries et par le parfait état de conservation des fûts de déchets à faible activité entreposés depuis 1967.
A moins de cataclysme géologiques bouleversant toute l’écorce terrestre, on ne voit pas comment la radioactivité pourrait, en l’absence de toute circulation d’eau, remonter à la surface même après une très longue période.

Toutefois le choix du sel comme lieu de stockage présenterait un grave inconvénient. Cette roche est un minerai qui pourrait avoir dans l’avenir un intérêt économique. Il faudrait donc avant de choisir cette roche, réfléchir sérieusement aux moyens d’interdire les intrusions humaines."

Note de la rédaction : quand on sait les problèmes énormes relatifs à la mine d’Asse dévoilés en 2008... La déformation des galeries, soumises à la pression des roches atteint une telle extension que le sel sous tension perd peu à peu sa cohésion. La mine d’Asse est spécialement menacée par l’eau parce que la barrière de sel n’est parfois que de quelques mètres. Le 11 juin 2008, le Braunschweiger Zeitung rapporte que de la potasse dans Asse est contaminée avec du césium-137.
Le danger de telles entrées d’eau avait déjà été souligné en 1979 dans une étude critique

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Monique Sené

Physicienne nucléaire et présidente du Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN)
Source : www.delaplanete.org / No 5 novembre 2002

Le stockage profond est prématuré : on n’aura pas le temps d’obtenir des résultats scientifiques valables d’ici 2006. Une bonne politique des déchets consiste à gérer l’actuel en se donnant des rendez vous à court terme. Mieux vaut assurer un suivi régulier qu’enfouir et oublier. Mieux vaut, aussi, ne pas sous-estimer les risques.
Une quarantaine d’études ont été réalisées aux Etats-Unis sur la migration du plutonium, les résultats ont été désastreux. Désastreux à l’image des estimations du temps de parcours du plutonium jusqu’à vla nappe phréatique de Snake River Plain, dans le Nord-Ouest des Etats-Unis. Etabli à 80 000 ans en 1965, il a été rabaissé en 1997 à... 30 ans. Inquiétant quand on sait que le plutonium est contenu dans les déchets C, futurs candidats à l’enfouissement à Bure. Et que le site est situé juste au-dessus de la nappe phréatique qui s’étend jusqu’au Bassin parisien. L’incertitude est de taille. D’autant que l’argile n’est pas imperméable. Une argile qui, de l’aveu même de l’ANDRA, a un rôle " tout à fait insignifiant " dans la rétention des radionucléides fissiogéniques...

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Arjun MAKHIJANI

Physicien nucléaire directeur de l’Institut de Recherche sur l’Energie et l’Environnement (IEER) (conférence de Bar le Duc, 27 juillet 2000)

" L’enfouissement n’est pas fiable pour piéger la radioactivité. Des essais ont déjà été réalisés aux Etats Unis : on pensait que les déchets serait piégés par les argiles pendant 200 000 ans… En fait, ces déchets ont migrés en 20 ans dans la nappe phréatique située à 5 mètres en dessous… "
"C’est de la fausse science ! Il faut revenir à la science de base, c’est-à-dire poser le problème des déchets en tenant compte des travaux déjà effectués dans les laboratoires du monde entier. Il faut arrêter les travaux de Bure parce qu’un trou ça devient politiquement très, très attirant. On ne pourra pas résister à y envoyer les déchets. Je sais aujourd’hui qu’il n’y a pas de bonne solution. La transmutation n’est pas applicable aux déchets en grande quantité et l’enfouissement n’ est pas fiable pour piéger la radioactivité, il faut alors opter pour le " moins pire" : le stockage des déchets sur leur lieu de production."

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Claude ALLEGRE

Président du Bureau de Recherches Géologiques et Minières.
" Cette solution n’est pas satisfaisante et l’on a raison de se mobiliser contre ces méthodes de stockage. Géologiquement parlant, le sous-sol est le plus mauvais endroit pour stocker des déchets à long terme . Pourquoi ? Il contient de l’eau qui circule et pénètre tout…. ".

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Bernard TISSOT

Président de la Commission Nationale d’Evaluation, le 19 mars 1999
" C’est contraire à la logique, quand on possède quelque chose de dangereux, on ne va pas le cacher car il faut pouvoir le surveiller et y accéder au besoin. On ne met pas n’importe quoi n’importe où. "

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