AFP - 05/11/2013
Centre de stockage nucléaire de Bure : une étude croit à un potentiel géothermique

Un potentiel géothermique conséquent existe bien à Bure (Meuse) où un centre de stockage de déchets radioactifs doit voir le jour, selon une étude d’experts suisses diffusée mardi 5 novembre, allant à l’encontre de l’avis des porteurs de ce projet contesté.
« Nous estimons qu’il est possible d’obtenir des débits du même ordre de grandeur que les débits d’exploitation obtenus en région parisienne », soit entre 100 et 400 m3/h, selon cette récente étude du cabinet privé suisse Geowatt, diffusée par des associations opposées au centre industriel de stockage géologique (Cigéo) de Bure.
Ces conclusions vont dans le sens de l’assignation en justice de l’Agence nationale pour les gestions des déchets radioactifs (Andra) fin avril par six associations opposées au projet de Bure, dont le réseau Sortir du nucléaire.

Pas de potentiel géothermique selon l’Andra - L’Andra a été assignée « en responsabilité pour faute » pour avoir « délibérément dissimulé l’intérêt de la ressource géothermique » du site, dans le but de faciliter la réalisation du projet Cigéo, selon ces associations. Car parmi les nombreux critères édictés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour le choix d’un tel site figure celui de l’absence de ressources naturelles rares, comme une ressource géothermique de caractère « exceptionnel ».

Interrogée, l’Andra a réaffirmé pour sa part mardi 5 novembre qu’il « n’existe pas de ressources géothermiques profondes exceptionnelles dans la zone étudiée pour l’implantation de Cigéo ». L’Andra a fondé son avis sur deux critères : un niveau de température « normal » à ces profondeurs et la « salinité élevée » du sous-sol.

L’étude de Geowatt, qui avait été demandée par le Comité local d’information et de suivi (CLIS) du laboratoire souterrain de Bure, va compléter le dossier d’assignation de l’Andra, a précisé Antoine Godinot, membre de Sortir du nucléaire.
Cette assignation est « toujours en gestation » au tribunal de grande instance de Nanterre, et il faudra « encore attendre plusieurs mois » pour avoir des nouvelles du juge, a-t-il ajouté. Le tribunal n’ayant pas le pouvoir de remettre en cause le projet Cigéo, il s’agit cependant essentiellement pour les associations d’obtenir une victoire « symbolique » sur l’Andra, a reconnu M. Godinot.
La mise en exploitation de Cigéo est prévue à l’horizon 2025, sous réserve de l’autorisation de l’ASN.

REPRISE DU CP de l’AFP par :
lagazettedescommunes.com
alvinet.com
decideursenregion.fr


Actu-environnement.com - 12/11/2013
Projet Cigeo : une étude fait état d’un potentiel géothermique "économiquement exploitable"


REPUBLICAIN LORRAIN - 06/11/2013
Et si la géothermie empêchait Bure ?

Une étude conclut à un fort potentiel géothermique dans le sous-sol meusien. Pour les opposants, elle est de nature à compromettre le projet Cigéo.
Désespérés par un débat public qui sombre dans la confidentialité, les opposants à l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure tiennent une nouvelle raison d’espérer. L’étude du cabinet suisse expert en géothermie Geowatt, commandée par le Clis (Comité local d’information et de suivi) et présentée lundi soir, conclut clairement à la présence d’un potentiel géothermique dans le sous-sol meusien. Une pierre dans le jardin de l’Andra (Agence nationale de gestion des déchets nucléaires), porteur du projet.
Chargée de trouver un site pour son centre de stockage profond, l’agence se doit de respecter les critères édictés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Dont celui-ci : « Le site devra être choisi de façon à éviter des zones pouvant présenter un intérêt exceptionnel en termes de ressources souterraines. »

Potentiel minimisé
L’Andra, pour sa part, a toujours minimisé ce potentiel. Fin avril, six associations l’ont d’ailleurs assignée au TGI de Nanterre pour dissimulation délibérée de l’intérêt de la ressource géothermique du site, dans le but de faciliter la réalisation du projet. L’étude de Géowatt leur donne raison : « Nous estimons qu’il est possible d’obtenir des débits du même ordre de grandeur que ceux obtenus en région parisienne », assure l’expert. Soit entre 100 et 400 m3/h. Et donc très loin des 5 m3/h évoqués par l’Andra. Et Geowatt d’enfoncer le clou : « Les ressources géothermiques […] dans la région de Bure peuvent être exploitées économiquement. »

Intérêt inestimable
Il n’en fallait pas plus pour que les opposants, qui dénoncent « un énième mensonge de l’Andra », ne montent au créneau : « Il faut préserver des ressources d’un intérêt inestimable. » L’Andra, elle, persiste sur la même ligne : « Il n’existe pas de ressources géothermiques profondes exceptionnelles dans la zone étudiée pour l’implantation de Cigéo. Le cas de la géothermie est particulier, puisque ce type de ressource est présent de manière généralisée sur le globe. Le sous-sol de la région de Bure présente des ressources géothermiques mais elles ne doivent donc pas présenter de caractère exceptionnel par rapport aux ressources souterraines présentes ailleurs en France. » Elle estime aussi qu’il s’agit d’un faux problème : « Il sera toujours possible, en dehors de l’installation souterraine de Cigéo (qui pourrait être implantée dans une zone de 30 km²), d’avoir des projets de géothermie profonde. »
Philippe MARQUE.


EST REPUBLICAIN - 6/11/2013
Clis : la géothermie refait surface

Géothermie. Le mot qui fâche depuis plus d’une décennie aussi bien l’Andra que les antinucléaires a été pleinement lâché lundi soir lors de l’assemblée générale du comité local d’information et de suivi du laboratoire de Bure (Clis).

Une soirée entièrement consacrée à la géothermie au travers de la présentation de deux rapports, celui du Bureau de recherches géologiques minières (BRGM) et de Géowatt AG (cabinet d’expert foreur indépendant). Autant dire que face à un sujet aussi brûlant que la géothermie, les opposants au laboratoire de Bure étaient plus que nombreux dans la salle.

Pendant l’exposé de Romain Vernier pour le BRGM, l’assistance a commencé à voir rouge tant il a refusé de parler du potentiel géothermique lorrain, se cantonnant au bassin de Paris et à la Guadeloupe. Ce qui forcément devait amener une première question : « Et la Lorraine dans tout ça ? Il faut vous montrer des cartes, vos cartes, celles des années 80 où l’on voit le potentiel géothermique. » La conclusion du rapporteur en a laissé plus d’un pantois : « Il faudrait voir s’il y a une exploitation économique faisable pour utiliser une potentielle ressource dans le sous-sol de Bure. »

« Y a-t-il oui ou non un potentiel ? »

Devant l’insatisfaction générale, Michel Marie, porte-parole du Cedra, a enfoncé le clou et poussé le spécialiste du BRGM dans ses derniers retranchements : « Y a-t-il oui ou non un potentiel ? Si oui, il faut s’intéresser à la chose. Il y a un accord secret entre le BRGM et l’Andra, une suspicion de connivence d’où votre discours. »

En effet, le potentiel géothermique du sous-sol à cheval sur la Meuse et la Haute-Marne pourrait totalement remettre en cause le projet d’enfouissement des déchets, le cheval de bataille de toujours des anti-labo. Après avoir vu rouge, ceux-ci ont bu du petit-lait, la règle fondamentale de sûreté stipulant qu’aucun site d’enfouissement de déchets nucléaires ne peut être envisagé là où il y aurait une ressource potentielle. Le rapport présenté par Vincent Badoux, chef du département ressources de Géowatt AG apportant encore un peu plus d’eau à leur moulin contestataire en concluant : « Il y a une vraie ressource géothermique, même supérieure au bassin de Paris. » 15 ans que les opposants attendaient qu’émerge enfin cette vérité.

Au lendemain de cette grande nouvelle, plusieurs collectifs ont décidé de demander au Clis la poursuite des travaux d’investigation, la réalisation d’un nouveau forage pour caractériser précisément la ressource et l’évaluation complémentaire du potentiel géothermique du bassin permien de 2.800 mètres d’épaisseur qui existe sous la région de Bure. Ils souhaitent aussi connaître l’évaluation économique de la ressource géothermique et veulent la mise en contre-expertise par des organismes indépendants non affiliés à l’industrie nucléaire de l’ensemble des travaux de l’Andra effectués à Bure depuis l’implantation du laboratoire.

Karine DIVERSAY


LaGAzette.be + internet@lesoir.be (Avec les rédactions du Soir en ligne, du Soir, d’AFP, d’AP et de Belga)
Centre de stockage nucléaire de Bure : une étude croit à un potentiel géothermique

Un potentiel géothermique conséquent existe bien à Bure (Meuse) où un centre de stockage de déchets radioactifs doit voir le jour, selon une étude d’experts suisses diffusée mardi, allant à l’encontre de l’avis des porteurs de ce projet contesté. La mise en exploitation de Cigéo est prévue à l’horizon 2025, sous réserve de l’autorisation de l’ASN.