2007 - Eté à BURE
REVUE DE PRESSE
ACC (A Contre Courant) n° 186 - août 2007 (pages 12 et 13) - Jean FORTCHANTRE
BURE-Info
S’il existe encore des gens - oui, il en existe ! - non encore convaincus de l’énorme mensonge, de l’immense supercherie dont ont fait preuve le lobby nucléaire et les autorités politiques au sujet de Bure, qu’ils lisent donc, entendent et écoutent ce qui s’écrit et se dit chez ceux qui, eux, les opposants, font un véritable travail de fourmis pour restituer la vérité sur un sujet aussi sensible -rendu tel - du fait des risques de pollution radioactive irréversible du sous-sol meusien et haut-marnais. En collaboration étroite avec diverses associations luttant contre la prolifération du nucléaire, notamment le réseau" Sortir du Nucléaire", leurs voix et leurs actions ne sont pas sans impact et ne sont sans doute pas étrangers au résultat du sondage Eurobaromètre de février dernier dans lequel 59% des Français se prononcent pour une diminution du nucléaire.
La poubelle en construction -la seconde phase concernant les études géologiques du sous-sol devant recevoir les galeries d’entreposage va démarrer- n’est que la conséquence d’une politique énergétique axée sur la production maximale d’énergie électrique dont une part non moins maximale est destinée à l’exportation. Le créneau est porteur, comme disent les économistes : les actionnaires le savent bien qui ont les yeux rivés sur les profits espérés et sont, de ce fait, insensibles aux risques encourus pour la santé publique. Ils se sentent d’autant en force avec le réchauffement climatique de la planète provoqué par l’émission accélérée de CO2 responsable de l’effet de serre. Car, n’est-ce-pas, le nucléaire est propre ; c’est en tout cas ce qu’ont prétendu les candidats à la Présidentielle favorables à ce type d’énergie. En omettant bien entendu de parler des déchets toxiques, des coûts exorbitants d’exploitation (démantèlement des vieilles centrales, construction du nouveau réacteur EPR : plus de 3 milliards d’euros à lui seul), de l’orientation des budgets attribués à la recherche sur l’énergie : 83% pour le nucléaire, le reste pour les énergies alternatives.
Patience et longueur de temps...
Ca a été le grand principe qui a régi la politique du traitement des déchets radioactifs depuis près de vingt ans. L’argent, la désinformation, la corruption des consciences, le silence maintenu sur nombre d’inconnues -quelle imperméabilité des couches géologiques argileuses avec les failles décelées par des spécialistes indépendants et dont l’ANDRA (1) a toujours refusé de tenir compte ? - ont dicté la démarche.
Depuis le "laboratoire de recherche géologique" dont la décision de construction est l’effet direct de la loi Bataille de 1991, bien des luttes des opposants structurés en collectifs locaux regroupés eux-mêmes en coordination nationale se sont déroulées. Et pourtant, aujourd’hui, avec la seconde phase du projet, décidée par la loi de juin 2006 (2), l’ANDRA est en train de s’approprier à prix fort des terres sur 200 km2 pour y installer en profondeur sa poubelle grandeur nature.
Le référendum local demandé (plus de 50 000 signatures dans les deux départements) ayant été rejeté, les populations n’ayant jamais été consultées malgré l’engagement légal initial -quel mépris des citoyens !- l’ANDRA vient d’engager un véritable forcing pour faire passer la pilule près des habitants.
Plusieurs faits traduisent bien son intention de faire plier la population concernée :
- l’accord de partenariat signé en février dernier entre elle-même et les universités de Nancy dans le cadre de la professionnalisation de ces dernières. ll en ressort étrangement que si les travaux des étudiants ne vont pas dans le sens souhaité par I’ANDRA, ils seront censurés. De plus en impliquant les Facs de Lettres et Sciences Humaines, l’accord permet à l’Agence de se procurer les services de psycho-sociologues pour étudier le concept d’"acceptabilité" par la population, ainsi que la résistance locale (internationale ?) au projet d’enfouissement. La ficelle étant un peu grosse, nombre d’étudiants se sont constitués en collectif "Stop Andra" et propagent l’information. Ils se sont opposés à la signature.
- non seulement la Fac de Lettres devient agent de l’ANDRA -comment une structure universitaire peut-elle se fourvoyer pour des intérêts particuliers : c’est avant l’heure l’application de la future réforme des universités voulue par Sarko-Fillon- mais le gestionnaire de la future poubelle recrute une personne Bac+5 "ayant l’expérience de l’insertion de projets sensibles touchant à l’environnement... et dont la mission consistera à faciliter ’le choix du futur site de stockage, l’acceptabilité et l’implantation du stockage souterrain" (souligné par nous).
- après le versant psycho-sociologique, le versant financier. La manne est intarissable pour les "primes à la future contamination" (20 millions d ’euros par an pour le GIP (1), cadeaux d’EDF pour l’isolation et l’équipement en système d’énergie renouvelable des habitations des particuliers).
- pour tenter de faire croire qu’elle n’est pas que pro-nucléaire, AREVA (1) implante dans la région quelques éoliennes : un blanchiment de pollution à venir en quelque sorte.
- pour finir, la création d’emplois : EDF en a promis1 000. Une illusion de plus. Ne dit-on pas que des sous-traitants de Bure sont fortement incités à s’installer en 55 et 52, et que des entreprises de ces départements envisageant d’aller ailleurs sont priées de rester sur place ?
Face à ce déploiement de moyens pour "coloniser" l’environnement social de Bure, les opposants à l’enfouissement refusent de baisser les bras. La Maison de la Résistance en plein centre du village de Bure, siège de l’association BZL (Bure Zone Libre) tout en poursuivant sa restauration, est fortement engagée dans toutes les actions et milite pour les énergies alternatives, la plupart du temps en collaboration avec les collectifs Bure-Stop, la Coordination nationale, le collectif des Elus opposés à l’enfouissement.
L’été 2007 sera différent des deux précédents. Les 21 et 22 août, deux jours de formation à la non-violence à la Maison de la Résistance, suivie d’une semaine d’actions.
Marches de protestation
Le dimanche 26 août, marches de protestation. Deux trajets sont prévus : l’un, de 15 km, partant de Couvertpuis à 10h 30, repas tiré du sac à prévoir, l’autre, plus court, de longueur 10 km, partira de Biencourt-sur-Orge à 14 h. Le deuxième trajet correspond à la fin du premier : ainsi les marcheurs des deux itinéraires seront ensemble à partir de Biencourt-sur-Orge jusqu’à l’arrivée à Bure. La soirée se conclura en musique. Alors si le coeur vous en dit...
[lnfos tirées essentiellement du bulletin (avril 07) des collectifs Bure-Stop et de la Coordination www.burestop.org Tél 03 25 04 91 41]
(1) ANDRA = Agence Nationale de gestion des Déchets Radioactifs
GlP = Groupement d’intérêt Public. Il est financé par la taxe additionnelle à la taxe sur les INB (Installations Nucléaires de Base), entendez par là, pour Bure, le centre de stockage.
AREVA= c’est le constructeur des centrales nucléaires. Il construit actuellement un centre d’archivage à quelques km de Bure. On se demande pourquoi !
(2) Une pétition court encore jusqu’à l’automne pour exiger l’abrogation de cette loi sur les déchets radioactifs, ainsi que celle de la loi sur la transparence et la sécurité en matière nucléaire (13 juin 2006) véritable mascarade où les protagonistes sont à la fois juge et partie. On peut se la procurer à la Coordination nationale BP 17, 52101 Saint-Dizier Cédex ou à la CRIIRAD, 471 Av. V.Hugo 26000 Valence.
Journal de la Haute-Marne Pierre-Julien Prieur 22.08.07
Désobéir sans violence en dix leçons
Toute cette semaine, la maison de la résistance Bure Zone Libre est le théâtre d’un stage de formation un peu particulier. Le thème : "Actions non-violentes et déterminées dans l’esprit de "désobéissance civile". En clair, comment militer pacifiquement.
Dans un tel cadre, on croirait assister à la réunion clandestine d’un commando. Une vieille grange dans la campagne, lumière blafarde et militants qui se préparent à en découdre. Ils sont une quinzaine d’"activistes" réunis toute la semaine à la maison de la résistance Bure Zone Libre. Au Programme : formation théorique et pratique à l’action non-violente. Un stage organisé pour la première fois dans l’Est de la France.
Ce mardi après-midi, c’est "techniques corporelles de résistance à une intervention policière". Autour de Xavier Renou, l’un des fondateurs du groupe des Désobéissants, un collectif qui prône la non-violence comme moyen d’action, les stagiaires prennent tour à tour le rôle d’activistes ou de policiers tentant de les déloger. "La police doit mettre du temps à nous évacuer pour que la presse ait le temps de faire son travail, explique le formateur, car l’image compte beaucoup dans une action militante." Pour cela, plusieurs techniques : le "poids mort", qui consiste à se laisser traîner pour obliger les forces de l’ordre à intervenir à trois ou quatre, ou la "tortue", position dans laquelle les militants s’entremêlent bras et jambes pour ne pas être évacués. "Il y a d’autres méthodes, comme celle de la glu. On a déjà vu des activistes se coller les mains pour ne pas être séparés. Ou alors, on se peinturlurer le corps. Si la police tente quelque chose, ils sont couverts de peinture et comme, en général, ils doivent laver eux-mêmes leur uniforme, ils n’aiment pas beaucoup ça !"
Après la théorie, la pratique
Même s’il se déroule à Bure, le stage ne porte pas uniquement sur la lutte antinucléaire. On parle aussi fauchage d’OGM, expulsion de sans-papiers ou action anti-publicité. "On travaille plus sur Ia globalité de l’action. Tout ce qu’on va apprendre ici est applicable à tous les mouvements de résistance", précise Michel Marie du Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs de Haute-Marne (Cedra 52).
Au programme également, l’art de faire des réunions efficaces. "Dans les luttes non-violentes, l’idée, c’est de durer. Et pour ça, il faut un consensus, que chacun soit acteur de la décision", poursuit Xavier Renou. Et pour arriver à un consensus, sans perdre son temps en réunions interminables, il y a toute une gestuelle pour se faire comprendre sans prendre la parole. Le stage théorique doit se terminer ce soir, après avoir étudié notamment la philosophie de la non-violence, les aspects juridiques, la relation aux médias ou le vidéoactivisme. Ensuite, les stagiaires passeront à la pratique. Trois jours de mise en situation dans les environs de Bure. Avant de se retrouver, dimanche, pour la première Trans’Mutance, une marche à pied qui se terminera par une soirée festive. C’est aussi ça, une action non-violente.
Est Républicain Matthieu Boedec 23.08.07
Bure la non-violente
La maison de la Résistance de "Bure zone libre" a été le théâtre d’une pièce originale. Un stage de formation aux actions pacifiques et déterminées.
Des faux CRS, un faux ouvrier qu’ on "empêche de travailler", de faux médias, de faux vrais activistes. Hier et avant-hier, à Bure, tout était simulé hormis la farouche opposition au nucléaire qui de l’ensemble des protagonistes.
Tels étaient les ingrédients de la recette concoctée par l’animateur Xavier Renou, le tout arrosé d’une pluie fine.
Une représentation censée mettre en application les préceptes assimilés durant la formation. Avec un mot d’ordre : la non-violence, thème sur lequel a planché la bonne vingtaine de militants durant deux jours.
Un stage que Xavier Renou a bâti autour de trois axes : "la maîtrise de soi en toutes circonstances, comment réduire la violence éventuelle de l’adversaire et enfin, la manière monter un projet d’action pour le rendre efficace politiquement". Sans oublier le travail sur l’image, la communication et la sécurité. Car les néo-contestataires
cherchent à se débarrasser de la réputation de violence qui colle à Ia peau du militantisme. Surtout que le vandalisme nuit gravement à l’image et au crédit des différents mouvements.
Assumer ses actes
"Actuellement, c’est un moyen d’action beaucoup plus efficace" ,convient Xavier Renou. "On ne combat pas des hommes mais uniquement des politiques qui nous semblent injustes et destructrices". Et le caractère pacifique des actions s’inscrit dans une logique de responsabilisation des actions engagée. "Ainsi, on agit à visage découvert en étant prêt à aller au procès pour une juste cause".
Afin de se sensibiliser à ce type d’intervention, les stagiaires, ces "citoyens ordinaires décidés à changer les choses" ont participé à divers ateliers. Une approche juridique, pour une meilleure connaissance de leurs droits face à la police, une familiarisation avec les médias, leur principal porte-voix, une initiation de fabrication
d’objets particuliers comme le fameux "armlock", qui consiste à agréger plusieurs activistes à l’aide d’un tube percé d’une vis qu’ils empoignent. Et enfin, un exercice plus technique où furent répétées des figures comme le poids mort ou la tortue (méli-mélo de jambes) utilisées lors des blocages.
C’est face à un public cosmopolite, des anti-nucléaires, des anti-OGM et des militants combattant les extractions d’uranium en Afrique, que Xavier Renou a dispensé
ses conseils.
Mauvais point pour les policiers
Un auditoire dont la pyramide des âges oscillait entre 20 et 73 ans. Guy Wanderpepen, le doyen venu du Nord, qui se définit comme "faucheur récidiviste adhérent au réseau Sortir du nucléaire", ne peut s’empêcher d’évoquer Gandhi lorsqu’on évoque avec lui les actions pacifiques.
Enfin, à l’issue du contrôle des connaissances, le formateur a tiré les conclusions suivantes. "Les activistes s’en sont bien sortis même s’ils n’ont pas utilisé Ie armlock et se sont contentés de la tortue. Leur dispositif visuel était au point. En revanche, leur porte-parole était un peu trop agité alors que les policiers n’ont pas vraiment été bons". IIs ont en effet rencontré d’évidentes difficultés pour se faire violence.
L’Union de Reims - Christophe Perrin 23.08.07
A l’école des néo-contestataires
Les OGM tu faucheras. Les 4x4 en ville tu dégonfleras. Les centrales nucléaires, tu bloqueras. La pub, tu barbouilleras… Cela pourrait être les dix commandements des quatorze stagiaires réunis depuis mardi dans la grange du collectif anti-Bure, groupement d’associations qui combat l’éventuelle implantation d’un site de stockage de déchets radioactifs, ici, aux confins de la Meuse, de la Marne et de la Haute-Marne.
Ils ont entre 20 et 73 ans, sont prof, psychologue, étudiants ou retraité et viennent de toute la France. Nourris au lait de la désobéissance civile, ils se familiarisent ”” moyennant 45€ (repas et hébergement compris) ”” aux techniques des manifestations non violentes.
Démonstration avec « la tortue », l’un des nombreux ateliers pratiques de la formation. Xavier Renou, l’animateur, appelle cinq volontaires qui forment un cercle : « Vous passez votre jambe droite par-dessus la jambe gauche de votre voisin. Vos pieds doivent être invisibles. Vos mains passent sous les genoux et vous vous tenez par les avant-bras. » Les autres stagiaires, dans la peau de CRS, s’évertuent alors à briser le cercle. Pas simple.
« On peut également s’enduire de peinture », remarque Michel Marie, le seul Champenois du stage. « Excellente idée ! s’enthousiasme Xavier Renou. C’est ce qu’ont fait, à Fastlane, en Ecosse, des manifestants espagnols antinucléaires. Les policiers, qui doivent nettoyer eux-mêmes leur uniforme, n’ont pas osé les toucher. »
S’amuser pour durer
A l’école des néo-contestataires, toutes les formes et les idées de résistance sont les bienvenues. Chacun vient partager son parcours personnel de militant et s’enrichir au contact des autres. Certains ont déjà été formés à l’école Greenpeace, d’autres n’ont aucune expérience des manifs et découvrent les armlocks, ces tubes qui permettent de s’enchaîner les uns aux autres.
Pendant le déjeuner bio et végétarien, Guy, le doyen des subversifs, évoque comment il a empêché au printemps la culture de pommes de terre génétiquement modifiées dans le Saint-Quentinois. Il échange avec Valérie, de cinquante ans sa cadette, membre de Survie, une association contre le néo- colonialisme en Afrique.
L’étude du cas suivant la concerne au premier chef : vous décidez d’occuper le château en France d’un potentat africain. Mais une famille vit à l’intérieur. Vous agissez ou vous renoncez ? Vous employez la violence ou non ? « Avec des cas concrets comme cela, on démontre que dès lors qu’on veut agir ensemble, on doit s’entendre. Qu’une action se réfléchit, se prépare et doit être ludique. Car sans plaisir, on ne peut pas s’inscrire dans la durée », explique le maître de stage.
Depuis un an, une dizaine de formations de ce genre a été organisée. C’est une première dans le Grand Est. Et le succès ne se dément pas, selon Xavier Renou : « Il y a des angles morts dans la démocratie. Les contre-pouvoirs ne fonctionnent plus. Nous revenons à une nouvelle forme de militantisme avec le souci de l’efficacité. »
« Avant, on était des vrais Gaulois. On faisait des actions irréfléchies, mal préparées. Maintenant on se rapproche du modèle allemand », commente Michel Marie qui, dès septembre, mettra en pratique son stage. Il se rend à une manifestation antinucléaire à Gorleben.
Ouest France (pages Magazine) François Simon 23.08.07
Ils sont non-violents, ludiques et efficaces : les militants français de toutes les causes un peu radicales suivent, cet été, de forts sérieux stages d’agitation. Ainsi, à Bure, en Lorraine, où être un vrai « anti » impose de devenir un vrai « pro »...
Savez-vous faire la tortue ? C’est une sorte de mêlée de rugby qui se forme dans une rue, à même le pavé, aux portes d’une usine occupée, sur le seuil d’une centrale nucléaire. Vous vous unissez à quatre ou cinq, en rond, jambes mêlées, pieds invisibles, bras enlacés, poignets serrés. Vous ne devez porter ni boucles d’oreilles, ni bague fantaisie. Attacher ses cheveux, rentrer la tête dans les épaules. Chanter pour se donner du coeur à l’ouvrage. Attendre la police annoncée pour vous déloger.
C’est terrible une tortue bien caparaçonnée pour les forces de l’ordre. Ça n’offre aucune prise. C’est solidaire. Ça verrouille une rue. Et le temps passe. Et la presse arrive. Et tournent les images qui passeront dans le journal. Consigne : « Ne ruez pas si la presse est là. Faire des grands gestes ça fait violent ». Même si les « casqués » sont rudes et virils ? « Alors lâchez prise. Un coup de matraque, politiquement, c’est nul. Vous n’êtes pas là pour vous faire casser la figure. Vous reviendrez faire la tortue plus tard, dans une heure ou dans deux jours ».
Dans la grange poussiéreuse où volent des hirondelles nicheuses, les vingt stagiaires aux « actions non-violentes et déterminées » boivent du petit-lait et prennent des notes. Il y aura, cette année, quelques tortues insaisissables à jouer à la barricade humaine sur tous les points chauds du pays. Sans doute pas dans les manifs des corps constitués ayant pignon sur rue : « Ici, explique Xavier Renou, animateur des journées, militant multicartes et fin stratège, on a des gens qui veulent passer à l’action non-violente. On leur apprend les techniques, les gestes, les postures pour enrayer la machine, s’enchaîner à des grilles, faire perdre du temps à la police. On leur apprend que la lutte n’est pas un combat de rue mais quelque chose de très fin, très pensé, très marrant. » Et ça marche ? « Très fort. C’est mon quatrième stage du mois. Je n’arrête pas ».
Et qu’en pense-t-il ce mercenaire bénévole de la contestation ? « Que le temps des militants obéissants comme des moines soldats, donnant tout au parti ou au syndicat est derrière nous. Pétitionner, défiler, à moins d’être un million, ça ne sert plus à grand-chose. Les militants de demain sont pressés. Ils sont dans la bataille des images qui font choc. Plus du tout dans celle du sang qui coule. Ils veulent gagner la seule victoire qui vaille, celle de l’opinion publique. » Ils ne sont pas nombreux les « Gandhi, Martin Luther King. Au départ, ils sont même tout seuls. Ceux qui gagnent sont ceux qui durent. »
Et c’est bien ce qu’entendent faire Patrice, le syndicaliste libertaire de l’Ardèche, Guy, l’infatigable faucheur de maïs OGM de 73 ans. Ou Valérie, la Parisienne pêchue férue en guérilla pacifique pour les sans-papiers : « Dans un stage comme ça, on prend une vieille leçon d’instruction civique. Jamais, ici vous n’entendrez parler des flics mais des policiers. On a appris à ne pas péter les plombs, à être coresponsable de la violence de ceux qui nous évacuent ou nous interpellent ».
Dans la campagne lorraine de Bure alentour, là où le nucléaire français cherche à creuser un tombeau d’argile pour ses déchets encombrants, démonteurs de panneaux publicitaires, altermondialistes remontés, contestataires des 4x4 pollueurs, illégaux faucheurs d’OGM prennent une vraie leçon de maintien : « Dans l’action, on doit gouverner nos émotions et donc travailler la forme. On s’empêche d’insulter la police. On s’interdit d’être humiliants. La police, quand elle intervient, n’a pas mission première de taper. Il ne faut pas que les matraques sortent et ça peut dépendre de nous ». Valérie renchérit : « La colère porte atteinte à la cause que l’on défend. Si l’adversaire est violent, on s’en va et c’est tout. Aujourd’hui, il faut avoir du style. Comme Robin des bois ou Arsène Lupin. »
D’autant que la police, de son côté, s’engage elle aussi habilement sur le terrain de l’élégance républicaine et du bon goût : « L’image de José Bové brandissant ses menottes qui a fait le tour du monde les a fait réfléchir ». Oui, le champ de bataille des luttes du XXIe siècle voit bourgeonner des fleurs au bout des fusils à pompe : « Au dernier sommet du G8 en Allemagne, il y avait peut-être 2 000 policiers. Et un sur trois était une très jeune et très jolie jeune femme souriante ». Il n’y a plus guère de place pour les hurluberlus. Être anti est devenu un vrai travail de pro.
L’affranchi de Chaumont 24.08.07
Marche contre I’enfouissement des déchets nucléaires
Àprès le stage de formation aux actions non violentes de désobéissance citoyenne qui s’est déroulé cette semaine à la Maison de BZL (Bure Zone Libre), les collectifs Bure Stop et la Coordination nationale contre I’enfouissement des déchets nucléaires organisent une marche-randonnée qui sera suivie d’une soirée festive, ce dimanche 26 août, sur le site de Bure.
Dans un communiqué, les organisateurs de cette journée soulignent que "la loi 2006 sur la gestion des déchets nucléaires a réussi un sacré tour de force ! Faire croire que la région de Bure est apte à accueillir les pires déchets nucléaires, que son sous-sol est bien stable et que, officiellement, les habitants sont contents...
"Pourtant à lire le demier rapport (juin 2007) de la CNE (Commission Nationale d’Evaluation), passées les inévitables introductions lénifiantes, des incertitudes de taille sont pointées, dont celles-ci, ébranlant les affirmations de I’Andra :
"Le laboratoire souterrain (de Bure) n’est disponible que depuis deux ans. Des phénomènes inattendus (formations de fractures en chevron lors de I’avancement des galeries) ou plus amples que prévus (déformations différées) y ont été observés ( ...). Il faut rappeler qu’on ne dispose pas d’une longue expérience provenant de travaux souterrains dans des argiles indurées profondes" .
"La CNE questionne et relève qu’en l’état actuel les connaissances scientifiques manquent de maturité en matière : de comportement à long terme des roches, de déformation et de résistance des ouvrages aux pressions du sous-sol, de dimension des soutènements, d’évolution des zones endommagées par la construction des galeries, ou encore de connaissances sur la génération et le transfert des gaz, etc...Elle interroge aussi sur les délais extrêmement courts du calendrier prévu pour I’Andra, demande si tous les coûts ont bien été pris en compte...
Des experts préoccupés
"Le problème des très grandes échelles de temps, une question de simple bon sens, soulevé dès l’origine par les opposants au projet. "La CNE "est préoccupée par le problème de l’extrapolation des données acquises aux très grandes échelles de temps, domaine dans lequel on dispose de peu d’expérience... On disposera ainsi, en 2015, d’un recul d’une dizaine d’années. Les ouvrages souterrains (déjà réalisés à ce jour) sont conçus pour une durée inférieure au siècle... la prédiction de nombreux phénomènes naturels reste encore incertaine.."
"Et si finalement on ne savait pas grand chose, c’est-à-dire trois fois rien ? Et si I’Andra se contentait tout juste de certifier, sur commande et naviguant à vue, un dangereux programme de poudre aux yeux ?
"C’est bien ce qui inquiète depuis toujours les nombreux opposants au projet d’enfouir, dont des scientifiques, depuis plus de 25 ans ! Croire ou laisser croire que ces déchets sont gérables est une belle imposture de la part des gouvernements qui se succèdent.
"C’est dans une Meuse piégée que la filière nucléaire compte enfouir ses déchets pour mieux continuer à en produire, et la Haute-Marne toute proche n’aurait qu’à se taire à coup de millions d’euros ?
"14 forages de reconnaissance de terrain commencent dans la région de Bure mais la poubelle souterraine est loin d’être construite. Les collectifs appellent tous ceux et celles qui refusent de céder à ce passage en force du lobby nucléaire à des actions citoyennes".
Comme la première "TRANSM’ UTANCE" de ce dimanche 26 août. Départ à 10 h 30 de Couvertpuis (marche de 15 km avec arrêt pique-nique tiré du sac à Biencourt-sur-Orge). Départ à 14 heures de Biencourt-sur-Orge (marche 10 km). Soirée festive acoustique à Bure (navettes prévues pour retour aux voitures).
La Croix de la Haute-Marne Bertrand Puysségur 24.08.07
Ils apprennent à désobéir
Un stage sur la "désobéissance civile" se tient actuellement à Bure. Pour faire passer leur message, les participants s’initient sur le terrain des pratiques non-violentes. Un sujet très médiatique couvert par une partie de la presse nationale.
Autour de leur formateur, Xavier Renou, une vingtaine de personnes forme un cercle. A Bure, dans la maison gérée par les collectifs antinucléaires, "Bure zone libre", une formation se déroule pendant cinq jours. Les deux premières journées sont consacrées à la théorie de la "désobéissance civile" et aux types d’actions non violentes à mener pour différentes causes. OGM, nucléaire, sans-papiers...le s opposants, activistes et militants, viennent de toute la France. Âgés de 20 à 73 ans, ils rassemblent autant d’hommes que de femmes venus croiser le terrain de leurs engagements.
"C’est toujours intéressant de réfléchir là-dessus", lâche brièvement Pierre. Faucheur volontaire, il milite depuis 1977. Aujourd’hui, à 60 ans, il vient à Bure, depuis Clermont-Ferrand, pour parfaire ses connaissances de l’action militante et non-violente.
Techniques corporelles, "tortue humaine", les exercices s’enchaînent. "C’est un moyen pour apprendre aux gens à se ré-approprier l’action politique", explique Xavier Renou. Membre du réseau "les désobéissants, il interroge les stagiaires sur l’efficacité des actions qu’ils ont menées jusqu’à présent.
Ce matin, les médias sont mis sur le grill. Et cela tombe plutôt bien puisque, depuis le début de la formation, la presse régionale et nationale s’intéresse de près à la chose. France Inter et Ie Point ont déjà relayé I’information. A Bure, une équipe de télévision de France 2 est venue faire son reportage et une joumaliste du quotidien Liberation couvre aussi Ies apprentis désobéissants. L’avis des militants sur les médias est assez négatif. La discussion lève cependant quelques prejugés. Xavier Renou nuance les propos des uns et des autres. "Nous arons rarement des amis dans les médias... Nous devons être pédagogue", conseille-t-il à son auditoire.
Nadine Zancanaro, 49 ans, vient de Metz et participe au stage. Elle se demande si l’image renvoyée par les médias n’est pas parfois un peu caricaturale. L’échange reprend sur les impératifs du métier de joumaliste. Sans médiatisation, I’action militante trouverait bien peu d’écho dans la société. "Il faut être complice avec les journalistes", lance Xavier Renou se défendant toutefois de vouloir manipuler à son tour. "C’est très riche ce stage, ça rend optimiste !" confie pendant la pause, Nadine.
Les trois derniers jours seront consacrés à une mise en pratique sur le terrain. "Si on veut faire un blocage à Bure, qu’est-ce qu’il faut faire ?", demande Ie formateur. Sans entrer dans le détail, les stagiaires devront décider de cette mise en pratique sous forme d’une "action symbolique", avant Ie rassemblement de dimanche (voir encadré). La cadence des stages semble s’accélérer. Depuis moins d’une année qu’ils sont proposés, le réseau est passé d’une demande de formation par mois, à quatre.
"La demande explose", se rejouit Xavier Renou. Ancien de Greenpeace, il a constitué son organisation avec des membres du réseau "Sortir du nucléaire" suite à "la lutte contre Ie missile nucléaire M51". En désaccord avec Greenpeace, il reprend la philosophie de Gandhi et Martin Luther King à son compte tout en s’inspirant de la lutte des paysans du Larzac dans les années 70. "Quand on vous impose la règle du jeu, vous ne pouvez pas gagner. On veut changer la règle du jeu", poursuit-il. Et pour le militant, Ie jeu en vaut toujours la chandelle.
Trans’mutance
Les opposants au laboratoire de recherche de Bure ont choisi de sensibiliser l’opinion nationale en organisant une marche autour du labo le dimanche 26 août prochain. Bâptisée "1ère Trans’mutance", cette marche mise sur pied par les collectifs Bure-Stop, est ouverte à tous les publics et se déroulera sur deux distances : 10 km et 15 km. Le départ de 15 km s’effectuera à Couvertpuis, à 10 h 30. Un arrêt pique-nique avec repas tiré du sac est programmé à Biencourt-sur-Orge. C’est dans cette localité d’ailleurs que les marcheurs moins endurants débuteront, à 14 h, leur circuit de 10 km. Une soirée festive acoustique est prévue à Bure avec une navette pour pouvoir regagner les voitures stationnées aux départs de Couvertpuis et Biencourt. Renseignements au 03 25 04 91 41.
Libération - Laure Noualhat 25.08.07
Les antinucléaire au triangle des « Bure-mudes »
Environnement. Les écolos s’opposent à l’enfouissement de déchets radioactifs à Bure.
Vendredi, la commune d’Houdelaincourt (Meuse) a reçu pour rire les délégations de pays nucléarisés (des Etats-Unis à la Libye) venues réserver leur place dans le futur centre de stockage de déchets radioactifs de Bure (Meuse). C’est ainsi que les manifestants antinucléaire ont entamé leur rendez-vous annuel contre le laboratoire de recherches de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Dimanche, une marche de 15 km autour du site de l’Andra clôturera le week-end.
Comme chaque année, les militants se réunissent au cœur de ce qu’ils appellent le triangle des « Bure-mudes », un paysage de champs labourés, à cheval entre la Meuse et la Haute-Marne. La résistance s’est organisée ici en 1993, année de la décision de l’Andra d’y implanter son labo de recherches dont l’objectif est de vérifier s’il est possible d’enfouir des déchets hautement radioactifs à 500 mètres de profondeur, dans une couche argileuse. Les militants sont convaincus que l’Andra veut enfouir une partie des déchets des centrales françaises à Bure. L’Agence, elle, affirme que les recherches se poursuivent. La loi sur les déchets radioactifs, adoptée en 2006, inscrit le stockage en couche géologique profonde comme l’un des axes de recherche à privilégier. Aucun fût radioactif n’est aujourd’hui entreposé dans le sous-sol lorrain. Néanmoins, les opposants locaux craignent d’en voir arriver dès 2025.
Au-delà du rendez-vous annuel contre le projet d’enfouissement, Bure est devenu le symbole le plus vigoureux de la lutte antinucléaire. Selon un sondage commandé par les Verts en 2005, 88 % des Français ne souhaitaient pas voir de poubelle nucléaire près de chez eux. Or, ces derniers mois, les militants contre l’atome peinent à faire valoir leurs arguments. Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement, les tenants du nucléaire rappellent que cette technologie émet très peu de gaz à effet de serre. La Commission européenne n’hésite pas à classer le nucléaire parmi les énergies propres tandis que les pays en développement disent vouloir acheter des centrales à tour de bras. Ainsi, les déchets radioactifs restent l’un des pans les plus vivants de la lutte antinucléaire.
JHM Fr.T. 26.08.07
Les collectifs anti-Bure en bulles
Les clients du supermarché Leclerc ont eu la surprise de se voir offrir un verre d’un champagne (sans alcool) un peu particulier hier matin, au cours d’une action du collectif Bure Zone Libre.
"Champagne au plutonium ! Champagne à I’uranium ! Déguster le champagne de Bure !" Les bénévoles du collectif Bure Zone Libre ne manquent pas d’humour. Hier matin, ils étaient postés à I’entrée du supermarché Leclerc pour sensibiliser les clients à leur action, avec à la main, des bouteilles de "Champ’Anium, cuvée Buranium", "enrichi à I’uranium et ce via des procédés entièrement naturels liés à Ia contamination des sols."
A travers cette action, très second degré, les militants souhaitent faire part de leurs craintes sur les "risques liés à I’enfouissement des déchets nucléaires". "Les sous-sols seront pollués", expliquaient les militants aux passants, "ça va fatalement remonter et contaminer les produils du terroir."
Une action qui permettait également aux anti-enfouissement de tester I’efficacité de leur stage sur le militantisme non-violent qui s’est déroulé cette semaine (Le Journal de Ia Haute-Marne du 22 août).
Est Républicain Meuse Karine Diversay 27.08.07
Marcher, mais pas sur la têteLa première Trans’mutance a ressemblé quelque deux cents opposants au nucléaire qui ont déambulé pacifiquement en direction de Bure.
IIs étaient tous Ià ou presque, venus marjoritairement et logiquement de la Meuse et de Haute-Marne, mais aussi d’autres départements. "Ils", ces opposants au nucléaire.
Parmi les quelque deux cents personnes qui avaient décidé de participer hier à la première Trans’mutance, iI en manquait quatre : Blanche, ThyI, Rémi et Michaël, interdits de séjour dans la Meuse suite à des dégradations commises au cours de I’été 2006, un soir de festival antinucléaire.
Une absence passsée inaperçue en regard du nombre de jeunes participants, soucieux de ne pas baisser les bras, comme leurs aînés engagés de longue date dans la préservation de I’environnement.
L’effet d’une bombe
"La trans’mutance, c’est un méIange de mutation et de transhumance", explique Corinne François, l’une des chevilles ouvrières meusiennes de la lutte. "La mutation fait référence à la radioactivité, mais aussi à Ia mutation de la région, de cette terre dont Ia vocation est de produire, transformée en immense cimetière. On ne nous a pas posé Ia question, on nous I’impose. Et Ia transhumance, c’est Ia foule, Ie mouvement. Est-ce qu’il faut qu’on parte ? Non !"
Bien au contraire. Surtout que depuis peu iI est officiellement reconnu que Bure n’est pas Ie site adapté. "Va-t-on longtemps continuer à marcher sur la tête, alors que la Commission nationale d’évaluation (CNE), qui est allée jusqu’à donner I’an dernier son feu vert à la faisabilité de l’enfouissement à Bure, déclare aujourd’hui, que le laboratoire souterrain n’est disponible que depuis deux ans. Des phénomènes inattendus (formations de fractures en chevrons lors de l’avancement des galeries) ou plus amples que prévus (déformations différées) y ont été observés", rapporte Michel Marie de Bure Stop Haute-Marne.
De I’eau bien claire qui vient alimenter le moulin des anti-labo et leur mettre du baume au coeur en s’apprêtant hier matin à partir depuis Couvertpuis pour une marche de 15 km. Avec toutefois une halte à midi à Biencourt-sur-Orge.
Pique-nique avalé, casquette vissée sur la tête, chaussures de randonnée lacées et crème solaire badigeonnée, instruments de musique rangés... C’est d’un bon pas qu’ils ont repris leur marche, celle un peu plus porteuse d’espoir que les autres à Ia lumière du rapport de la CNE.
Quinze kilomètres plus tard et quelque deux heures de bitume brûlant sous les chaussures, Ies défenseurs de I’environnement arrivaient tout sourire et presque frais comme des gardons devant les grilles du laboratoire de l’Andra, faisant mine de ne pas remarquer les gendarmes venus surveiller Ia bonne marche de la manifestation.
JHM (Journal de la Haute-Marne) P-J.P. 27.08.07
Ils ont marché sur Bure
Une centaine de personnes ont répondu à l’appel des collectifs Bure-Stop, hier matin, pour la grande marche à pied de la "Trans’Mutance", à partir de Couvertpuis (Meuse). Destination Bure et le laboratoire de l’Andra.
Pour cette première "Trans’mutance", les collectifs Bure-Stop n’avaient pas choisi Couvertpuis (Meuse) par hasard. La petite commune d’une centaine d’habitants se trouve en plein coeur de la zone de transposition, cette zone où les sols sont étudiés afin de trouver le meilleur site pour l’enfouissement des déchets radioactifs. "C’est aussi le seul endroit, sur les trois prévus au départ, où I’Andra (Agence nationale de gestion des déchet radioactifs, Ndlr) va faire un forage de géothermie, à 2 000m de profondeur", lance Michel Marie, du Collecticf contre I’enfouissement des déchets radioactifs. C’est aussi la seule commune de la zone de transposition, où le maire a clairement affiché son opposition au projet. Francis Legrand a d’ailleurs accueilli les marcheurs hier matin. Une marche de 15 km qui a réuni plus d’une centaine de personnes.
Les Stop Bure Brothers and Sisters étaient également présents au départ, histoire d’animer la marche au son de leur désormais célèbre "Nous, le nucléaire, on n’en veut pas !". Les marcheurs, venus de toute la région, et même de Savoie, ont fait une pause pique-nique aux environs de midi, à Biencourt-sur-Orge, où d’autres randonneurs les ont rejoints afin de se rendre au laboratoire de I’Andra, pour différentes interventions. En fin de journée, une grande soirée festive était organisée à la Maison Bure zone libre. Retrouvez plus de détails dans notre édition de demain.
Est Republicain Meuse / le fait du jour / Fernand Doyen 28.08.07
Fractures ?En révélant la teneur d’un rapport de la CNE (Commission nationale d’évaluation) redigé fin juin et seulement en cours de diffusion, les antinucléaires ont réalisé un bon coup. On peut notamment y lire que "des phénomènes inattendus (formations de fractures en chevron lors de I’avancement des galeries) ou plus amples que prévus (déformations différées) ont été observés" au laboratoire souterrain de Bure.
Les opposants au nucléaire ont logiquement exploité cette "faille" lors de leurs opérations coup-de-poing ce week-end à Houdelaincourt, Saint-Dizier et Reims et lors de la marche de la Trans’mutance . S’il y a des fractures, c’est forcément dangereux pour l’environnement et risqué pour les nappes phréatiques, ont proclamé les antinucléaires.
Faut-il s’inquiéter, alors que la toi de 2006 prévoit un enfouissement des déchets hautement radioactifs dans cette zone ?
Du côté de I’Andra, pas d’affolement. "Beaucoup de bruit pour rien" résume Marc-Antoine Martin, chargé de communication au laboratoire meusien. "Ce n’est pas un scoop", poursuit-il. "Déjà dans notre journal "La vie du Labo" paru à I’automne 2005, nous faisions état de zones dites endommagées autour des galeries. C’est un phénomène qu’on observe quand on creuse un tunnel. La roche bouge puis se stabilise. C’est précisément pour cela que les galeries en fer à cheval sont étayées avec un revêtement souple pour étudier Ies déformations de la roche, pour ensuite les modéliser. C’est aussi la raison d’être du laboratoire de Bure. Pour I’instant 500 mètres de galeries linéaires sont creusés. On va passer à 800m et réaliser une trentaine d’essais différents avec des revêtements rigides et des revêtements souples". Aux yeux du porte-parole de I’Andra, la CNE ne se contredit pas et ses constatations n’ont rien d’inquiétantes. Marc-Antoine Martin ajoute encore que de semblables phénomènes se sont produits lors du percement du tunnel du Mont-Blanc. Alors...
JHM (Journal de la Haute-Marne) / P-J.P. 28.08.07
Des révélations pour terminer la Trans’MutanceDimanche après-midi, les militants se sont arrêtés devant le laboratoire de I’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, afin d’écouter des révélations sur l’état des galeries souterraines de l’Andra. Avant de se retrouver à la Maison Bure Zone Libre, pour une soirée festive... très calme.
La semaine des antinucléaires n’a pas été de tout repos. Après cinq jours de stage de formation aux "actions non-violentes et déterminées" (Le Journal de la Haute-Marne du 22 août), les militants ont participé, dimanche, à la première Trans’Mutance (notre édition d’hier) : 15 km de marche à pied à travers la campagne meusienne, là même où pourraient être enfouis les déchets nucléaires à partir de 2025.
Arrivés devant le laboratoire de I’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), les antinucléaires ont assisté à différentes interventions, notamment sur l’état des galeries souterraines. En décembre dernier, deux représentants du Comité local d’information et de suivi (Clis) témoignaient de I’instabilité de ces galeries... "Nous avons vu partout des galeries dans une roche instable, qui se fragmente à I’air libre et qui se dégrade sans cesse (...) C’est bien Ie dernier endroit où il faut mettre ces déchets, Ies fissures sont omniprésentes dans la voûte, Ies joints de dilatation surdimensionnés pour reprendre les mouvements du sous-sol, tout cela après quelques mois. Je n’ose imaginer au bout de quelques années..."
Sans parler des galeries qui s’écrasent sous la pression des sols. Les opposants au projet s’en frottent les mains. "On voit aujourd’hui, pour Ia première fois, ce qu’il en est du "bloc homogène incroyablement stable" décrit par l’Andra et que I’on dénonce depuis longtemps."
Après avoir exposé ce "superbe aveu de I’Andra", les militants se sont retrouvés à la Maison Bure Zone Libre, pour une soirée festive peu agitée. Une petite partie des militants a trouvé un restant d’énergie, après 15 km de marche, pour esquisser quelques pas de danse. Mais la soirée s’est terminée très tôt. La vie de militant, c’est usant !
Est Républicain Meuse 29.08.07
Bure-Stop répond à l’Andra
Dans un communiqué, le collectif Bure-Stop s’interroge sur la "crédibilité" de l’Andra.
"On savait l’agence habile dans les tours de passe-passe (escamotage des failles, des aquifères, du potentiel géothermique, etc) mais la pirouette qu’elle vient de réaliser serait à applaudir, si le sujet n’était aussi sérieux et grave de conséquences", déclare le collectif.
En réaction aux révélations de la CNE (commission nationale d’évaluation), relayées par les collectifs Bure-Stop, l’agence balaie d’un revers de main les problèmes qui frappent les galeries actuellement creusées dans son "laboratoire". Pas de panique, avance-t-elle ce jour dans les colonnes de l’Est Républicain (Notre édition d’hier), "C’est un phénomène qu’on observe quand on creuse un tunnel (...) de semblables phénomènes se sont produits lors du percement du tunnel du Mont-Blanc"
Bizarre, bizarre : si ces phénomènes sont connus de tous, et donc prévisibles, comment comprendre la contradiction majeure avec la commission d’évaluation qui, elle, reconnait et avoue bien au contraire que : "des phénomènes inattendus (formations de fractures) ou plus amples que prévus (déformations différées) ont été observés au laboratoire souterrain de Bure".
Curieux procédés qui en disent long sur le crédit de confiance à accorder aux promoteurs de l’enfouissement.
Et que dire de la loi enfouissement de juin 2006, basée et votée sur le dossier Andra qui concluait à la "faisabilité de l’enfouissement à Bure...alors que des phénomènes inattendus s’y propagaient depuis des mois ?", conclut le communiqué
Libération - jeudi 30 août 2007 - Par Laure Noualhat
GRAND ANGLE - Bure (Meuse) - Envoyée spéciale
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Apprendre à désobéir
Depuis 2006, un collectif de militants multicauses propose des stages d’activisme non violent et invente des façons de dénoncer ce qui cloche dans la société.
Sous la bruine de Lorraine, une brochette de militants antinucléaires bloque l’entrée d’un centre de stockage de déchets radioactifs. Décontractée, la police dégage les militants en vingt minutes. Le tout dans la franche rigolade. Car ce jeu de rôles grandeur nature clôture un stage un peu spécial organisé par le Collectif des désobéissants. Inspirés par Henry David Thoreau et Gandhi, révoltés par la société de consommation, le réarmement nucléaire, les OGM, la pub, les bagnoles qui polluent, l’injustice sociale, la biométrie, bref, révoltés par le monde tel qu’il tourne, ces militants-stagiaires se perfectionnent à la contestation.
On les a vus, dans les manifs altermondialistes, inventer de nouvelles formes de luttes, ludiques, colorées mais déterminées. Ainsi, la Brigade activiste des clowns a « karchérisé » la mairie de Neuilly-sur-Seine qui ne respectait pas les 20 % de logements sociaux imposés par la loi SRU. Ou encore, le collectif Jeudi noir dénonce la crise du logement en débarquant, champagne en main, pour faire la fête dans des appartements à louer, généralement minuscules et hors de prix.
Atelier barbouillage de pub. Désobéir s’apprend. Voilà pourquoi le collectif (www.desobeir.net), créé fin 2006 par un ex-salarié de Greenpeace, prodigue des stages d’initiation et de perfectionnement à l’activisme non-violent. Après une action semi-ratée contre le premier tir français de missile M51, Xavier Renou écrit un manifeste du désobéissant. « En rentrant à Paris, je me suis dit qu’il nous fallait plus de formation et, surtout, faire converger les luttes », raconte le fondateur d’un collectif qui rassemble des écologistes, des pacifistes, des intermittents du spectacle, des chômeurs, des salariés… Pour 45 euros, durant deux jours, les stagiaires fomentent des manifs contre les OGM, trament un barbouillage de pub, préparent un sit-in pacifiste. Sous une grange retapée, le stage se décline en divers ateliers.
Celui consacré aux risques juridiques balaie ce qu’encourent les activistes. Ici, l’illégalité semble légitime. « Les problèmes que nous dénonçons sont tellement énormes (OGM, nucléaire…) qu’il faut employer autre chose que des moyens légaux pour se faire entendre », se défend Bénédicte. Avant toute chose, la désobéissance civile prônée ici est non-violente. Mais chacun a sa propre définition de la violence : consensus dans le groupe sur la violence physique, mais quid des violences symboliques et psychiques ? « Qu’est-ce qui est violent, l’action ou le ressenti ? », interroge un stagiaire. « Humiliation, séquestration, certains d’entre nous ne veulent pas exercer de violences psychiques », précise Xavier Renou.
« Travailler son style ». Si certains n’hésiteraient pas à bloquer la chaîne de montage d’une usine de 4x4, d’autres refuseraient catégoriquement de retenir le patron d’une firme de biotechnologies, ou de faucher des OGM sous les yeux de celui qui les a plantés. Le stage enfonce quelques portes ouvertes, notamment sur la préparation des actions. Bien se préparer et avoir confiance dans les membres de son groupe constitue un rempart contre le raté. « Comme Arsène Lupin, il faut travailler son style, sourit Valérie (lire ci-contre). Et toujours, prévoir un plan B. » Audace, humour, ces militants sont des créatifs de la résistance. « Votre seule limite est votre imagination », prévient le formateur, avant de raconter l’histoire de ces Espagnols venus bloquer la base militaire nucléaire de Faslane (Ecosse). En renversant des pots de peinture rouge sur leur combinaison, ils ont désarçonné les policiers écossais qui ne les ont pas touchés. Pourquoi ? C’est à eux qu’incombe la tâche de laver leur uniforme.
L’atelier médias retient toute l’attention des stagiaires.Signe des temps, les actions sont pensées pour informer et donc pour « plaire » aux médias. « L’image compte beaucoup quand on cherche à atteindre l’opinion publique », poursuit Xavier Renou. Ce qui est le cas du fauchage volontaire, idéalement formaté pour la télé et qui a permis de faire entendre la cause des opposants aux OGM. Mais pour faire une image, il faut durer. L’atelier Sit-in file des trucs et astuces pour enquiquiner les forces de l’ordre : faire un bon poids mort, s’assembler en tortue (groupe de minimum cinq manifestants aux membres savamment entremêlés). Puis on apprendra à bricoler le fameux arm-lock, un tube en acier très utile pour s’auto-enchaîner à des voies ferrées ou à des engins de chantier. Les désobéissants l’apprécient d’autant plus qu’il oblige les forces de l’ordre à recourir à un outillage spécial, ce qui prend du temps.
Guy Wan der Pepen, 73 ans, ancien agriculteur, militant altermondialiste.
Il ne faut se fier ni à son âge ni à ses yeux bleu piscine. Ce gars aux allures de vieux scout est un récidiviste, condamné à deux mois de prison avec sursis et à 1 500 euros d’amende pour avoir fauché des cultures OGM en 2005. Comme Guy a remis ça en 2006, il risque désormais trois mois ferme. Mais il ne regrette rien. Pire, il est prêt à recommencer. Ce week-end, il était à Verdun-sur-Garonne avec ses copains faucheurs, une seconde famille devenue son « moteur » au fil des années de lutte. « J’ai connu l’Occupation pendant la Seconde Guerre mondiale. A cette époque-là, on n’a pas hésité à résister, plutôt violemment d’ailleurs. Même s’il est difficile de faire l’analogie avec 39-45, je pense qu’il faut entrer en résistance contre la dictature économique. D’année en année, on perd nos droits, on assiste à une régression sociale et à l’enrichissement des forces financières. Aujourd’hui, la misère remplace la pauvreté. »
Le stage lui a permis de partager sa détermination : « On peut gagner avec la non-violence. » Concrètement, il a appris qu’il valait mieux garder le silence, une fois au poste de gendarmerie. « C’est dur, on a tellement envie de leur expliquer les raisons de nos actes. Parfois, j’ai senti que certains étaient de notre côté. » Il a désobéi pour la première fois à Namur en 2001 en fauchant une parcelle OGM. Issu d’une famille d’agriculteurs très croyants, Guy a été aviculteur pendant vingt ans à Hestrud (Nord) jusqu’en 1975. « Au début des Trente Glorieuses, j’ai investi dans l’agriculture industrielle. » Ses milliers de poules pondaient agglutinées les unes aux autres. Insatisfait de leur sort, il adhère aux Paysans travailleurs, l’ancêtre de l’actuelle Confédération paysanne, puis las, devient ambulancier jusqu’à sa retraite, prise il y a onze ans.
Sa femme et sa fille préféreraient le voir biner son potager, mais Guy ne désarme pas. « Nous devons reconquérir notre citoyenneté, devenir des grains de sable dans les rouages de l’économie libérale. » Depuis 2002, il vote blanc ou nul : « Je ne peux pas donner ma voix à des traîtres qui sont à la botte des puissances économiques. »
Stéphane Didelot, 34 ans, professeur de menuiserie, et Fanny Exertier, 28 ans, psychologue.
Venir au stage semblait tout naturel à Fanny et à Stéphane. Cette petite brune est issue d’une famille militante antinucléaire qui a défilé à Creys-Malville en 1977. « Moi, c’est l’élection de Sarkozy qui a déclenché le truc. Je me suis dit qu’il fallait s’engager. »
Ils ont tous les deux créé un groupe antinucléaire dans les Vosges, à Epinal. Le stage de désobéissance leur a révélé leurs limites. Séquestrer un patron dans ses bureaux, faucher une parcelle OGM en présence de l’agriculteur, autant d’actions que le couple fraîchement pacsé n’est pas sûr de pouvoir assumer. « Le stage m’interroge sur ma capacité à devenir activiste. Je ne veux pas rester dans le confort de notre petite vie, ne rien faire, mais je me demande comment vivre notre engagement politique », interroge la jeune psy.
Leur casier judiciaire est vierge et ils tiennent tous deux à ce qu’il le reste. « Sur certaines actions, on se contentera de tenir les banderoles et d’informer les gens ! » prévient Stéphane qui, contrairement à Fanny, n’a pas eu de parents militants. « Agir, manifester, s’engager, c’est déjà se marginaliser un peu face à l’entourage », plaide-t-il.
En tant que délégué CGT dans son lycée, il reconnaît les limites de l’action syndicale traditionnelle, et l’atelier sur les médias l’a particulièrement intéressé. « Les tracts à l’ancienne, c’est fini. Il faut inventer de nouvelles façons d’attirer l’attention des médias, sinon, on passe inaperçus. »
Valérie Marinho de Moura, 38 ans, intermittente du spectacle.
« Pour vivre ses idées, il faut être dans l’action. » Sous des airs angéliques, Valérie cache une détermination sans faille. Cette comédienne a grandi dans une famille écolo « plutôt de droite ».Au menu de son enfance, quelques manifs contre la torture animale, mais un point de vue pronucléaire. Elle a cherché longtemps une justification au positionnement politique de ses parents. A leur « vision colonialiste du monde ». Sa mère, aujourd’hui décédée, se disait pour l’Algérie française tandis que son père pilotait des avions de chasse sous la dictature de Salazar, au Portugal.
En 1998, ses interrogations la conduisent à l’association Survie qui milite en faveur de l’assainissement des relations franco-africaines. Elle s’ouvre à d’autres causes : les sans-papiers, les chômeurs.… Elle coanime les stages de désobéissance civile et se consacre à ses engagements politiques. L’action militante lui permet de ressentir ce qu’elle a lu (François-Xavier Verschave sur la « Françafrique », Edgar Morin, Patrick Viveret, Alain Denault). « L’organisation de la pensée doit rester en mouvement et l’action désobéissante permet de faire circuler les idées. »
Jusqu’au début de l’année, Valérie travaillait dans des sociétés de production audiovisuelle. « J’y ai vu et entendu des choses qui me déconcertent, notamment de la part de gauchos embourgeoisés, malhonnêtes, aux discours bien pensants à des années-lumière de ce qu’ils vivent. » Elle « récupère », découvre la joie profonde de vivre en cohérence avec ses idées, parmi des gens qui la rassurent. Elle collabore avec une compagnie de théâtre qui monte des spectacles pour Chaillot. Comédienne, elle a joué dans des pubs, « ce qui ne [lui] viendrait même plus à l’idée ». Dans une fausse manif de droite, organisée par les Désobéissants, déguisée en « pétainiste », elle scandait « la solidarité, c’est dé-pas-sé » ; elle s’est coiffée d’un bonnet phrygien, pour jouer une Marianne sanglante, pendant une action dénonçant le rôle de la France dans le génocide rwandais. « Je crée mes propres héros, je joue ce qui me fait vibrer. »
La Croix de la Haute-Marne (Bertrand Puysségur) 31.08.07
BURE Rapport sur l’enfouissement des déchets nucléaires
La CNE et ses réserves
La Commission nationale d’évaluation vient de rendre son rapport sur l’anné 2006 sur les recherches menées par l’Andra à Bure. Plusieurs points suscitent des interrogations.
La CNE( Commission nationale d’évaluation) est l’organisme chargé "d’évaluer" les travaux menés par l’Andra sur le site de Bure. Composée de douze membres, elle est présidée par Bemard Tissot, faisant partie, entre autres, de l’Académie des sciences. Elle publie son premier rapport annuel, remis au gouvernement le 2 juillet dernier, dans le cadre institué par la nouvelle loi du 28 juin 2006. Dans ce rapport, on trouve notamment des commentaires de la CNE qui peuvent une nouvelle fois semer le doute sur la pertinence du choix de l’enfouissement en profondeur des déchets nucléaires.
Ainsi, la CNE rappelle "qu’on ne dispose pas d’une longue expérience provenant de travaux souterrains dans des argiles indurées profondes." Les conséquences d’événements pouvant se produire à Bure seraient donc difficilement prévisibles. "Cette incertitude, au moins pour ce qui concerne l’échelle locale, doit être gardée à I’esprit", poursuit le rapport. Un peu plus inquiétantes sont les remarques sur les solutions techniques envisagées pour la sûreté, la réversibilité et l’ingénierie minière. C’est en 2009 que ces options doivent être présentées.
Or, la CNE indique que "l’état des connaissances scientifiques n’a pas encore atteint le degré de maturité nécessaire à un choix assuré de solutions techniques." Ces solutions portent sur Ie comportement thérmo-hydro-mécanique de la roche ou encore sur la quantité de gaz formé par corrosion. Ce problème des gaz n’aurait été pris "à bras Ie corps par I’Andra que depuis quelques années." Ainsi la CNE conclue qu’ "il ne sera pas facile, dans un court laps de temps, de conduire simultanément et en cohérence ces efforts considérables de recherche et de développement."
Des études pourtant nécessaires pour savoir comment Ie futur ouvrage se comportera dans le temps.
Situation sanitaire
Le rapport relève également que certains "phénomènes inattendus" ou "plus amples que prévus", ont déjà été observés comme la formation de fractures lors de l’avancement des galeries et des déformations. L’organisme estime ainsi que 2009 est une date un peu prématurée pour "que ces questions soient complètement maîtrisées."
Autre point qui risque d’apporter de l’eau au moulin des opposants au projet, le problème du temps. En effet, le document indique clairement que l’impact sur l’environnement sur de grandes échelles de temps reste problématique. "L’extrapolation des propriétés des matériaux à des durées bien plus longues pose un problème de méthode scientifique", avance la CNE. Et de citer les ouvrages souterrains qui sont conçus pour une durée inférieure au siècle alors que la radioactivité des déchets nucléaires peut durer des centaines d ’années. "On observe que la prédiction de nombreux phénomènes naturels reste encore incertaine", rappelle ainsi la commission.
Les interrogations portent également sur la santé des populations. Jugées "prioritaires", ces préoccupations font l’objet de propositions de la CNE. A savoir la création d’un "état initial de Ia situation sanitaire et sociale dans la région Meuse-Haute-Marne", car visiblement, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, on ne dispose pas encore de ce type de document. Le rapport de la commission est disponible sur le site intemet de la Documentation française (collection des rapports publics) http://www.ladocumentationfrancaise.fr
Les opposants passent à l’action
Les opposants au labo de Bure ont réalisé toute une série d’actions la semaine dernière. Après un stage sur la "désobéissance civile", il ont monté un canular à Houdelaincourt (Meuse) en annonçant la venue de délégations étrangères "suspectes". Cette commune a donc reçu la visite d’ "Américains" et de "Lybiens", dont le "colonel Khadafi", venus déposer leurs (faux) déchets sur l’un des sites de forage de l’Andra... Le lendemain les opposants ont investi l’hypermarché Leclerc de Saint-Dizier pour une dégustation de champagne...