En hommage à Sébastien Briat, vendredi 7 novembre à 17h45
Rendez-vous Gare SNCF de Bar-le-Duc

Il y a tout juste 10 ans, Sébastien, un jeune meusien, décédait alors qu’il tentait d’alerter sur les dangers des convois de déchets nucléaires.”ˆ
Parce que le temps passe, mais que nous n’oublions pas, nous donnons rendez-vous à toutes celles et tous ceux qui le souhaitent de venir passer une heure en gare de Bar-le-Duc, pour lui rendre hommage. Apportez des bougies, et passez le mot !

Un hommage sera également rendu à Rémi Fraisse, ce jeune militant tué dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014 par un tir de grenade offensive lors de la manifestation contre le barrage de Sivens.


RAPPEL :
Pour mieux comprendre le sens de son engagement, nous relayons le magnifique texte qui suit, écrit par ses amis juste après l’accident qui nous a tous terriblement marqués. Seul un hebdomadaire national l’a publié. Le drame a été quelque part passé sous silence, étouffé dans les médias.”ˆDe très nombreux témoignages de sympathie issus des réseaux militants ont circulé et ont été transmis à sa famille.

Le 7 novembre 2004, Sébastien, 22 ans, est mort à Avricourt, en Lorraine, percuté par la locomotive d’un convoi de déchets nucléaires d’Areva partant vers l’Allemagne. La mort de ce jeune plein d’ardeur ne doit pas rester lettre morte. L’appel de Sébastien à refuser l’industrie nucléaire et ses déchets éternels dangereux pour les générations futures doit être entendu.

“Bichon” est mort pour ses convictions

Quelques semaines auparavant il s’était décidé avec plusieurs d’entre nous à agir pour rendre publique la vulnérabilité d’un tel convoi. Le fait qu’il soit mort ne doit pas faire oublier que cette action était non violente, réfléchie et volontaire.
Contrairement à ce que ce drame peut laisser transparaître, en aucun cas notre acte était irresponsable et désespéré. Notre engagement est le fruit de convictions profondes quant au danger certain et réel que représente le nucléaire depuis trop longtemps. Cette action était parfaitement planifiée, collectivement, incluant des repérages précis des lieux, et en respectant des procédures d’arrêt éprouvées.
Nous avions longuement envisagé toutes les possibilités y compris un non arrêt du convoi. Placés en sortie de courbe, nous pouvions être amenés à quitter les rails très rapidement, du fait d’une visibilité réduite. Nous étions quatre couchés sur les voies ayant chacun un bras passé de part et d’autre d’un tube d’acier glissé sous le rail extérieur de la voie permettant ainsi un départ d’urgence plus rapide.
En aucun cas nous n’étions cadenassés et nous avions la possibilité de nous dégager rapidement de ces tubes.

Malheureusement l’équipe chargée de stopper le train 1500m en amont n’a pas pu agir. L’hélicoptère de surveillance précédent en permanence le convoi était absent, « parti se ravitailler en kérosène » ; or cette équipe comptait essentiellement sur sa présence qui signalait l’arrivée du train. Enfin, conformément à ce qui était convenu, les stoppeurs ont renoncé à arrêter le convoi car il était accompagné de véhicules de gendarmerie le précédant à vive allure sur le chemin les séparant de la voie.
Le convoi est donc arrivé à « 98 km/h », selon le procureur, n’ayant pu être arrêté par les militants ni averti par l’hélicoptère. Ces multiples causes réunies nous mettaient en danger. De ce fait, les personnes couchées sur les rails n’ont bénéficié que de très peu de temps pour s’apercevoir que le train n’avait pas été stoppé et par conséquent n’avait pas réduit son allure. Nous nous étions entraînés à une évacuation d’urgence de l’ordre de quelques secondes. Sébastien à été percuté alors qu’il quittait les rails,
et en aucun cas, son bras n’est resté bloqué à l’intérieur du tube. La vitesse de l’événement nous a dépassé et personne parmi nous n’a eu le temps de lui venir en aide.

Avant que cela n’arrive, nous sommes restés dix heures de suite cachés en lisière de bois à trente mètres de la voie, gelés et ankylosés par le froid. Durant cette attente, nous n’avons pas été détectés par le dispositif de sécurité, ni les guetteurs postés à une quinzaine de kilomètres du lieu du blocage et chargés de nous prévenir de l’arrivée du train, ni les stoppeurs chargés de l’arrêter, ni les bloqueurs qui avaient préalablement installé les deux tubes sous le rail aux environs de cinq heures du matin. Il est clair que la part de responsabilité de chaque protagoniste doit être établie. Y compris la nôtre.

Pour l’heure nous sommes face à l’un des pires moments de notre existence. Malgré ce que beaucoup de personnes peuvent penser nous avions des raisons certaines d’être là. En premier lieu la sauvegarde de la planète, dont nous assistons au déclin d’années en années, mais également le rejet de cet État monolithique refusant toute remise en question. Nous n’avons pas décidé d’arrêter ce train par immaturité ou par goût de l’aventure, mais parce que dans ce pays, il faut en arriver là pour qu’une question de fond, enfin, entre dans le magasin de porcelaine.

Sébastien est mort par accident, il ne l’a pas choisi, personne ne l’a souhaité.
Il n’est pas mort au volant en rentrant ivre de discothèque, mais en agissant pour faire entendre ses convictions. Et c’est sans conteste pour cela que son décès ne sera jamais, pour nous, un fait divers.

Face à une situation où nous étions si perdus, nous n’imaginions pas recevoir tant de soutien. Nous remercions particulièrement amis et parents, de nombreuses associations, mais également les milliers d’anonymes allemands et français ayant organisé des manifestations et des commémorations en sa mémoire. L’ampleur de la solidarité nous dépasse autant qu’elle nous touche. Le plus important, nous semble de pleurer un frère et de soutenir sa famille et non d’instrumentaliser son image. Bichon était certes à la recherche d’un monde moins fou, mais avant tout un jeune homme rempli de joie de vivre, d’énergie et amoureux des gens.
Ce texte n’est ni une confession, ni une agression, nous voulons seulement par celui-ci rétablir la vérité des faits.

2004 - Ses compagnes et compagnons de route