Bure, pas de ZAD qui cache la forêt !
Cela pourrait être une ZIRA, soit une Zone d’insoumission à la radioactivité.
Le bois de Mandres-en-Barrois est occupé, mais surtout libéré ! Non, il n’y a et n’y aura toujours pas de ZAD à Bure, n’en déplaise aux médias avides de sensationnalisme qui crient au « zadiste » dès qu’une résistance à un projet d’aménagement du territoire se mue en occupation.
Le terme de ZAD a beau faire partie à présent du dictionnaire, il ne saurait résumer et recouvrir les réalités propres à chaque lieu de lutte. Ce qui se vit à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, pour exceptionnelle que soit la teneur de la communauté de lutte sur place, ne peut pas être transposé façon « recette miracle » partout où le système capitaliste ravage le territoire de ses chancres en tout genre.
Ce dimanche 19 juin, près de 250 personnes, habitant-es, paysann-es et opposant-es au projet d’enfouissement de déchets nucléaires CIGÉO, après avoir ôté les clôtures, ont envahi la plate-forme de chantier installée dans le bois Lejuq, à proximité de la commune de Mandres-en-Barrois. Ce même bois avait été échangé par l’ANDRA lors d’un conseil municipal organisé à 6h du matin au mois de juillet 2015, a contrario de la volonté des habitant-es de Mandres qui avaient majoritairement voté contre la vente de celui-ci à l’ANDRA, deux ans auparavant.
Un pique-nique de mobilisation dans le bois ce dimanche s’est poursuivi avec une action de réappropriation et d’investissement de la plate-forme de chantier, par les habitant-es dépossédé-es et des opposant-es au projet CIGÉO. Les chemins d’accès ont été entravés afin d’empêcher l’ANDRA de poursuivre son œuvre de destruction de la forêt et un préau construit pour accueillir les soutiens à l’occupation du terrain. Depuis lundi 20 juin, l’aménagement du terrain se poursuit pour continuer d’accueillir des gens sur place et libérer les usages de la forêt par les habitant-e-s dépossédé-e-s et toutes celles et ceux qui souhaitent y passer pour une promenade, une cueillette, le retrait des affouages, un café, etc.
Le bois se transforme en un « Couarail », un ancien mot lorrain qui désigne un lieu de rencontre villageois où l’on discute en faisant des tâches quotidiennes. Cela ne colle pas avec la définition bornée et enfermante qu’entendent certains journalistes dans le mot « ZAD » qui figent les identités, ghettoïsent l’espace, et donnent l’illusion d’un anti-monde coupé et hostile à ce qui lui serait extérieur. Tout l’inverse de ce qui se cherche et se construit, déjà, dans ce bois libéré. En bref cette forêt est bien plus une zone libérée de l’emprise de l’ANDRA – ses vigiles-mercenaires et ses engins de déforestations – qu’une zone occupée par on ne sait quels « zadistes » fantasmés, dont l’image péjorative est bien utile pour apeurer tout le monde.
Pourtant, certains médias hâtifs annoncent déjà l’émergence d’une ZAD, alors que ce mot n’a jamais été revendiqué par les opposant-e-s. Décidément, les idées reçues sont tenaces : à l’été 2015, un campement de 10 jours qui avait rassemblé près de 1500 personnes avait déjà enflammé les imaginations en mal de sensations. Las, la ZAD n’avait pas eu lieu, le campement entièrement démonté. Sont restés surtout de forts liens locaux entre riverains, paysann-es et toutes celles et ceux qui ont participé à ces dix jours de mobilisation et discussion. C’est sur ce terreau que se sont nourris les nombreux moments de mobilisation au cours de la dernière année (occupation agricole des terres de l’ANDRA, chantiers collectifs, grandes marches populaires…), et, aujourd’hui, se construit la libération de ce bois.
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