CIGÉO-Bure : de grosses lacunes confirmées dans le dossier d’option de sûreté
Selon l’IRSN, L’ANDRA doit revoir toute sa copie !

L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a rendu son avis sur le Dossier d’option de sûreté (DOS) du projet CIGÉO d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, Meuse/Haute-Marne. Cet avis met l’accent sur d’importantes inconnues, démontrées de longue date par des experts indépendants et par l’opposition. Il est urgent de reconnaître l’impasse. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et stopper ce projet à très haut risque, objet de fortes tensions tant au niveau juridique que sur le territoire !

Un DOS bourré d’inconnues majeures, à un an de la demande d’autorisation de création de CIGEO

L’avis de l’IRSN ressemble fort à un exercice d’équilibriste. Il commence par saluer l’exemplarité du travail de l’Andra avec « une maturité technique satisfaisante au stade d’un DOS » mais pointe ensuite « quatre points majeurs pouvant entrainer des modifications substantielles de la conception du stockage ».
Au rang des points à remettre à l’étude :

  • "la maîtrise des risques liés à l’incendie dans un alvéole de stockage de colis d’enrobés bitumineux". Cela fait partie des inconnues graves dénoncées depuis plusieurs années par des experts indépendants et les associations d’opposants.
  • "la prise en compte des conséquences de certaines situations accidentelles pour l’exploitation de l’installation souterraine". Ainsi l’Andra n’a pas étudié la possibilité de retirer les « colis » de déchets accidentés. La fameuse réversibilité est donc bien une promesse non tenue.
  • "les lacunes importantes dans la définition de la stratégie de surveillance et l’identification des moyens à mettre en œuvre". Par exemple, le comportement des alvéoles de stockage dans le temps provoque des inquiétudes. L’IRSN avoue que la conception retenue par l’Andra pose des problèmes…
  • "l’évaluation de la capacité de confinement radiologique du stockage, au regard notamment des opérations d’optimisation de l’architecture du stockage en vue de diminuer le coût de Cigéo". Quels impacts réels des récents « marchandages » autour du prix du stockage souterrain, fixé récemment par Ségolène Royal à 25 Mds euros ?

Certains risques sont tels que l’IRSN suggère des modifications nécessaires, avec effets notoires sur le calendrier. Et de souligner : « à cet égard, l’IRSN ne présage pas des délais nécessaires pour réunir ces éléments de démonstration et en conséquence de l’échéance à laquelle le dossier de Demande d’Autorisation de Création pourra in fine être achevé »…

Le projet CIGÉO, mal conçu, doit être abandonné au plus vite, afin d’éviter aussi des dépenses inutiles !

L’approfondissement de ces questions de maîtrise des risques permettrait seulement de mettre en évidence des erreurs graves de la part de l’Andra, lors de l’arrêt de ses choix initiaux de conception de Cigéo.
Ces erreurs de conception ne sont que la pointe de l’iceberg et la conséquence de choix structurels malheureux :

  • le choix d’une matrice argileuse qui induit immanquablement la génération d’hydrogène dans le stockage (radiolyse et corrosion),
  • des erreurs de conception fatales induisant dans Cigéo une ventilation indispensable (en raison d’une absence de ventilation naturelle),
  • des alvéoles inaccessibles et irradiantes (en raison de l’absence de protection radiologique des colis pour des raisons de gains de volume utile),
  • des effets multiplicateurs de dangerosité (volumes importants avec combustibles, étincelles et ventilation).

La forte répression en cours autour de Bure n’en est que plus injustifiable !

L’opposition voit ses arguments vérifiés et confortés par l’IRSN, un des organisme officiel chargé de la sûreté de la filière nucléaire. Comment comprendre alors le mépris des sénateurs de la Meuse envers celle-ci ? Comment justifient-ils la brutalité de leurs demandes répétées au gouvernement d’installer autour de Bure un dispositif répressif démesuré ?
La situation devient de plus en plus inquiétante. Veulent-ils sacrifier à tout prix leur département et ses habitants sur l’autel de ce qui s’apparente de plus en plus à une "raison d’Etat" ?

C’est bien l’autisme des politiques sur le projet de stockage CIGEO qui est responsable de l’exaspération actuelle, et non les « lanceurs d’alerte » à l’engagement salutaire, et bâtisseurs d’un avenir... sans nucléaire.

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