Le maire de Montiers-sur-Saulx et conseiller départemental veut « dénoncer les promesses non tenues » et « la désertification du territoire ».

C’est un élu qui n’a pas sa langue dans la poche. S’il s’exprime, c’est que Daniel Ruhland n’en peut plus de se contenir.

Bure fait l’actualité, et on vous sait remonté sur le sujet ?

Je tiens à dénoncer les promesses non tenues de l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Je me souviens d’une réunion, dans les années 93-94 à Montiers-sur-Saulx, j’étais alors adjoint au maire. Il y avait le directeur de l’Andra et le secrétaire général de la préfecture, donc l’État. On nous promettait, si l’on acceptait le labo, que l’on ferait des écoles, des routes, qu’il y aurait un développement économique, que tout le monde bosserait. Mais le compte n’y est pas. Entre-temps ma commune est passée de 560 habitants à 380. Voilà des années que j’essaie de prévenir. Les gens partent et personne ne vient.

Quel est l’objectif selon vous ?

Je suis convaincu que l’on est en train de désertifier notre territoire. Que ce soit naturel ou provoqué, les antilabo ont raison sur ce point-là. Il ne s’agit pas de filer des ronds pour refaire des trottoirs si demain il n’y a plus personne pour marcher dessus. Bien sûr qu’il y a des dotations, mais ce n’est pas ça qui fait vivre un pays. Et je ne parle pas des villages qui ne reçoivent rien et doivent subir l’accroissement des nuisances, comme Longeaux qui a vu le passage des véhicules être multiplié par cinq, ou encore Ribeaucourt et Biencourt.

Bien sûr, on crée de l’activité mais plus loin, pas à proximité.

Vous paraissez particulièrement vindicatif contre l’Andra ?

Au départ, on dit qu’on a seulement besoin de 300 ou 400 ha, on affirme qu’on est surtout intéressé par le sous-sol. Sauf qu’à présent, ce ne sont pas loin de 2000 ha de terres qui ont été acquis en Meuse et Haute-Marne, et ce n’est pas fini. Au bois Lejuc, on avait garanti aux gens qu’ils pourraient toujours y avoir accès.

« Je ne cautionne pas la casse »

N’y a-t-il rien de positif ?

La valeur de l’immobilier ne cesse de diminuer. Contrairement à ce que je pensais 20 ans plus tôt. On ne voit pas d’investissement.

Approuvez-vous ce qui s’est passé lors de la dernière manifestation ?

Non, je ne cautionne pas la casse, je suis contre évidemment. Cependant, les antilabo n’ont pas tort surtout, ne serait-ce que sur l’occupation du sol ou la désertification du territoire. J’ai le sentiment que Bure ou Mandres n’existeront plus demain.

La cerise sur le gâteau serait la fermeture du collège de Montiers, aujourd’hui sur la sellette, à l’opposé de la promesse faite en 2008. Si c’est le cas, j’irai rejoindre les opposants à Cigéo, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons.

Vous ne craignez pas de vous marginaliser encore un peu plus au conseil départemental ?

J’assume. Je fais mon travail de conseiller départemental et maire, et je continuerai à le faire. Désolé si ça ne plaît pas. Il y a trop longtemps que je patiente, j’en ai ras le bol.

ARTICLE : http://www.estrepublicain.fr/edition-de-bar-le-duc/2017/03/07/daniel-ruhland-remonte-contre-l-andra