Le rapport n°11 de la Commission nationale d’Evaluation a été rendu public cette semaine et présenté jeudi 23/11 2017 à l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST). Daté de mai 2017, il a 6 mois de retard.

Résultat : la CNE confirme la somme d’incertitudes technologiques pointés cet été par l’IRSN et l’ASN.

Au rang des préoccupations, 18% des déchets destinés à Cigéo et qui seraient stockés les premiers, présentent une grosse incompatibilité avec le confinement souterrain. En effet les colis de déchets bitumineux présentent un risque d’inflammabilité, susceptible de mener à une catastrophe souterraine ingérable.
Que faire ? La proposition de convoquer une expertise internationale sur le sujet montre la gravité d’un problème longtemps occulté par l’ANDRA et révélé en 2012 par Bertrand Thuillier, expert indépendant.

Un projet aux failles certaines, à deux ans de la demande d’autorisation de création du chantier le plus risqué qu’il soit

Le diable se niche dans les petits détails au-delà de quelques bons points accordés au travail de l’Andra.
Par exemple, la CNE pose de réelles questions sur le choix des critères utilisés pour dimensionner Cigéo, déplorant que seul le résultat leur ait été communiqué et non la liste des critères retenus.
Côté sûreté, les doutes subsistent et pas des moindres car "l’Andra devra démontrer que les ouvrages d’isolement étanche des alvéoles, que la Commission recommande, remplissent toutes les fonctions de protection en situations incidentelles ou accidentelles, notamment en cas d’incendie."
En demandant à ce que les conséquences des pressions élevées de gaz sur l’évolution des composants du stockage lui soient présentés et en estimant que "L’effet de la production d’hydrogène sur la cicatrisation de la zone fracturée connectée n’a pas été quantifié", la Commission pointe un risque d’explosion ou de dégradation rapide du milieu toujours sans solution, à deux ans de la demande de lancement du chantier !
La CNE confirme à mots couverts que la réversibilité est un leurre en demandant à ce que soient fermés les alvéoles de stockage dès qu’ils sont remplis. Sitôt remplies, sitôt rebouchées, les galeries se refermeront sur les problèmes potentiels à venir, comme l’annonce depuis toujours l’opposition.

Mais pourquoi une telle obstination, quasi suicidaire pour l’avenir ?

La CNE met le doigt sur un aspect qui devrait parler aux politiques, si la perspective d’imposer brutalement une bombe atomique souterraine sous Meuse et Haute-Marne n’ébranle pas ceux-ci. Coût élastique de Cigéo et mode de financement fantaisiste nécessitent un véritable audit. Comment construire un projet à plus de 35 milliards d’euros avec actuellement seulement 5 M€ provisionnés ? Qui peut valider une telle escroquerie ? Qui a envie de faire peser un tel fardeau sur nos descendants ?

Proposer d’améliorer la gouvernance, ainsi que le souhaite la CNE semble bien dérisoire.

Il s’agit aujourd’hui de faire passer le projet industriel le moins crédible qui soit -point de vue technologique, économique et éthique- auprès de populations averties des dangers et s’y opposant depuis trois décennies.
Voeux pieux ? L’Etat veut instaurer le dialogue "en surface" et tente dans le même temps d’asphyxier toute opposition à Bure, nomination de deux nouveaux membres de la Commission du débat public, promesse de tenue du Comité de Haut niveau, promesse de transparence… ne masqueront pas la triste et seule réalité de Cigéo : déploiement démesuré de la force publique à Bure, perquisitions, contrôles incessants et répression judiciaire et chantage financier, indignes d’une démocratie.


LIRE AUSSI > Les petits pas des évaluateurs de Cigéo vers son échec
Communiqué du CEDRA 52 du 4 décembre 2017 sur http://cedra52.fr/
Une interview instructive de Bertrand Thuillier sur le sujet !