Mensonges, répression et déni de réalité = concertation impossible

Une dizaine d’associations et organisations opposées au projet Cigéo annoncent leur refus de "concertation », sur un projet non viable et dans les conditions actuelles de répression. Un message clair préalable à la tenue, demain 7 mars 2018, du Comité de Haut niveau "visant à co-construire le projet de territoire associé à Cigéo"...

Elles dénoncent l’actuelle radicalisation des pouvoirs publics et leur illusoire appel à dialoguer

Préfecture de la Meuse ou Secrétariat d’Etat à la Transition Ecologique annoncent régulièrement ces derniers jours vouloir "reprendre le dialogue". Dans un communiqué commun à la presse du 4/03 2018, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb et et le Secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu saluent d’une part l’action des forces de l’ordre et de l’autre "rappellent que l’opposition au projet doit s’exprimer dans le cadre de l’état de droit et que le dialogue est ouvert avec les opposants légaux au projet d’enfouissement des déchets nucléaires."

Pourtant en tentant d’opérer un tri entre opposants « légaux » et opposants « radicaux » (et ce tout en réduisant le champ de la "légalité" par des arrêtés liberticides), ils ne font que creuser le fossé qui nous sépare de nos responsables politiques. La débauche hallucinante de moyens militaires déployés autour de Bure ne réussira pas à masquer la faillite du système nucléaire : déchets impossibles à gérer et refus populaire de l’enfouissement de ceux-ci, exprimé sans relâche depuis trois décennies. Au lieu de mobiliser à grand frais la police dans les villages meusiens et haut-marnais, l’Etat ferait mieux d’écouter les "gendarmes" du nucléaire. Selon l’ASN et l’IRSN, la sûreté du projet Cigéo n’est pas assurée. La complexité du stockage géologique, voire son infaisabilité ont été officiellement confirmées, comme cela a été le cas dans d’autres pays nucléarisés (1).

Les associations et opposants refusent la concertation à la française, qui arrive... quand tout est décidé

En 2013, le débat public sur Cigéo proposait uniquement à la population d’exprimer ses craintes sur le dossier inachevé et bourré d’inconnues présenté par l’Andra. Aucun rendez-vous décisionnel n’était à l’ordre du jour. Son appel à boycott par des associations a été largement suivi, attestant une opposition sans faille. Fait exceptionnel, son bilan a été désavoué par la moitié de la commission particulière du débat public en charge de son pilotage. Et pourtant cet échec cuisant pour le gouvernement n’a rien changé à la marche forcée qui mène au stockage géologique nucléaire.
Le dernier rendez-vous -ou regard- parlementaire initialement prévu en 2015 a été abandonné au profit d’une loi élaborée en 2016 de façon expéditive, sous la houlette contestable du député Christophe Bouillon, alors président du Conseil d’administration de l’ANDRA, et donc juge et partie.
Pour donner un semblant de légitimité démocratique à Cigéo, l’ANDRA et le ministère de la Transition écologique annoncent aujourd’hui vouloir intégrer la société civile dans la poursuite du projet, et reprendre le dialogue. Deux personnes ont été nommées fin 2017 à la Commission nationale du débat public, en tant que "garants chargés de veiller à la bonne information et à la participation du public jusqu’à l’ouverture de l’enquête publique".
Tout se met à nouveau en place pour encadrer et juguler réticences et refus populaire.

Parallèlement, la politique de soudoiement financier et le chantage à l’emploi s’intensifient sur le terrain, Sébastien Lecornu ne ménage pas ses efforts actuellement auprès des collectivités et élus du Grand Est. Quels nouveaux projets nucléaires le Comité de Haut Niveau qui se tient ce mercredi à Paris va t-il annoncer en Meuse et en Haute-Marne ? Il annonce des mesures qui vise "à co-construire le projet de territoire associé au Centre industriel de stockage géologique"… ce qui accentue du côté des habitants, le sentiment de dépossession de leur destin.

Pas de chèque en blanc à un projet non crédible, mais un refus catégorique à prendre en compte !

Les associations et organisations co-signataires exigent la remise à plat de l’ensemble du processus, incluant :

  • Arrêt de la politique de la répression sur la région de Bure, qui engage une dangereuse escalade et contrevient aux droits d’expression citoyenne
  • Abandon de l’option du stockage géologique, à Bure ou ailleurs, au profit de nouvelles voies de recherches
  • Abandon de la politique de nucléarisation du territoire qui s’intensifie actuellement, ainsi que de tout usage d’appâts financiers ou de campagne de communication de nature à influencer le jugement de la population
  • Arrêt de la filière électro-nucléaire et de tout projet de prolongation ou de renouvellement de celle-ci (EPR de Flamanville, exportation de nouveaux projets, réacteurs dits de nouvelle génération) annoncé récemment et, contre toute logique, par le gouvernement.

La tension qui s’exacerbe sur Meuse et Haute-Marne est injustifiable. La problématique Cigéo concerne le pays tout entier, les espoirs de la jeunesse actuelle et, bien au-delà, les générations futures...

1 / La Suède doit composer avec l’invalidité technologique de son projet en cours, et, si elle saute le pas malgré tout, engagera le pays via une décision politique lourde de conséquence. Les Etats-Unis ont expérimenté grandeur nature l’impossible réversibilité en matière d’enfouissement, via un accident aussi coûteux que catastrophique survenu sur lesite du Wipp, Nouveau Mexique.

SIGNATAIRES :
Asodedra, Burestop 55, Bure Zone Libre, Cedra 52, EODRA, Habitants vigilants de Gondrecourt-le-Château, MNE, Fédération MIRABEL Lorraine environnement
Des opposantes et opposants régionaux et nationaux à la poubelle nucléaire
Réseau Sortir du nucléaire, FNE Grand Est, France Nature Environnement

REVUE DE PRESSE :
L’ESSENTIEL / AFP - 7 mars 2018
Les acteurs du projet de Bure invités à Paris