Dans les années 70 et 80, la production d’énergie par le nucléaire suscitait de vives luttes, dont le rassemblement de 200 000 personnes contre la centrale Superphénix en France (Isère) datant de 1976 était exemplaire. Depuis, tout semble s’être calmé. Et pourtant, le nucléaire pose toujours les mêmes problèmes : des risques industriels aux conséquences potentielles terribles, des déchets ineffaçables qui restent dangereux durant des milliers d’années. Dès 1991, l’État envisage d’enfouir les déchets les plus radioactifs : le site choisi sera celui de Bure, dans la Meuse ; c’est le projet Cigéo. Aguerrie par l’expérience des décennies précédentes, l’administration concentre ses efforts sur « l’acceptabilité sociale » du projet. Mais comme l’indique une opposition tenace, tout cela ne manque pas d’ambiguïtés. L’évacuation de la ZAD de Bure le 22 février dernier aura montré un autre visage de cette politique : là où la stratégie de « l’acceptabilité sociale » ne fonctionne pas, il semble que la force policière doive prendre le relais.

Pour comprendre le contexte et les enjeux du projet Cigéo à Bure, nous avons rencontré Leny Patinaux, auteur d’une thèse remarquée sur la gestion des déchets nucléaires en France. Qu’est-ce qui guide la politique nucléaire française ? Les décisions sont-elles exclusivement l’affaire des experts ? À quoi peuvent bien servir les luttes ?

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