Quatrième inquiétude (4/5) : Poubelle atomique rime avec restriction (totale) des libertés

Les collectifs et associations locales poursuivent la campagne visuelle « BONS BAISERS (atomiques ?) de Meuse/Haute-Marne », alertant sur les principaux risques à courir si l’Andra obtient l’« utilité publique » puis l’autorisation de lancer l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure. Ils appellent les pouvoirs publics à ne pas céder au passage en force de Cigéo qui se prépare.

A chaque étape de son avancée, le projet de stockage des déchets nucléaires en Meuse-Haute-Marne renforce toujours plus une politique de contrôle de la population et de répression injustifiée qui empoisonne le quotidien des riverain-es. Qu’en sera-t-il si Cigéo est autorisé et s’installe ?

Autour de Bure, une campagne répressive hors-norme

Dès l’arrivée du projet en Meuse-Haute-Marne, la population s’est vue imposer une surveillance systématique de toute manifestation d’opposition : encadrement policier de tout rassemblement, intimidations et surveillance...
Alors que de nombreux militant-es expertisent le dossier Cigéo, informent, engagent des recours contre l’avancée d’un projet technologiquement et éthiquement toujours plus contesté, ce besoin d’apeurer s’est renforcé à partir de 2016. Un escadron de gendarmerie spécifique est installé à Gondrecourt-le-Château. Contrôles incessants des habitant-es, perquisitions, gardes-à-vue, dizaines de procès pour des motifs mineurs et mois de prison sont dénoncés notamment par la Ligue des Droits de l’Homme dans son rapport de 2019. De même, dans un jugement rendu le 11 juin 2020, la Cour d’Appel de Nancy a estimé que les réquisitions du procureur de Bar-le-Duc autorisant les gendarmes à contrôler de manière quasi permanente les habitants porte atteinte aux libertés individuelles et ont été jugés illégaux.

Entre 2017 et 2019, 29 personnes ont été mises sur écoute, des voitures de militant-es ont été équipées de balises de surveillance. Une "cellule Bure" créée à Nancy a mobilisé entre 5 et 10 policiers pendant plusieurs années. En 2018, une vague de perquisition chez 11 personnes suivies de gardes à vue ont débouché sur un procès à l’instruction fleuve (plus de 15 000 pages). Interdictions de territoire, contrôles judiciaires, interdiction de tout contact entre plus d’une dizaine de militant-es démontrent bien l’ampleur de ce qui se joue à Bure : il faudrait tuer impérativement et "quoi qu’il en coûte" toute contestation du projet Cigéo !

Avec Cigéo, fin des libertés individuelles et collectives ?

Outre les tentatives de désorganisation des mouvements d’opposition, la population est confrontée quotidiennement au ballet des voitures "bleues" dans les villages. Les contrôles d’identité s’intensifient en ce début d’année, aux motifs les plus exotiques et par des gendarmes armés.

Cette campagne d’intimidation semble n’avoir aucune justification, hormis celle de réprimer la contestation et d’apeurer des villageois-es de plus en plus conscient-es des impacts négatifs de Cigéo.
Par exemple, l’entrée dans le Bois Lejuc (forêt occupée par des opposant-es en 2017/2018 pour la protéger de la destruction alors que l’Andra n’a toujours pas d’autorisation pour Cigéo) est interdite et réglementée. Les restrictions des libertés individuelle et collectives ne feraient que s’intensifier si la Demande d’utilité publique (DUP) en cours d’étude a une réponse positive et si la région cède la place à l’installation du plus chantier européen le plus risqué du siècle.

Dans son avis de janvier 2021, l’Autorité environnementale apporte un éclairage inédit qui résonne et alarme : Il faudrait vider tout le territoire si une méga-poubelle atomique s’installe. Une prise de conscience salutaire semble saisir de nombreuses communes et collectivités actuellement invitées à donner leur avis dans le cadre de la DUP.