Dossier DAC Cigéo : une densité d’erreurs invraisemblables passées sous silence

Le 07/11/2024, la CRIIRAD alertait par courrier le Premier ministre. Elle demandait qu’une enquête soit diligentée afin d’identifier l’origine des erreurs nombreuses et graves qu’elle a détectées dans les travaux de l’Andra et les mesures à mettre en œuvre pour remédier à ces dysfonctionnements. En effet, son analyse critique de l’état des lieux radiologiques dans le dossier présenté à la demande d’utilité publique (DUP) mettait en évidence de nombreuses approximations, retrouvées dans le dossier de demande d’autorisation de création de Cigéo (DAC).
Cette analyse ne peut que jeter le trouble sur les nombreux autres volets de la demande d’autorisation de création de Cigéo, en cours d’instruction tels impacts du chantier, scénarios de sûreté post-fermeture, incidence santé humaine, etc.
La récente fusion des deux structures IRSN et ASN, en charge de l’instruction de la demande d’autorisation de création (DAC) est troublante. Poursuit-elle la logique de validation à tout prix déjà entamée par l’IRSN pour l’étude du projet Cigéo ? L’institut se retrouvait avec la patate chaude d’un dossier qu’en tout état de cause par probité, il devrait rejeter au vu d’énormes lacunes que ses scientifiques n’ont pu que constater, comme la CRIIRAD l’a démontré.

Une nomination alarmante au parfum de conflit malgré toutes les promesses ?

En tant que directeur général de l’Andra, P-M. Abadie a engagé sa responsabilité sur les dossiers de déclaration d’utilité publique (DUP) et de la DAC du projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique destiné aux déchets de haute activité et moyenne activité à vie longue).
Nommer le responsable de ce projet à la tête de la nouvelle autorité chargée, entre autres, d’instruire la demande d’autorisation de création de celui-ci jette un sérieux doute sur l’impartialité de cette instance.
Même si P-M Abadie a promis qu’une fois nommé, il se "déporterait du dossier et ne s’occuperait plus de Cigéo sur l’ensemble du mandat de six ans", comment croire qu’il ne sera pas juge et partie en la matière ?

Le 14/10/2024, les associations ACRO, BURESTOP, CEDRA 52, CRIIRAD, Global Chance, GSIEN et la Coordination Stop Cigéo, ont interpellé, en vainhttps://www.criirad.org/14-10-2024-..., les députés le 14/10/2024 au sujet de ce vote qui, dans un contexte particulièrement tendu (refonte du système de contrôle de la sûreté nucléaire, relance de la filière nucléaire, instruction d’un projet d’envergure inégalée), représente un enjeu majeur pour la sûreté nucléaire en France.

Un contexte politique qui laisse présager du pire

Le rapprochement entre IRSN et ASN tout comme cette scandaleuse nomination ont été initiés par E. Macron au service du lobby pronucléaire. Au mépris de nombreuses alertes et sans aucune projection réaliste sur l’avenir, le gouvernement a décidé de relancer une nouvelle générations de réacteurs nucléaires, qui produiront de nouveaux déchets dont on ne sait que faire... mais qui sont d’emblée fléchés arbitrairement vers Cigéo.
Le passage en force de la soi-disant solution "Cigéo" est bien là non pas pour résoudre l’impasse déchets, mais pour remettre en selle un nucléaire pourtant en perte de vitesse partout dans le monde.
Au vu des incertitudes majeures, tant technologiques qu’économiques et sociétales, qui entourent le projet de ce chantier d’une durée inédite (au moins 150 ans), la Coordination CIGEO/BURE STOP dénonce un système politique quasi totalitaire, dont notre territoire et les générations à venir feront les frais.