L’Union - 25.03.09 - Aurélie Juillard

Déchets nucléaires : la contestation enfle à Vanault

Les opposants à la candidature de Vanault-les-Dames à l’implantation d’un site de stockage de déchets radioactifs se manifestent et demandent au conseil municipal de revoir sa position.

Vanault-les-Dames, 357 habitants au dernier recensement et une réputation de petite commune bien tranquille aux confins de l’arrondissement vitryat… Et pourtant, depuis maintenant une dizaine de jours, le calme qui enveloppe habituellement le fief du député-maire Charles Amédée de Courson semble avoir été quelque peu perturbé. Certains signes ne trompent pas comme cette affichette placardée bien en évidence sous le panneau d’entrée du village : « Non aux déchets nucléaires ! Vanault-les-Dames doit retirer sa candidature de suite ! » Un message que l’on retrouve un peu partout aux portes et aux fenêtres des habitations, quand les propriétaires n’ont pas fait preuve d’imagination et ajouté de larges pancartes de carton aux dessins mortifères.

« Être informés »

Pas de doute, le vote par le conseil municipal vanaultier d’une délibération actant la candidature de la commune à des études de sol pour une éventuelle implantation d’un site de stockage de déchets radioactifs (lire par ailleurs) de l’Andra (Agence nationale de gestion des déchets radioactifs) suscite des réactions ! La décision a été prise en octobre dernier mais la population n’en a véritablement eu connaissance que ce mois-ci. Certains élus reconnaissent d’ailleurs à demi-mot « qu’il ne fallait pas en parler ». Résultat : aujourd’hui la colère est palpable chez bon nombre de leurs administrés. « On voudrait déjà être informés, on habite ici tout de même ! tempête ainsi Évelyne, 40 ans dont 21 passés dans la commune et farouchement opposée à l’arrivée d’une « poubelle nucléaire ». Pourquoi ne nous a-t-on pas demandé notre avis ? Et pourquoi n’en a-t-on jamais parlé ? Tout cela n’est pas clair ! »

Lui-même informé par voie de presse de l’existence de la délibération, un autre habitant, Edmond Racy, ancien chef d’entreprise ayant travaillé dans la dépollution, a décidé de passer à l’action. En commençant par mettre au courant l’ensemble de la population. « J’ai pris la décision de prendre ma plume et j’ai remis une lettre à tous les habitants pour demander une réunion publique, explique-t-il. Ceux qui le veulent inscrivent leur nom, adresse puis datent et signent la lettre pour la déposer en mairie. J’ai également adressé une lettre personnelle au maire pour demander une réunion extraordinaire du conseil municipal et le retrait de la candidature de Vanault. »

Depuis, ce retraité a reçu une multitude de coups de fil et de mails, des Vanaultiers bien sûr mais également des habitants des communes avoisinantes. « Les acteurs économiques locaux sont notamment très contrariés par cette situation », affirme M. Racy qui expose ses arguments avec calme : « Vanault n’a pas besoin d’argent pollué, c’est une commune riche et bien gérée. Des actions positives ont été engagées avec le projet de maison médicale, de nouveau lotissement ou encore d’extension de la cantine. Mais comment faire venir de nouvelles personnes avec l’arrivée des déchets nucléaires ? » Et de préciser, à bon entendeur : « Je ne suis pas opposé au nucléaire mais, pour moi, les déchets doivent être enfouis là où ils sont produits afin d’éviter leur transport qui est très dangereux ! »

Des partisans très discrets

Plusieurs habitants pointent de leur côté le contexte agricole et environnemental particulier de Vanault, à l’image de Laurence Krzyszczyk, exploitante agricole et à la tête de la chocolaterie Chérelle : « Ce projet va à l’encontre des produits artisanaux de qualité que nous défendons depuis 25 ans ! » souligne-t-elle, sans oublier d’évoquer « le souci de la nature mais aussi de la santé de nos descendants ».

Au restaurant local, on confirme : « C’est une idée de fous ! Ici, il y a l’agriculture et le champagne, il faut les préserver sinon que restera-t-il ? » Dans les rues du village, difficile de toute façon de croiser quelqu’un qui se dise favorable à la candidature de Vanault. Tout juste certains commerçants refusent-ils de prendre position, « neutralité professionnelle » oblige. Et du côté des membres du conseil, dont cinq ont voté pour le dossier Andra, on paraît plus pressé de s’exprimer lorsqu’on s’est prononcé contre. Unanimité en revanche lorsqu’il s’agit de déplorer le clivage apparu dans la commune.

De quoi conforter les opposants à l’arrivée des déchets qui entendent maintenir la pression. « Notre mouvement ne s’arrêtera que lorsqu’un procès-verbal de conseil définira que la commune n’est plus candidate, prévient M. Racy. Nous verrons si la question est à l’ordre du jour du prochain conseil municipal et, en fonction, nous agirons. » Le prochain conseil se tiendra demain soir. Et ce, même si plusieurs conseillers en ont fait la demande au premier magistrat, sans cette explosive question au menu…

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Le maire : « de l’agitation pour rien »

Pour le maire de Vanault-les-Dames, Charles de Courson, il n’y a pas de problème nucléaire dans sa commune. « Il y a beaucoup d’agitation pour rien dans le secteur autour de ce sujet », commente l’élu avant d’ajouter : « Les gens qui ont peur du nucléaire sont pourtant les mêmes qui utilisent cette énergie, sauf qu’ils ne veulent pas de déchets radioactifs chez eux ! »

Pour autant, le premier magistrat vanaultier le clame haut et fort : il a voté contre les études de sol pour l’implantation d’un site de stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue de l’Andra. « Ma position personnelle est connue, répète-t-il. Je suis hostile à ce projet pour deux raisons : un, parce que nous sommes en zone protégée, notamment Natura 2 000 ; deux, parce que connaissant le milieu, je sais que les lieux qui seront arrêtés par l’Andra (N.D.L.R. : Agence nationale de gestion des déchets radioactifs) ne seront pas ici.

Les responsables de l’Andra, et notamment son président, m’ont expliqué que le site serait une compensation à la fermeture de sites militaires en Lorraine. » Mais si une implantation n’est pas à l’ordre du jour à Vanault, pourquoi ne pas revoter et se retirer des listes de l’Andra, la population s’inquiétant d’une « candidature à vie » qui « pourrait être réutilisée par la suite » ? Réponse limpide du député-maire : "Il y a eu une décision du conseil, nous avons voté. Il y a eu cinq voix pour et quatre contre. Je respecte cette position, je suis un démocrate."