2012 : Potentiel géothermique de BURE occulté
LE REPUBLICAIN LORRAIN / 20/12/2012
Suites de la conférence de presse du 19/12/2012 à BAR-LE-DUC sur le sujet Géothermie.
L’Andra occulte le potentiel géothermique de Bure pour permettre l’enfouissement des déchets radioactifs à BURE. L’Andra est mise en demeure de fournir des explications sur cette dissimulation par 6 associations locales et nationale....
Enfouissement des déchets radioactifs
Bure : le potentiel géothermique en débat[/rouge
Les opposants à l’enfouissement des déchets radioactifs à Bure dégainent leur nouvelle arme : l’Andra aurait dissimulé le potentiel géothermique du site. Faux, rétorque l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.
Voilà un vieux dossier qui remonte à la surface. Et ce, au profit du bras de fer que se livrent partisans et opposants au projet de stockage des déchets nucléaires dans le sous-sol meusien.
Dans le rôle de l’homme par qui le scandale arrive, Antoine Godinot, géologue indépendant et néanmoins proche des écologistes, met le doigt sur ce qui constitue, à ses yeux, un flagrant délit de mauvaise foi, ou, à tout le moins, de « malfaçon » d’expertise scientifique et technique. En cause, un forage, réalisé en grande profondeur (1 862 m), dans une eau à 66° C piégée dans les grès du trias, et diligenté par l’Andra en 2008, conclut à la médiocrité du potentiel géothermique à Bure. Rédigé en anglais, le rapport de l’expertise mentionne un débit de 5m3 /h de la ressource géothermique. Une bricole au regard des 200 m3/ h nécessaires pour une exploitation géothermique, objecte-t-on au sein de l’Andra. Maurice Pagel, professeur à l’université Paris-Sud à Orsay, relève en outre d’autres handicaps : « Les prélèvements dans le forage ont, par ailleurs, mis en évidence une eau très salée (180g/l) alors que la salinité de l’eau de mer est de 35 g/l. Ce qui peut constituer un obstacle au fonctionnement d’un forage de géothermie profonde. Enfin, des essais de pom page ont permis de mesurer un débit moyen de 5m3 par heure. La faible circulation de l’eau est corroborée par des études isotopiques sur les origines de cette eau souterraine. Autant d’éléments qui ne plaident pas en faveur d’une exploitation géothermique ».
Dans les règles de l’art
Il faut dire que la loi stipule que l’ouvrage de stockage ne doit pas mettre en péril une ressource géologique à caractère exceptionnelle. Ce qui, pour Antoine Godinot, est le cas. Lequel accuse l’Andra de n’avoir pas effectué les travaux de forage dans les règles de l’art : « L’Andra n’a pas fait enlever la boue spécifique de forage et en a fait injecter dans les tuyaux de l’appareillage. Il en a résulté une obstruction externe et interne de la crépine [seule partie du tubage pourvue d’ouvertures, sous forme de très fines fentes horizontales, destinée à laisser passer l’eau lors du test]. Le débit observé de 5 m3 n’a donc aucune valeur ».
L’intéressé va plus loin. S’appuyant sur une étude conduite début 2000 par le BRGM, il explique que l’aquifère est aussi bon que les exploitations parisiennes en service depuis 30 ans. « Pas moins de 37 forages sont en activité dans les environs de Paris. Chacun d’eux permet de chauffer 2 600 appartements », assure, à titre de comparaison, Godinot qui appuie la démarche du Réseau Sortir du nucléaire, de mettre l’Andra en demeure de s’expliquer sur « les malfaçons » dénoncées. « Non seulement, il n’y a aucune ressource géothermique à caractère exceptionnel mais en plus la salinité et la demande en surface ne plaident guère en faveur d’une telle exploitation , réplique Marc-Antoine Martin, pour l’Andra. Quant à l’exploitation de la géothermie de surface, plus facile, elle est incompatible avec Cigéo (centre de stockage géologique), car nous avons pris en compte dans nos analyses de sûreté toutes les utilisations possibles des eaux de surface, que ce soit pour l’arrosage, ou l’alimentation des animaux ». Pas sûr que l’argument apaise la colère des anti-Bure qui dénoncent, à travers ce dossier, « une nouvelle tromperie » de l’Andra.
Xavier BROUET
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LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE / 20/12/2012
Ça chauffe pour Bure... ou pas
Pour les anti-Bure, l’Andra aurait volontairement caché ”¨le potentiel géothermique du laboratoire meusien. Pour l’Andra, ”¨au contraire, ce potentiel est nul. Entre les deux, le débat fait rage, ”¨au point que le réseau Sortir du nucléaire a envoyé une lettre ”¨de mise en demeure à l’Andra.
« A cet endroit, on va stériliser une énergie avec les déchets d’une autre énergie. En tant que citoyen, cela m’inquiète... » Le géologue Antoine Godinot ne mâche pas ses mots. Avec le collectif Burestop 55 et le réseau Sortir du nucléaire, il a repris les conclusions d’une étude d’un géologue chaumontais, André Mourot, et pense avoir mis en valeur le fort potentiel géothermique du site de Bure.
La géothermie consiste à utiliser la chaleur des profondeurs de la Terre pour produire de l’électricité. Au niveau de Bure, il faudrait creuser à presque 2 000 m. Pendant des années, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) renâcle à étudier ce potentiel. Il faut attendre 2008 pour qu’un forage soit lancé, dans la forêt de Montier-sur-Saulx, à hauteur du village de Ribeaucourt.
Malfaçon technique ou forage non viable ?
Pour l’Andra, ce forage révèle l’impossibilité d’exploiter cette ressource énergétique : « On est sur une formation de grès argileux. L’argile du terrain a empêché le forage, rappelle Patrick Lebon, directeur adjoint de la recherche et du développement de l’Andra. De plus, la salinité de l’eau enregistrée était cinq fois supérieure à celle de l’eau de mer. Pour qu’un puits géothermique soit rentable, il doit fonctionner une quinzaine d’années sans maintenance. Sur ce site, ce n’était clairement pas possible. »
Une vision que conteste aujourd’hui le collectif Burestop 55, au cours d’une conférence de presse qui avait lieu hier à Barle- Duc (Meuse). « On a découvert des malfaçons techniques et des tromperies sur ce fameux forage (malfaçons liées à la présence d’argile dans le tube de forage, ndlr), poursuit Antoine Godinot. L’Andra indique que la transmissivité est bonne (c’est-à-dire la facilité que l’eau a à voyager dans la roche, sa perméabilité en quelque sorte, ndlr), que le rabattement est important (la différence de hauteur d’eau entre deux niveaux de roches ; multiplié avec la transmissivité, le rabattement donne le débit, l’unité de mesure principale pour la géothermie, ndlr), mais que les deux donnent un débit faible !
« Physiquement, c’est impossible ! Ils ont volontairement saboté le forage ! » Pour les anti-Bure, c’est l’avenir même du laboratoire de stockage qui est en jeu. Le réseau Sortir du nucléaire a d’ailleurs envoyé une lettre de mise en demeure à l’Andra. Et le collectif Burestop 55 envisage de porter l’affaire devant le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc d’ici un mois...
Ca. A.
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