Stockage des déchets nucléaires : des « incertitudes » sur la taille de Cigéo
REPORTERRE - 11 juin 2024
Le centre de stockage Cigéo à Bure (Meuse) sera-t-il assez grand pour accueillir tous les déchets radioactifs que le parc nucléaire français va produire dans les prochaines décennies ? A priori oui, mais des incertitudes subsistent, a alerté l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Dans unavis publié le 10 juin, l’expert technique a estimé que le projet pourra bien absorber les déchets produits par le parc actuel (y compris en cas d’allongement de sa durée de vie jusqu’à soixante ans), par l’EPR de Flamanville et par six nouveaux EPR2. Dans cette perspective, « l’emprise du stockage pourrait dépasser de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres les limites actuelles de la zone d’implantation des ouvrages souterrains (Zios), tout en restant dans la zone de transposition dans laquelle la faisabilité d’un stockage a été montrée en 2005 », a indiqué l’IRSN.
En revanche, il n’est pas acquis que Cigéo sera suffisant en cas de construction de huit EPR2 supplémentaires ou de développement de petits réacteurs modulaires (SMR), a noté l’IRSN. Si ces options étaient retenues, « la capacité de l’installation à stocker davantage de déchets devra être évaluée sur la base de nouvelles études d’adaptabilité à des horizons temporels qui pourront être définis lorsque les décisions sur le futur parc auront été prises ».
Pour l’heure, rien n’a été gravé dans le marbre concernant ces huit EPR2 additionnels. En février, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé qu’il donnera « dès l’été » les « grands axes » pour la construction de ces réacteurs supplémentaires. Mais, interrogé à ce sujet mercredi 5 juin, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est montré très prudent à ce sujet. « Six EPR me paraît la quantité raisonnable d’absorption par notre industrie nucléaire, a-t-il jugé. Si EDF apporte la preuve de sa capacité à réaliser dans de bonnes conditions, dans les délais et dans les coûts, ces six EPR, il faudra considérer cette option de huit nouveaux EPR2. »
Cet avis de l’IRSN avait été sollicité par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui instruit en ce moment le dossier de demande d’autorisation de création de Cigéo déposé début 2023 par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).