Bure : vers une poubelle nucléaire pour toute l’’Europe ?
Le Conseil des Ministres de l’Union Européenne en adoptant le 19 juillet 2011 la « directive relative à la gestion du combustible usé et des déchets radioactifs », a mis un coup d’accélérateur à la scandaleuse politique d’un nucléaire officiellement « propre et sûr ».
Le collectif Burestop 55 s’’insurge contre la création de poubelles nucléaires transnationales, dont BURE, en Meuse (Est de la France).
Quels seront les quelques pays qui accueilleront ces millions de tonnes de déchets radioactifs ingérables, et qu’en diront les régions pressenties ?
Pourquoi chaque pays producteur n’a-t-il plus l’entière responsabilité de la gestion de ses propres déchets ?
A-t-on mesuré les conséquences et les risques liés à un accroissement de leur transport ?
Le stockage dit définitif (enfouissement) imposé par cette directive pour les déchets nucléaires les plus dangereux (de faible, moyenne et haute activité à vie longue) n’est en aucun cas une solution crédible. Des années de collecte de données sur les couches géologiques profondes de Bure laissent apparaître des inconnues majeures.
Cette directive pourrait laisser croire que la problématique déchets nucléaires est enfin résolue, que la gestion sera sûre et que le nucléaire a encore de belles années à venir. Il n’en est rien !
QUELQUES MEGA POUBELLES EUROPEENNES ?
« Deux États membres ou plus peuvent convenir d’utiliser un centre de stockage implanté sur le territoire de l’un eux » indique la directive.
Chaque pays jusqu’alors se devait de conserver sur son territoire ses déchets nucléaires, l’opération trompeuse du « retraitement » permettant toutefois d’en exporter une bonne partie sous couvert de « recyclage ». Certains pays pourront à présent accueillir les déchets produits par d’autres pays membres de l’Europe.
Le risque de voir seuls quelques sites européens dont Bure (Est de la France), Gorleben (Allemagne), Östhammar (Suède) ou encore Onkalo (Finlande) se transformer en poubelles européennes transnationales se précise. Avec toutes les conséquences que cela suppose pour les régions dont le destin de cimetière nucléaire grand format se joue à présent à un niveau européen.
Les pays n’ayant ni les réserves financières, ni le temps pour tenir les délais de mise en service de centre de stockage auront tout intérêt à se tourner vers les sites voisins.
ENFOUIR OU BIEN… ENFOUIR, CE N’EST PAS UN CHOIX !
"Sur le plan technique, il est largement accepté que l’enfouissement en profondeur constitue présentement l’option la plus sûre et la plus durable en tant qu’étape finale de la gestion des déchets de haute activité et du combustible usé considéré comme déchet"
L’option de l’enfouissement en couches géologiques profondes ou stockage dit « définitif » devient la voie unique à mettre en oeuvre pour les déchets les plus dangereux. Pourtant il subsiste toujours autant d’inconnues autour de celle-ci, partout où elle est à l’étude.
La multitude de données collectées n’augurent pas de la fiabilité du projet d’enfouir... Tout est question d’interprétation.
Un récent rapport* de l’organisme indépendant américain lEER (Institut pour la Recherche sur l’Energie et l’Environnement) sur les recherches menées à BURE pointe l’’optimisme excessif et généralisé de l’Andra, en ce qui concerne l’interprétation des données collectées. L’Andra émet des « hypothèses » très positives en matière de comportement de la roche à long terme, malgré toutes les inconnues que cela suppose. Des lacunes subsistent dans des domaines essentiels tels que circulation de l’eau, sismicité, homogénéité de la roche, impact de la chaleur émise par les déchets, impact du creusement..., et ce, à quatre ans du lancement de la construction du site d’enfouissement (2015).
Pour cet expert indépendant le calendrier officiel fixé est beaucoup trop tendu, des travaux supplémentaires sur une période de temps supérieure à quelques années seraient nécessaires.
EUROPE ET ILLUSOIRE DEMOCRATIE
Le calendrier fixé à 2015 pour la présentation des programmes nationaux est très serré. Il renforce la pression mise sur les processus législatifs de chaque pays. Il exclut de facto toute possibilité de choix citoyen et démocratique, toute réflexion éthique sur l’épineuse question des déchets nucléaires longtemps escamotée. Même si le texte prévoit que « la population doit aussi avoir la possibilité de participer effectivement aux processus de décision », les choix essentiels et définitifs sont faits, à un niveau qui dépasse à présent tout cadre national.
EXPORTER VERS DES PAYS TIERS
L’autorisation d’exportation vers des pays tiers, sous couvert de respect de conditions contraignantes (mise en place de stockage souterrain) est, malgré tout, une porte dangereusement ouverte au trafic des matières nucléaires qu’il n’aurait pas fallu ouvrir ! Le Parlement européen avait pourtant voté une interdiction totale des exportations le 23 juin 2011.
Récemment déstabilisée par la catastrophe de Fukushima et dépassée par ses propres déchets, l’industrie électronucléaire tente de faire croire « en la gestion sûre des déchets radioactifs et du combustible usé ». Pourtant chaque jour de production aggrave la quantité phénoménale de produits ingérables, leg empoisonné aux générations futures.
Sortir du nucléaire et au plus vite est une urgence vitale pour la planète. Le sort des déchets existants -tout reste à faire- ne doit plus dépendre d’intérêts économiques à court terme, de lobbies industriels omniprésents dans les instances décisionnelles ou de parlementaires inféodés à l’atome !
Le texte de la Directive en PDF
*Synthèse courte et rapport de l’IEER, CLIS de BURE, février 2010 sur http://www.clis-bure.com