1 - Nous sommes opposés à l’enfouissement des déchets nucléaires à haute activité et à vie longue (déchets B & C)
L’ enfouissement met en danger les générations futures :

>>> L’enfouissement ne vise qu’à retarder le retour des radionucléïdes dans la biosphère, il ne diminue et ne neutralise en aucun cas la dangereuse radioactivité.

“ ... Limiter et retarder le transfert de la radioactivité issue des déchets dès lors qu’il y a relâchement, et ce, afin de réduire au minimum les flux d’activités arrivant jusqu’à l’homme, en tirant parti autant que possible de la décroissance radioactive…” (Extrait du chapitre Objectifs des études / Bilan des Travaux 1994 de l’ANDRA)

"Il est impossible de prouver qu’un confinement restera efficace jusqu’à la décroissance totale de la radioactivité des déchets… Le but d’un stockage est de retarder au maximum son retour à la surface." (Rapport Bataille/page 73)

>>> Les emballages des colis qui conditionnent les déchets seront-ils fiables sur de si longues périodes ?

>>> Les études menées par des géophysiciens indépendants à BURE mettent en évidence les contre-indications majeures au stockage en profondeur : présence de failles, circulation d’eau souterraine inévitable, séismes, présence d’aquifères...

Et pourtant, l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs) et les Pouvoirs publics nient totalement l’existence de tout cela.

L’enfouissement des matières nucléaires met donc irrémédiablement en
danger l’eau souterraine, qui ira contaminer de très vastes régions.

Eau, terre, air seraient voués à une contamination radioactive incontrôlable à terme…

Ces déchets ont une durée de vie de l’ordre de plusieurs milliers, voire millions d’années (plutonium = 240 000 ans, par exemple). Il sera à l’évidence impossible de garder la mémoire d’un site de stockage pendant des millénaires.

On met en danger les générations futures, ce qui est contraire au Principe de Précaution.
L’enfouissement implique l’abandon définitif des déchets dans le sous-sol (la réversibilité est impossible) : la loi envisage, dans l’article 4, l’étude des deux possibilités de stockage réversible ou irréversible.

Le stockage réversible est irréalisable :

La réversibilité n’est qu’un argument, abondamment employé et destiné à convaincre les élus locaux et les populations. En effet la réversibilité est irréalisable.

L’ ANDRA elle-même reconnaît que les colis seront inaccessibles : “Si on conservait un accès vers les colis, cela nuirait à la sûreté et à l’étanchéité du site.” (Extrait du journal GÉO, déclaration du directeur de l’ANDRA)

Il y a donc incompatibilité entre la réversibilité et le fait que l’on doive reboucher les galeries. Elle ne sera que temporaire de l’aveu même des maîtres d’oeuvre : “Le stockage sera réversible pendant la durée de remplissage du site” . (Déclaration de MM. Régent & Courtois du CEA à l’ILCI de Bar-le-Duc)

De plus, pour des raisons de coût et de risques inévitables d’atteinte à la santé d’éventuels intervenants, la récupération des colis s’avérera à terme complètement impossible.

Le stockage irréversible est inacceptable :

Cette solution est inacceptable pour toutes les raisons énoncées précédemment (retour inévitable des radionucléïdes dans la biosphère et contamination irréversible, perte de la mémoire du site…).

Autrement dit, si l’on mettait en oeuvre la solution de l’enfouissement, on laisserait aux générations futures le choix (?) :

>>> de continuer à en assurer la réversibilité pendant des siècles (avec nécessité de reconditionnement des matières radioactives au fur et à mesure de la dégradation des colis et matériaux de construction du centre souterrain.). Quid de la stabilité des sociétés et du maintien du niveau technologique requis sur de si longues périodes ?

OU CELUI...

>>> de fermer définitivement le stockage (avec tous les risques de contamination progressive et irrémédiable du sous-sol à long terme).
DEUX CHOIX AUSSI EMPOISONNÉS L’UN QUE L’AUTRE !

.(Art. 4 - loi de 91) : Le Gouvernement adresse chaque année au Parlement un rapport faisant état de l’avancement des recherches sur la gestion des déchets radioactifs à haute activité et à vie longue et des travaux qui sont menés simultanément :... L’étude des possibilités de stockage réversible ou irréversible dans les formations géologiques profondes, notamment grâce à la réalisation de laboratoires souterrains…

2 - Nous sommes opposés aux projets de “laboratoires” car ils mènent inéluctablement à l’enfouissement

La loi du 31.12.91 est une loi de circonstance, destinée à qualifier des sites de stockage souterrains. Cette loi a été établie suite aux vives oppositions des populations et des élus aux projets d’enfouir en 1987. Sur les 15 articles de cette loi, 13 sont consacrés à l’axe de l’enfouissement en couches géologiques profondes au détriment des 2 autres voies de recherche complémentaires. La sub-surface permet le stockage (une solution d’attente ?) à moins 50 m environ. La transmutation ou séparation permettrait de diminuer la toxicité, mais cette technique complexe mettra des décennies pour aboutir... peut-être. Elle nécessite des réacteurs spécifiques et recrée de nouveaux déchets.

Le terme “de laboratoire de recherches géologiques” est un leurre destiné à masquer la finalité du projet !

L’ANDRA a été missionnée pour qualifier un ou des centre(s) de stockage pour 2006. Le vernis de “recherches géologiques” a essentiellement pour but de rassurer et abuser des élus et des populations, bien plus réfractaires à la notion de stockage de déchets.

Le manque de démocratie et d’information réelle est inacceptable dans un tel processus :

L’article 6 de la loi prévoit une concertation qui n’a jamais eu lieu, sur aucun des 4 sites étudiés de 1994 à 1999 (Gard / Vienne / Meuse / Haute-Marne). Le décret d’application, lui, prévoyait une consultation, que M. Bataille, médiateur était chargé de mener à bien. Celui-ci ne l’a pas réalisée. Un recours a été formé en 1995 par les collectifs d’opposants devant le Conseil d’État, il a été rejeté en 1997, ceci en contradiction totale avec l’avis du Commissaire du Gouvernement !

Il n’y a jamais de véritable débat contradictoire entre toutes les parties : promoteur du projet, élus locaux, collectivités, associations d’opposition et société civile.

L’ANDRA est à la fois juge et partie : propagande et promotion sur les sites, dans les écoles, milieux médicaux, petites et moyennes entreprise locales ; achat d’espaces de publi-information dans la presse locale et nationale...

.(Art. 6 - loi de 91 ) : Tout projet d’installation d’un laboratoire souterrain donne lieu, avant tout engagement des travaux de recherches préliminaires, à une concertation avec les élus et les populations des sites concernés, dans des conditions fixées par décret.

L’importance de l’accompagnement financier est révélatrice de la volonté d’enfouir : La loi a autorisé “l’achat des consciences” :

Avant l’enquête publique de 1997 et avant autorisation des travaux de construction à BURE, l’ANDRA a versé 5 MF par an pendant 3 ans et 10 MF en 1997, aux 4 départements concernés (Gard / Vienne / Meuse / Haute-Marne). N’apparente-t-on pas cette pratique à une forme de corruption ?

Depuis le décret d’août 1999 qui a retenu le site argileux de BURE, 9 M € par an sont attribués par le biais de GIP au département de la Meuse (BURE) et 9 M € à la Haute-Marne (mitoyen de la Meuse) pendant la durée des travaux de “laboratoire” . Au nom de quels risques et de quels dommages cachés ?

.(Art. 12 - loi de 91) : Un groupement d’intérêt public peut être constitué, dans les conditions prévues… en vue de mener des actions d’accompagnement et de gérer des équipements de nature à favoriser et à faciliter l’installation et l’exploitation de chaque laboratoire. Outre l’Etat et le titulaire de l’autorisation prévue à l’article 8, la région et le département où est situé le puits principal d’accès du territoire est à moins de dix kilomètres de ce puits, ainsi que tout organisme de coopération intercommunale dont l’objectif est de favoriser le développement économique de la zone concernée, peuvent adhérer de plein droit à ce groupement.

Il y a risque d’impact socio-économique négatif : tourisme, industrie agroalimentaire, viticulture, eaux minérales, thermalisme…

EN TERME D’IMAGE : l’installation d’une “poubelle nucléaire” véhicule une image négative. Le Tourisme vert, les Labels et Appellation d’Origine Contrôlée risquent une remise en cause très dommageable pour tout un pan économique des régions concernées.

EN TERME D’AVENIR : les perspectives financières proposées par l’ANDRA ne peuvent engager un véritable plan d’aménagement et de développement fondé sur les potentialités réelles des départements concernés.

Un déséquilibre économique est à craindre, dû à cette manne énorme mais exceptionnelle, et mal répartie. Ce développement artificiel constitue à terme un handicap, lorsque ces crédits n’existeront plus.

3 - Nous sommes opposés à la transformation de BURE en poubelle nucléaire souterraine

Contrer tout projet d’enfouir, à BURE ou ailleurs dans le monde !

Le déchet radioactif est par nature INGERABLE. On peut juste imaginer que l’on mette en oeuvre un mode de gestion le moins dangereux pour l’avenir pour les déchets existants, mais en aucun cas on ne peut parler de SOLUTION. Il n’existe pas à ce jour de moyens pour neutraliser leur toxicité.

Principalement issu des activités de la filière électro-nucléaire (combustible, activités des centrales, et futur démantèlement de celles-ci) il se divise en multiples catégories. Pour l’heure, les plus faiblements radioactifs (maximum 300 ans !) commencent à être stockés en surface (La Hague dans la Manche, Soulaines et Morvilliers dans l’Aube). Les déchets hautement radioactifs et à vie longue, concernés par l’enfouissement, attendent d’être conditionnés. Rien ne justifie cette hâte d’enfouir, sinon peut-être le fait de vouloir faussement démontrer que le cycle de la production électro-nucléaire est bouclé et viable ?

Quelles décisions en 2006 ?

La loi du 30.12.91 a prévu un rendez-vous parlementaire décisif en 2006. L’ ANDRA est chargée de remettre au gouvernement les conclusions des (pseudo) recherches menées sur les trois voies : la transmutation/séparation qui n’est pas prête d’aboutir et la voie de l’entreposage en sub-surface, pressenti dans le Gard notamment. Pour ce qui est de l’enfouissement : le temps d’études réellement effectuées à BURE sera d’une année (2005) et seul le terrain argileux aura été soumis à examen.

Tout semble concourir à l’accélération du processus : conclusions annuelles lénifiantes de la CNE (Commission Nationale d’Evaluation) en 2004, déclarations de l’ANDRA anticipant honteusement les résultats, pression européenne, projet de relance préalable d’un nouveau parc électro-nucléaire français, exportation du réacteur nucléaire EPR...

Les députés auront de lourdes décisions à prendre : comment gérer des déchets ingérables ?

La décision de poursuivre et de relancer un nouveau programme électro-nucléaire a été prise avant les conclusions des années d’étude induites par la loi Bataille sur le devenir des déchets déjà produits. Nous estimons donc, qu’en 2006, les conditions ne seront pas réunies pour débattre sereinement, de façon responsable et détachée d’impératifs tels qu’économiques, des solutions pour la gestion des déchets radioactifs, tant qu’un véritable bilan sur la production des déchets radioactifs ne sera pas fait, et surtout que la décision d’arrêter de produire ces déchets ne sera pas prise et mise en oeuvre.

4 - Pour toutes ces raisons, il est urgent d’attendre : on ne doit pas faire le choix d’ “empoisonner” la terre !

Face à un enfouissement qui semble programmé mais n’est pas décidé, la coordination nationale des collectifs et les collectifs BURE Stop ne cessent d’alerter, d’informer et de mobiliser des citoyens maintenus délibérement dans l’ignorance et jamais consultés. Il s’agit aujourd’hui de faire valoir des arguments qui se révèlent chaque jour plus justes et d’empêcher définitivement la transformation du faux labo en vraie poubelle nucléaire à BURE.