Les associations de la Coordination Stop Cigéo et du Front associatif et syndical contre le projet Cigéo ont lancé une grande campagne d’interpellation de diverses personnalités politiques et d’autorités afin de les informer des enseignements de l’avis de l’Autorité Environnementale du 13 janvier 2021 sur le dossier de demande d’utilité publique par l’ANDRA.

De cet avis nous tirons deux leçons capitales :

  • les incertitudes en défaveur du projet Cigéo sont rédhibitoires et doivent a minima mener à un gel de la procédure d’utilité publique.
  • Habiter à proximité d’un centre de stockage de déchets nucléaires expose à des risques. L’Autorité environnementale apporte un regard nouveau en ce qui concerne le futur des habitants du territoire. Elle va jusqu’à remettre en cause le bien-fondé du projet de territoire signé en 2019 par les deux conseils départementaux en reconnaissant l’existence d’un préjudice sanitaire. Elle estime nécessaire d’empêcher le développement économique du secteur si le projet est autorisé.

Ces éléments bouleversent le ronronnement habituel du processus

Le traitement médiatique de cet avis est révélateur, tous les articles convergent dans le même sens : médias locaux comme nationaux insistent sur les inconnues du projet à l’heure où il pourrait être déclaré d’utilité publique. Les élus locaux grondent : en témoigne cette réunion du Conseil communautaire des Portes de Meuse où les conseillers se sont retrouvés dans l’impossibilité de rendre un avis sur ce dossier car il comporte énormément d’imprécisions. L’Est Républicain titrait alors "Cigéo : des imprécisions agacent les élus".

L’Andra tente de désamorcer cet avis explosif

L’Andra l’a bien compris et effectue depuis une grosse opération de déminage de cet avis, allant à la rencontre des communes du premier périmètre autour de Bure afin de les rassurer. Des réunions en toute discrétion. Pour désamorcer cet avis explosif, elle joue la carte du temps. D’après elle, il est logique que des réponses de sûreté ne soient données qu’après déclaration d’utilité publique voire même après autorisation, sous prétexte que Cigéo s’inscrit dans la durée. La reine de l’esquive franchit un cap dans la politique du fait accompli ! Cigéo pourrait être déclaré d’utilité publique sans que l’on ait connaissance de l’inventaire final des déchets concernés, sans que l’Andra ne prouve sa capacité technique et financière de répondre à l’obligation légale de réversibilité et sans rapport de sûreté. Et nous devrions trouver cela normal ?

Pour contrer cette tentative de minimisation et mettre les autorités devant leurs responsabilités, nous avons adressé une série de courriers que nous rendons publics ici :

Au niveau national, nos associations ont rédigé un courrier à l’attention des Ministres de tutelle du projet Cigéo où nous demandons le gel de la procédure d’utilité publique. Les cabinets ministériels, les députés et sénateurs de le Meuse et de la Haute-Marne et le conseil d’administration du Clis de Bure en étaient également destinataires*.

Des associations du Front associatif et syndical contre le projet Cigéo ont rédigé leurs propres lettres et formulé cette même demande au regard des insuffisances du dossier.

Au niveau local, toutes les communes de Meuse et de Haute-Marne et un certain nombre des Vosges ont reçu un courrier de l’EODRA accompagné d’un dépliant où nous avons synthétisé les recommandations de l’avis de l’Autorité environnementale. Ce fascicule a également circulé vers les professionnels du tourisme de ces départements. Le manque d’information plurielle et contradictoire est un problème, de plus en plus exprimé par certains élus.

Le CEDRA avait également interpellé le Conseil Départemental du 52, considérant que les raisons qui avaient motivé la motion contre Unitech en septembre dernier devaient immanquablement mener à un avis défavorable sur le projet Cigéo.

Si le processus (DUP) n’était pas stoppé et si l’enquête publique se déroulait malgré tout, ce serait une profonde entaille de plus dans l’histoire de ce projet hors-norme et déjà sévèrement abimée par de lourds dénis démocratiques.

*L’ensemble de ces courriers a été transmis aux responsables, président-es ou représentant-es de ces entités : HCTISN (Haut comité pour transparence et l’information sur la sécurité nucléaire), ANCCLI (Association nationale des comités et commissions locales d’information), Cour des comptes et chambre régionale des comptes Grand Est, IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) ASN (Autorité de sûreté nucléaire), membres de l’AE (Autorité Environnementale), groupes de travail PNGMDR (Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs) et garant-es CNDP (Commission nationale du débat public) chargé-es de veiller à la bonne information et à la participation du public dans ce cadre, ainsi qu’à celles et ceux de la concertation post-débat public sur le projet Cigéo. Nous considérons qu’il est de la responsabilité de chacune de ces structures de tirer les conclusions qui s’imposent et d’exiger de l’Andra qu’elle suive l’intégralité des recommandations effectuées par l’AE.