Samedi 12 juin 2010, des opposants à l’enfouissement des déchets nucléaires, citoyens et élus, venant de Meuse et des Vosges, ont bloqué deux des camions de reconnaissance sismique, campagne réalisée par l’Andra, tous les 120 mètres, sur les 37 km2 de la Zone désignée par le gouvernement début 2010.

Par cette action, ils entendent dénoncer :

  • la non-information des habitants des 4 villages (Bure, Mandres, Ribeaucourt, Bonnet) désignés par le gouvernement en janvier 2010 pour la poubelle atomique souterraine,
  • la non-consultation des 45 000 meusiens et haut-marnais, qui attendent toujours un référendum sur la question de BURE,
  • l’inutilité du débat public de 2013 sur la question car il sera trop tard. L’Andra et le nucléaire avancent, et le pseudo-débat intervient ensuite, quand il est impossible de revenir en arrière,
  • le manque de transparence des travaux de l’Andra ayant conduit à la désignation de cette zone,
  • l’opacité qui entoure le projet : outre le site de stockage souterrain, des zones de stockage temporaire en surface sont prévues, mais aucune information claire et précise n’est disponible : quelles surface, quelle durée, quelles conséquences environnementales ?
  • les dangers de l’enfouissement qui sera irréversible et définitif, contrairement à la communication officielle autour du postulat mensonger de la "réversibilité du stockage".

Est républicain / 13/06/2010

Bure : la 3D à l’arrêt

Les militants antinucléaires ont bloqué, hier matin, les camions vibrateurs qui participent à la campagne de reconnaissance sismique du sous-sol.

Les manifestants n’ont pas eu besoin de s’enchaîner aux engins ni de se coucher devant leurs roues. En les voyant traverser les champs de féveroles pour se diriger vers eux, entre Bonnet et Mandres-en-Barrois, les conducteurs ont tout simplement cessé le travail, hier, en milieu de matinée.

Durant deux heures, vingt et un militants antinucléaires ont bloqué deux camions-vibrateurs et empêché la poursuite de la reconnaissance sismique en trois dimensions qui a débuté il y a trois semaines pour permettre de définir l’emplacement précis du futur centre de stockage souterrain de déchets radioactifs au sein d’une zone de 37 km2 dans le secteur de Bure.

« On voulait montrer à l’Andra qu’on pouvait arrêter les camions et que tout ça ne se fait pas sans opposition », explique Jean-Marc Fleury, représentant les élus meusiens et haut-marnais opposés à l’enfouissement des déchets. À ses côtés, toutes les associations et collectifs antinucléaires de la région étaient représentés. De même que le maire de Bonnet, Jean-Pierre Remmelé, dont le conseil municipal s’est prononcé en vain contre la poursuite des recherches sur le territoire communal.

« Entrer en résistance »
« Ils font ces recherches qui coûtent cinq millions d’euros mais ils ne nous diront rien s’ils trouvent des failles », estime un manifestant. « Le directeur du labo de Bure a déjà prévenu qu’il n’avait pas l’accord de la direction de l’Andra pour communiquer aux experts mandatés par le comité d’information et de surveillance le résultat des études déjà réalisées… C’est dire ! » À mesure que la perspective d’un stockage souterrain dans la Meuse se précise, les militants antinucléaires assurent que la tension monte. « Nous ferons d’autres actions de ce type, toujours de manière pacifique et sans rien dégrader, mais on ne pourra pas contrôler tout le monde », préviennent-ils. « On appelle les Meusiens et les Hauts-Marnais à entrer en résistance », ajoute une militante vosgienne.
Avec malice, elle invite les dirigeants de l’Andra à se glisser sous le gisant de saint Florentin qui s’élève dans le mitan de la grande nef de l’église de Bonnet en rappelant que le saint homme, fils du roi d’Écosse, aidait autrefois les gens à retrouver la raison. Depuis plusieurs siècles de nombreuses personnes atteintes de démence ont ainsi été miraculeusement guéries.

Baptiste BIZE

La quatrième campagne de sismique : Entamée le 18 mai, la campagne de reconnaissance sismique du sous-sol en trois dimensions doit s’achever à la fin de l’été. À chacun des 15.500 tirs d’ondes des camions vibrateurs programmés d’ici là, 1.440 capteurs enregistrent des signaux qui sont collectés. Il s’agit de la quatrième campagne de ce type commandée par l’Andra dans le secteur de Bure. Le maillage est cette fois plus dense : le camion vibrateur qui envoie des trains d’ondes dans le sous-sol ne passe plus tous les trois kilomètres mais tous les 120 mètres. Cette campagne doit permettre d’ausculter le sous-sol jusqu’à 1.000 mètres de profondeur dans une zone de 37 km2.

Portfolio