Enfouissement des déchets nucléaires : des souvenirs plein la tête
Source : Le Progrès
Enfouissement des déchets nucléaires : des souvenirs plein la tête
Les quatre auteurs des « Révoltés de Montéfanty » et leur éditeur Robert Ferraris / Archives Olivier Leroy
20 ans après la fin de leur combat, les principaux acteurs de la révolte menée en Bresse contre l’enfouissement de déchets radioactifs ont publié un livre et gardent un œil sur cette question
La nouvelle est tombée le 19 mars 1987 : l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) annonce son projet de stocker des déchets dangereux et désigne pour cela quatre sites, dont la Bresse, à cause de son sol très salin. L’idée était d’enfouir les déchets à 600 ou 700 mètres de profondeur dans le hameau de Montéfanty. Rapidement, c’est la levée de boucliers en Bresse.
En juin 2010, quatre acteurs de l’époque ont sorti un livre : Louis Jannel, médecin, maire de Montrevel et conseiller général à l’époque ; Jean-Paul Comas, chef d’entreprise ; Serge Favier, ancien instituteur et secrétaire de mairie à Fontenay, et instigateur du mouvement Sauvegarde de la Bresse ; et enfin Antoine Rousset, journaliste qui suivait les événements. Dès 1987, cette lutte a vite réuni habitants, responsables agricoles, ouvriers, patrons et élus de tous bords.
C’est début 2010 qu’ils se sont lancés dans la rédaction du livre. « Ça faisait 20 ans, et on s’est dit que les témoins allaient disparaître. Il fallait donc laisser une trace de ce qu’il s’était passé et de l’unité qu’avait connue la Bresse », explique Serge Favier. Le livre réunit donc des coupures de presse et des témoignages. L’occasion de découvrir ce combat qui a connu des phases plutôt calmes, des actions ludiques et d’autres plus « violentes » comme lorsque les « révoltés » ont détruit à la pelleteuse la route qui menait au terrain désigné pour l’enfouissement.
Aujourd’hui, aucun des acteurs ne poursuit son engagement contre l’enfouissement de déchets. « Le mouvement s’est éteint de lui-même une fois que le moratoire est sorti et qu’on était sûrs que la Bresse ne serait pas touchée », explique Antoine Rousset. Le livre, lui, s’est vendu à 500 exemplaires et va être réédité. Mais, aujourd’hui, Serge Favier suit la question et reste persuadé des dangers de ces méthodes. « C’est un sujet qui nous préoccupe toujours. Il n’existe pas de solution technique permettant d’éliminer ces déchets. Pour l’instant, ils n’ont trouvé que l’enfouissement. Mais ces déchets restent toxiques pendant très longtemps ». Les quatre sites désignés en 1987 ont échappé à l’enfouissement. Aujourd’hui, l’Andra miserait plutôt sur des sols argileux ou granitiques. La Bresse n’a donc plus grand-chose à craindre. Mais finalement, un laboratoire souterrain a été construit à Bure, dans la Meuse, sur un site argileux. « On est au point mort sur la question des déchets, lance Serge Favier. Mais cette question prendra sûrement de l’ampleur dans les années à venir. Parce qu’on est parti dans le nucléaire comme dans un avion sans trains d’atterrissage et sans piste ».
« Les Révoltés de Montéfanty », Jean-Paul Comas, Serge Favier, Louis Jannel, Antoine Rousset. Éditons Le Diamant de la Vouivre.