2013 - Delphine Batho, ministre de l’Environnement, en visite à BURE
REVUE DE PRESSE
Pour la ministre de l’environnement Delphine Batho, la solution de l’enfouissement est la plus sûre... Sans commentaires.
EST REPUBLICAIN 05.02.13 / Sébastien Georges
La ministre de l’Ecologie et du développement durable a arpenté, hier, les galeries du laboratoire de l’Andra.
Avant la décision finale prise par décret du gouvernement en 2016, un débat public sera organisé dans quelques mois autour du projet industriel de centre de stockage industriel géologique des déchets radioactifs (Cigéo) proposé par l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) en Meuse. Delphine Batho estime que c’est la solution la plus sûre.
La ministre de l’Ecologie et du développement durable a découvert hier le laboratoire de recherche de l’Andra situé à 500 m de profondeur à Bure (Meuse). Casquée et vêtue d’une combinaison et de chaussures de sécurité, masque à oxygène en ceinture, Delphine Batho a arpenté les galeries. « C’est important de découvrir ces recherches avec les scientifiques et chercheurs. Le confinement géologique est la solution la plus sûre pour les générations futures », confiait Delphine Batho, près du plan d’un tunnelier qui creusera de nouvelles galeries et d’alvéoles bourrées de capteurs dont une de 100 m, destinée à accueillir les colis des déchets plus dangereux.
Après une visite menée tambour battant (34’), une rencontre avec des opposants, Delphine Batho a retrouvé le gratin de la filière nucléaire réuni avec l’Andra et les élus de Meuse et de Haute-Marne. Objet de ce comité de haut niveau où l’on croisait les frères ennemis Luc Oursel, président d’Areva et Henri Proglio, président d’EDF ainsi que le directeur général du CEA, Bernard Bigot, le développement économique local. Peu de décisions concrètes au final alors que les élus meusiens et haut-marnais attendent davantage des grandes entreprises.
Un sous-préfet spécial
Si leurs patrons ont rappelé ce qu’ils avaient déjà consenti, la ministre leur a demandé de faire mieux. « Un sous-préfet spécialiste des questions économiques pour la zone interdépartementale concernée par l’Andra sera nommé. Il travaillera pour renforcer cet accompagnement. Il y a un écart entre les volumes financiers mobilisés et la perception des élus et des citoyens sur l’utilisation locale. Il y a un engagement des entreprises pour développer des projets locaux et on relance le projet Syndièse du CEA (transformation du bois en biocarburant). Pour le prochain Comité de haut niveau, il y aura une présentation de la réforme de la fiscalité sur la zone ».
Selon Delphine Batho, les entreprises de la filière ont déjà investi dans des projets 697 M€ dont 135 pour les entreprises locales. « L’objectif est de renforcer cela, de permettre à des entreprises locales d’accéder à de grands marchés ». Un pas en avant souligné par Christian Namy, le sénateur président de la Meuse qui demande plus. « Nous avons été écoutés. La ministre est impliquée. Elle a alerté les opérateurs. Ces derniers sont encore trop évasifs et s’en sortent par des pirouettes. En 2012, EDF a réduit ses investissements de 20 %. Avec Bruno Sidot, le président de la Haute-Marne, on souhaite une dotation de 20 M€ supplémentaire pour aider les entreprises et des créations d’emplois des opérateurs. Nous n’avons pas eu de réponse ».
Delphine Batho a réaffirmé que l’enjeu était majeur car « les déchets radioactifs existent et il faut les traiter. C’est notre responsabilité par rapport aux générations futures ». Elle a insisté sur le caractère réversible du centre de stockage « qui donne à l’Andra des contraintes techniques supplémentaires mais c’est un principe très important ». Au moins pendant les 100 premières années d’exploitation du stockage. Marie-Claude Dupuy, directrice de l’Andra, a toutefois rappelé : « Nous ferons des propositions mais une chose est certaine, la sûreté à long terme passe par la fermeture ».
Trois opposants reçus et un agneau
Une quarantaine de manifestants se sont massés hier après-midi devant les grilles de l’Andra alors que le comité de haut niveau était en cours. Calmes, ils avaient en main des drapeaux et des banderoles dénonçant le projet et le comportement de l’Andra et un agneau vêtu d’un manteau « sauvez-moi » qu’ils auraient aimé offrir à la ministre.
Après Dominique Ronga, la représentante meusienne de EELV opposé à Cigéo, Delphine Batho a rencontré Michel Gueritte (QV), Michel Marie (Cedra) et Romain Virrion (Mirabel Lorraine Environnement). Leur seule satisfaction : avoir été reçus. Ayant déposé une vingtaine de questions dont une lui demandant si elle était prête à acheter une fermette à Mandres-en-Barrois dans le secteur, Michel Gueritte dénonçait une « vaste journée de communication et de corruption puisque cette réunion du comité de haut niveau est dédiée à distribuer de l’argent aux élus et aux collectivités. Le projet est acté. L’échange a été cordial. On nous a parlé de transparence, de débat démocratique et de réversibilité. La réversibilité, c’est un leurre. Quant à la démocratie et la transparence, elles sont bafouées en permanence ».
Romain Virrion du Réseau Mirabel Lorraine avait le visage fermé : « La réversibilité n’est pas possible. Le contact a le mérite d’exister. Elle parle de démocratie, nous, on souhaite le respect des lois ». Michel Marie de la Cedra était dépité : « C’est désolant. On espérait le changement. Il n’y a rien. On nous dit toujours les mêmes choses depuis vingt ans. On lui a demandé d’arrêter de verser de l’argent et d’acheter les consciences. Elle nous a répondu : pas question ».
EST REPUBLICAIN 04.02.13 / Sébastien Georges
Cette solution est la plus sûre
À Bure dans la Meuse, Delphine Batho présidera aujourd’hui un comité de haut niveau dont l’objectif est d’encourager les opérateurs de la filière nucléaire (EDF, AREVA, le CEA) à s’impliquer dans le développement local de cette zone où est étudiée la possibilité de stocker géologiquement les déchets radioactifs les plus dangereux, ceux produits par les centrales.
Pour cela, l’Andra, l’agence qui a en charge la gestion, propose de créer un centre industriel de stockage géologique à l’horizon 2025 dans cette zone interdépartementale à faible densité de population, limitrophe entre la Meuse et la Haute-Marne. Un débat public sur le projet est programmé pour le printemps. La réunion promet d’être animée entre les élus locaux (parlementaires, présidents des conseils généraux) d’une part et l’Andra ainsi que les grands producteurs de déchets radioactifs d’autre part.
L’enjeu : les compensations et retombées pour les territoires qui accepteraient de recevoir dans leurs sous-sols ces déchets actifs pendant des millions d’années. Aujourd’hui, selon Christian Namy, le président de la Meuse associé à son homologue de Haute-Marne, Bruno Sidot, mais aussi d’autres comme Gérard Longuet, le compte n’y est pas.
Ils réclament non seulement des retombées sonnantes et trébuchantes à l’image des 30 M€ octroyés à chacun des GIP des deux départements mais aussi des retombées économiques, c’est-à-dire l’installation de site industriel amenant des emplois et de l’activité réelle sur le terrain. Ils réclament aussi plus de transparence et de collaboration de l’Andra, notamment dans le dévoilement de son projet et des lieux exacts où l’agence entend poser ses installations de surface. Les services de l’État sont aussi très attendus quant au déploiement des infrastructures nécessaires pour l’accueil d’un site industriel qui pourrait être exploité pendant 100 ans.
Christian Namy rappelle que, pour l’instant, les collectivités ont seulement accepté l’installation d’un laboratoire de recherche, en place depuis 2001 mais pas d’un centre de stockage. Après avoir visité dans la matinée ce laboratoire à 500 m de profondeur, Delphine Batho sera donc très attendue autour de la table sur les orientations du gouvernement et sur les arbitrages qu’elle pourra proposer.
Les adversaires du projet seront également là pour rappeler leur hostilité à ce projet qu’ils ne jugent fou, pas abouti et pas sûr. À 15 h 30, les associations écologiques ont appelé à la manifestation devant les grilles de l’Andra à Bure où se déroule la réunion du Comité de Haut-Niveau.
ENTRETIEN
Delphine Batho se rend ce matin en Meuse pour découvrir les recherches menées par l’Andra au sein de son laboratoire souterrain de Bure dans le cadre de son projet de centre industriel de stockage géologique des déchets radioactifs (Cigéo) prévu en 2025.
Dans les débats sur la filière nucléaire, on parle rarement des déchets. Quel est votre regard sur cette problématique ?
Les déchets radioactifs existent. Il faut assurer leur stockage dans des conditions sûres, et ce indépendamment de l’évolution de notre mix énergétique et de la part du nucléaire qui fait l’objet du débat national sur la transition énergétique. C’est un sujet essentiel qui doit être abordé avec responsabilité. Cigéo est un projet au long cours, lancé en 1991. Le stockage en couche géologique profonde est la solution la plus responsable vis-à-vis des générations futures pour assurer un confinement le plus sûr possible des déchets radioactifs. Ce sujet est incontournable. 60 % des déchets de moyenne activité vie longue appelés à être stockés dans Cigéo sont déjà produits.
Le principe du stockage géologique peut-il être remis en cause ?
La loi de 2006 a fixé de très bons principes. Notamment celui du choix de la solution technique et technologique la plus performante. Le stockage géologique est la solution de référence. Il y a aussi deux autres principes très importants. D’abord la réversibilité, qui garantit aux générations futures la possibilité d’opter pour d’autres solutions. Ensuite, le débat démocratique. Le projet Cigéo est soumis au débat public. Il se déroulera cette année comme il y en a déjà eu un, avant la loi de 2006.
Que répondez-vous à ceux qui parlent de débat bidon ?
La Commission Nationale du Débat Public est indépendante. C’est la garantie que chacun pourra donner son avis et faire valoir son point de vue. Aujourd’hui, je recevrai une délégation d’opposants au projet. Nous attendons l’arbitrage et la décision de la CNDP sur les dates du débat. Certaines associations demandent de le décaler en raison du débat sur la transition énergétique. D’autres, notamment les élus, ne souhaitent pas un décalage trop important. La CNDP trouvera la bonne articulation. Il se déroulera en 2013.
Cette solution ne risque-t-elle pas de provoquer de nouvelles tensions avec vos alliés de Europe-Ecologie Les Verts qui sont contre ?
Mon rôle est de mettre en œuvre la loi de 2006. C’est la solution la plus sûre pour confiner les déchets. Avec nos alliés d’EELV, nous pouvons avoir des différences sur ce sujet comme sur d’autres. Mais les convergences, qui nous rassemblent sur la nécessité d’une transition énergétique et sur les économies d’énergie, nous permettent d’avancer ensemble.
Aujourd’hui, vous visitez les installations de l’Andra et vous présidez le Comité de Haut Niveau fixant l’accompagnement local par les grands producteurs de déchets (EDF, Areva, CEA). Les élus de la Meuse et de la Haute-Marne dénoncent un essoufflement de l’accompagnement et l’absence d’activités créatrices d’emplois pérennes. Qu’en pensez-vous ?
Il s’agit du premier comité de haut niveau de la législature et il précède le débat public. Il est très important. Ma volonté est de renforcer l’accompagnement du développement économique local. Pour préparer ce rendez-vous, j’ai reçu les élus et j’ai bien entendu leur message. Nous avons déjà maintenu à 30 M€ la dotation à chacun des GIP au lieu de la réduire à 20 M€ comme prévu. Le dossier Syndièse (reconversion du bois en biocarburant) avec le CEA sera relancé avec le programme des investissements d’avenir. Ces deux départements accueillent un projet d’intérêt national. Il est normal que la solidarité nationale joue avec des retombées économiques et des créations d’emplois.
Avec Cigéo, l’Andra, à qui il est reproché son manque de transparence, développe un projet industriel. Est-ce dans ces compétences alors que certains producteurs estiment qu’ils pourraient au moins aussi bien pour moins cher ?
L’Andra a fait preuve de sa compétence et d’excellence dans le domaine des déchets. On le verra dans les éléments qu’elle présentera lors du débat public. La particularité de notre filière industrielle nucléaire est qu’elle maîtrise l’ensemble du cycle : combustible, centrale, gestion des déchets et démantèlement. Avec la fermeture de Fessenheim, il y a aussi l’enjeu de montrer le savoir-faire français en matière de démantèlement. D’ici à 2040, il y aura 400 réacteurs à démanteler dans le monde. Notre industrie nucléaire doit pouvoir mettre en avant ses compétences et son excellence. L’Andra fait partie à part entière de cette filière dont l’expérience et la technologie intéressent beaucoup de pays.
LE PARISIEN 04/02/2013
Déchets radioactifs : Mme Batho promet « transparence et réversibilité »
La ministre de l’Ecologie, Delphine Batho, a réaffirmé lundi les « principes de transparence, réversibilité et de démocratie » concernant le laboratoire souterrain de Bure (Meuse), qui doit préparer un futur site de stockage de déchets radioactifs, lors d’une visite sur place.Retour ligne automatique
Mme Batho participait à la première réunion du « Comité de haut niveau » de ce projet depuis l’élection à la présidence de la République de François Hollande, aux côtés des dirigeants de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), d’EDF et d’Areva, ainsi que de plusieurs élus.
« Nous avons eu une discussion approfondie : cette réunion était très importante car elle précède le débat public. J’ai réaffirmé le principe de transparence, de réversibilité, de démocratie et du choix de la solution de référence » en matière de stockage de déchets radioactifs, a indiqué la ministre lors d’une conférence de presse.Retour ligne automatique
Elle a, par ailleurs, annoncé la création d’un poste de sous-préfet consacré au centre d’enfouissement, après avoir reconnu qu’il existait « un écart entre la réalité des moyens de financement et la perception des citoyens et des élus ».Retour ligne automatique
La ministre avait reçu en début d’après-midi une délégation de trois opposants au projet, qui dénoncent pour leur part des « risques monstrueux » et « l’absence de garanties ».Retour ligne automatique
« On parie sur un truc dont on ne sait rien. Pourquoi se dépêche-t-on à enfouir ? » a interrogé un militant, Michel Gueritte, de la Fédération Grand-Est « Stop déchets nucléaires ».Retour ligne automatique
« Cette rencontre a été désolante. On attendait un changement avec l’élection de François Hollande, on ne l’a pas eu », a renchéri un autre opposant, Michel Marie, alors qu’une trentaine de militants s’étaient réunis devant le laboratoire dans l’après-midi.Retour ligne automatique
La ministre a confirmé qu’un débat public se déroulerait en 2013, « avec lequel le débat sur la transition énergétique devra trouver une articulation ».Retour ligne automatique
Delphine Batho a affirmé que « le stockage en couche géologique profonde (était) la référence internationale », et appelé à « une gouvernance démocratique du projet de centre industriel de stockage géologique (Cigéo), avec des échéances régulières de débat ».Retour ligne automatique
L’Andra développe depuis 1998 à Bure un projet de « tombeau » des déchets radioactifs les plus dangereux produits en France par le nucléaire civil et militaire, qui devrait être mis en service en 2025.Retour ligne automatique
Le Cigéo doit servir à confiner pour une très longue durée quelque 100.000 m3 de déchets nucléaires à haute et moyenne activité.Retour ligne automatique
Le laboratoire de Bure est composé d’installations en surface (locaux administratifs, ateliers, laboratoires et bâtiment d’accueil du public), sur une superficie d’environ 17 hectares, et de plus de 700 mètres d’installations souterraines, à 445 et 490 mètres de profondeur, selon l’Andra.Retour ligne automatique
La ministre a indiqué « ne pas avoir exactement le chiffrage des retombées d’emploi », mais a évoqué « 135 millions d’euros d’achats aux entreprises locales » par les investisseurs.Retour ligne automatique
Depuis 1991, le laboratoire de Bure a coûté 1,5 milliard d’euros.
LE REPUBLICAIN LORRAIN - 05/02/2013 - Philippe Marque
Delphine Batho met le cap sur l’enfouissement
Seul un revirement politique peut encore empêcher le stockage des déchets nucléaires les plus dangereux en Meuse. Il ne viendra pas de Delphine Batho. La ministre de l’Écologie a visité, hier, le laboratoire de Bure.
Elle a marqué un long silence. Un très long silence. On venait de lui demander s’il lui arrivait de douter de la solution de l’enfouissement des déchets nucléaires, sachant qu’elle engage des centaines de générations. Puis Delphine Batho, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie a fini par se lancer : « Bien sûr qu’il s’agit d’une responsabilité. Mais scientifiquement et techniquement, c’est la solution la plus sûre. Nous tous qui sommes là, nous ne sommes que les maillons d’une chaîne qui a démarré en 1991 et que d’autres poursuivront. Mais ce qui est sûr, c’est que 60 % des déchets nucléaires destinés à ce centre ont déjà été produits. C’est un problème qu’on ne peut pas laisser aux générations futures. »
Nous sommes 500 mètres sous terre. Dans la couche d’argile jugée apte pour accueillir, à quelques kilomètres de là, à partir de 2025, les déchets nucléaires ultimes, les plus dangereux. Ceux qui ne deviennent inoffensifs qu’au bout d’un million d’années. Casque de protection sur la tête, masque à oxygène bien harnaché autour de la taille, la jeune ministre, 36 ans, a arpenté une partie des 1 200 mètres de galeries du laboratoire souterrain de l’Andra. Là où la faisabilité de l’opération est étudiée depuis 2 000. Elle sera restée très exactement 34 mn. À découvrir la galerie où les armoires informatiques collectent les données envoyées par tous les capteurs disséminés dans la roche. À observer les différentes alvéoles horizontales testées pour accueillir les fameux colis HAVL, de haute activité à vie longue. Et à poser plusieurs questions, de manière très studieuse, tant sur la géologie, que sur les techniques d’enfouissement ou le fonctionnement du labo. « C’est un moment de transparence qui me permet de comprendre directement cette solution de stockage, qui, au niveau international, constitue une référence », note-t-elle.
Les opposants, qui savent que seul un revirement politique peut désormais empêcher la réalisation de ce centre d’enfouissement en Meuse, sont fixés. Ce retournement de situation ne viendra pas du gouvernement Ayrault, qui s’inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs. Hier, ils étaient une trentaine à manifester sans heurts – mais désireux d’offrir à la ministre… un mouton ! – devant les grilles de l’espace technologique de Bure.
De marbre face aux opposants
Trois d’entre eux, Michel Gueritte, Michel Marie et Romain Virion, ont été reçus par la ministre, puis par son cabinet. Vingt questions leur ont été remises. Dont celle-là : « Pourquoi le président Hollande autoriserait-il à Bure le projet d’enfouissement que le député Hollande a refusé en 2000 en Corrèze ? » Elle n’y a pas répondu. Elle n’a pas non plus réagi à la proposition d’acheter une fermette à Mandres-En-Barrois pour y passer sa retraite. « Elle nous a rappelé que la loi de 2006 avait décidé de l’enfouissement, donc qu’on enfouissait », explique la délégation, un brin dépitée. Delphine Batho n’a cessé de brandir trois principes : transparence, démocratie et réversibilité des déchets. « Les deux premiers sont bafoués ici depuis des années. Le troisième est impossible à réaliser. Comment voulez-vous sortir les colis radioactifs une fois que le temps aura fait son œuvre ? » Cela sera un des éléments du débat public à venir. Prévue pour le mois de mars, l’annonce de son décalage de quelques semaines pour ne pas se télescoper avec le débat sur la transition énergétique, devrait survenir dans la semaine.
Retombées économiques : les élus relancent le débat
Les opposants appellent cela un Comité de haut niveau de corruption. Le Comité de haut niveau dédié à l’accompagnement local s’est réuni hier à Bure. A cette occasion, les élus locaux, en présence de François-Michel Gonnot et Marie-Claude Dupuis, respectivement président et directrice générale de l’Andra, l’agence en charge de la gestion des déchets nucléaires, ont signifié aux plus hauts représentants de l’Etat et du secteur de l’énergie (Henri Proglio, président d’EDF, Luc Oursel président d’Areva et Bernard Bigot, directeur du Commissariat à l’énergie atomique) que les retombées économiques sur le secteur n’étaient clairement pas suffisantes.
Au sortir de la discussion, Christian Namy, président UDI du conseil général de la Meuse a la sensation d’avoir été entendu : « J’ai eu le sentiment d’une ministre qui connaît bien son dossier et qui a bien mené les débats. Cette réunion nous a permis d’amorcer des discussions qui devraient se poursuivre plus tard par du concret. » Car rien n’a filtré de vraiment tangible. Sur le principe du pollueur-payeur, l’Etat, EDF, Areva et le CEA continueront de doter les deux groupements d’intérêt public de la Meuse et de la Haute-Marne de 30 M€ par an. Alors que la manne devait tomber à 20 M€. Mais ça, on le savait déjà. Des efforts leur ont surtout été demandés en termes d’emplois locaux, que ce soit directs, ou indirects, en faisant plus travailler les entreprises locales : « On a insisté sur la mise en place d’un fonds spécial permettant à nos entreprises de s’organiser pour mieux répondre aux appels d’offres de ces géants de l’énergie. » Seule mesure concrète décidée hier, l’Etat va renforcer sa présence sur ce dossier. Un poste de sous-préfet à l’accompagnement du projet de stockage Cigéo devrait être prochainement créé. Une réforme de la fiscalité sur la zone va aussi être étudiée.
LE NOUVEL OBSERVATEUR
http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/nature-environnement/20130204.OBS7720/rencontres-autour-des-dechets-radioactifs-a-bure.html
l’Est Eclair :
http://www.lest-eclair.fr/article/a-la-une/dechets-nucleaires-la-ministre-delphine-batho-promet-reversibilite-et-transparence