2016 - 2018 : Mobilisation active et répression
Cigéo,le mégaprojet imposé qui fait causer !
2015 : En juillet à 6h du matin, le conseil municipal de Mandres-en-Barrois vote favorablement pour l’échange de la forêt communale (Bois Lejuc) avec le Bois de la Caisse, propriété de l’Andra, à proximité, et ce malgré une consultation précédente des habitant.e.s au résultat majoritairement négatif. Un tiers des villageois signe une pétition contre cette délibération, un recours est déposé.
En août, un camp anti-autoritaire et anti-capitaliste international (VMC) se tient près de Bure, point de départ de nouvelles mobilisations sur le terrain. Des contacts étroits, échanges, info-tours, solidarités se nouent avec d’autres luttes, dont NDDL (Notre-Dame-des-Landes).
Loi Cigéo votée sous influence ?
2016 : En janvier, un accident tragique se produit dans une galerie du laboratoire, soit l’éboulement d’une paroi d’argile en front de taille, faisant un mort et un blessé.”ˆPlus d’un an après, aucun résultat officiel de l’enquête n’a filtré sur le sujet ; les travaux continuent. L’Andra lance une vaste campagne de fouilles archéologiques et de travaux divers à proximité des cinq villages, alors même que Cigéo n’est pas autorisé. Au printemps, la loi Cigéo validant la phase pilote et définissant le principe de "réversibilité" est préparée dans des conditions surprenantes.”ˆDébats express au Sénat, expéditifs au Parlement, elle sera votée le 25 juillet par une vingtaine de députés.”ˆComme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, c’est le député C.”ˆBouillon, par ailleurs président du Conseil d’administration de l’Andra, qui en est rapporteur.”ˆUn flagrant conflit d’intérêt, décrié par de nombreuses associations mais qui n’émeut pas les sphères politiques.
L’occupation du Bois Lejuc
2016 : En mai, l’Andra installe une plate-forme de travail dans le Bois Lejuc, un lieu stratégique. C’est à cet endroit, à quelques km de Bure, qu’elle compte creuser les galeries souterraines, installer les puits d’accès au stockage et faire déboucher à l’air la ventilation permanente pour les gaz radioactifs émis en continu. Elle commence à déforester et à clôturer.”ˆDébut juin, des dizaines de personnes, locaux et nouveaux venus, luttent contre l’annexion de celle-ci. Après le déÌ montage des clôtures et de la plate-forme, ils lancent une occupation dans la forêt avec des constructions en bois, des plantations de légumes, des concerts et des pique-niques. Les opposants se font expulser manu militari en juillet mais y reviennent quelques semaines plus tard. Les face à face musclés alternent avec les réoccupations joyeuses. Des naturalistes s’en mêlent.
La mise à terre du mur du Bois Lejuc
2016 : L’Andra tente alors d’encercler la forêt avec un mur de près de 3 km de long. Celui-ci est mis à terre le 15 août par près de 500 personnes qui, dans une ambiance joyeuse vont marquer les morceaux de mur détruit de dizaines d’inscriptions poétiques, tendres ou radicales, lucides ou pleines d’humour, le tout composera un puissant message sociétal à ciel ouvert... L’Andra, qui ne met plus les pieds dans le bois, est rappelée à l’ordre.”ˆLa légalité de ses méthodes de déforestation et de construction du mur a fait l’objet de plusieurs recours juridiques.”ˆL’Andra est condamnée pour défrichement illégal début août et doit stopper tous travaux. Elle doit remettre en état le Bois Lejuc mais fait appel. Le territoire est de plus en plus “militarisé” , l’ambiance est tendue dans les villages. La bataille juridique entre associations et Andra s’intensifie.
Des cabanes et des hiboux
2016/2017 : A partir de septembre, le Bois Lejuc est occupé par des personnes qui construisent des cabanes au sol ou à la cime des arbres et y vivent, dont Sven, un jeune finlandais. Malgré un hiver rude et des tentatives d’intimidation régulières par les vigiles de l’Andra, les occupant.e.s (surnommés les ” hiboux de Bure” ) ne cèdent pas de terrain, encouragés par des centaines de messages de soutien venus de partout et la sympathie de villageois, apportant régulièrement couvertures, vêtements et plats chauds.
Rubans jaunes et grilles à terre
2017 : En février, une manifestation voit des centaines de personnes visiter le Bois Lejuc, accrocher une multitude de rubans jaunes aux arbres à protéger, découvrir le mur à terre et aller saluer les habitant.e.s des cabanes.”ˆAprès un pique-nique convivial, un cortège se dirige vers le labo de Bure. Les grilles de l’écothèque toute proche (ou centre de conservation des échantillons de la Nature à l’état zéro, fleurs, petites bestioles et rosée avant irradiation) sont malmenées alors que des centaines de gendarmes mobiles défendent le laboratoire. Le sujet, de plus en plus médiatisé, s’invite un peu dans la campagne présidentielle.
Menaces et répression
2017 : Le 28 février, le Tribunal administratif de Nancy reconnaît l’irrégularité de la délibération communale de cession du Bois Lejuc à l’Andra.
La répression ne s’arrête pas pour autant et frappe fort. Ainsi un paysan a été condamné pour avoir mis du matériel à disposition des opposant.e.s, lors des premières occupations en forêt. Ce matériel, tracteur et bétaillère lui ont été confisqués et ne seront pas rendus pour l’été. Son procès, fixé au 2 mai 2017, est repoussé en septembre.
Village sous très haute tension
2017 : Le 18 mai, le conseil municipal de Mandres-en-Barrois se réunit pour redélibérer sur la cession du Bois Lejuc à l’Andra, celle-ci ayant été invalidée par voie juridique.”ˆIl rend un avis favorable par six voix contre cinq. Le village est en état de siège, sous très forte présence policière et des heurts se produisent entre forces de l’ordre et manifestant.e.s. Un soupçon de conflit d’intérêt concernerait certains conseillers municipaux ; un tiers des villageois.e.s déposent un nouveau recours en annulation.
L’ordre d’expulsion du Bois Lejuc a été ordonné fin mai, l’opposition ne faiblit pas et appelle à de nouvelles mobilisations, une semaine d’actions mouvementée fête mi-juin une première année d’occupation de la forêt...
Le projet Cigéo à la loupe
2017 : Fin juin, à la suite d’un recours des opposant.e.s, l’Autorité Environnementale annonce le retrait de la décision du 22 mars 2017.”ˆCelle-ci autorisait l’Andra à déposer une demande d’autorisation de défrichement et une demande au titre de la loi sur l’eau pour les forages, sans procéder à une étude d’impact. L’Andra devrait donc recommencer son dossier à zéro, si elle persiste dans son projet d’investir le Bois Lejuc. Mi-juin, l’IRSN publie un avis sur le Dossier d’Options de Sûreté présenté par l’Andra.”ˆCet avis met en lumière d’inquiétantes lacunes de conception et demande à l’Agence de revoir sa copie sur au moins quatre points essentiels, confortant les réserves émises depuis quelques années par des experts indépendants, légitimant de plus les craintes et l’ampleur de l’opposition.
L’Autorité de Sûreté nucléaire (ASN) rend un avis similaire en juillet 2017.
Festival Les Bure’lesques et manifestation du 15 août
Mi-Août 2017 : Le festival rassemble près de 2000 personnes sur un site à quelques km de Bure, à Biencourt-sur-Orge, du 11 au 13/08.
Une manifestation le 15 août voit une répression acrrue s’exercer. La journée se solde par une trentaine de blessés dont deux graves.
22 février 2018 : Expulsion des occupant-es du Bois Lejuc. Une campagne de répression sévère est mise en place. La militarisation autour de Bure s’accentue fortement.
Un "débat public" sur Cigéo est annoncé par le secrétaire d’Etat du ministère de la transition écologique, sans aucune précision. Une période de "concertation", ou information sur les grandes infrastructures du projet Cigéo est engagée sur le territoire.
16 juin 2018 : Manifestation nationale à Bar-le-Duc, 3000 personnes défilent dans une ville sous très haute présence policière.
20 juin 2018 : 10 perquisitions chez divers opposant-es suivies de gardes à vue, suivies de 5 mises en examen. Contrôles incessants, procès, et nouvelles mises en examen sont effectués en été.
Fin 2018 : débat public sur le Plan national de gestion des matières radioactives.
2019 : La DAC (Demande d’Autorisation de Création de Cigéo) a été repoussée à 2019.”ˆAlors que le dispositif militaire autour de Bure s’amplifie, le gouvernement osera-t-il donner le feu vert à un tel projet industriel, entaché de doutes technologiques, juridiques et éthiques majeurs ? L’opposition est plus déterminée que jamais à faire valoir son point de vue.