Problème : l’Etat a décidé cette année de marier les deux entités, ce qui a provoqué de nombreuses oppositions jusqu’à l’Assemblée nationale, en vain. Cerise sur le gâteau c’est le grand patron de l’Andra, rien que ça, qui va chaperonner la nouvelle structure rebaptisée ASNR, début janvier 2025. Autant dire que Cigéo va être chouchouté, mais dans quel sens ? Car il faut aller vite, enfouir envers et contre tout. Une commission d’expertise indépendante a pourtant relevé dans la vingtaine de pages consacrées au simple état zéro de la radioactivité une "densité d’anomalies sidérante dans les études d’impact de l’Andra". De quoi se poser la question : qu’en est-il dans le reste du volumineux dossier ? A suivre en 2025, Cigéo c’est pas encore fait !

ACTU
Vive l’expertise indépendante !
La CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) a réalisé l’analyse de l’état des lieux radiologique réalisé par l’Andra, un volet essentiel étant donné la nature des déchets destinés à CIGÉO. Elle a relevé un nombre alarmant d’erreurs et déplore un manque de données et des études au rabais. Elle réclame une enquête et la suspension du projet dans l’attente de garanties à l’efficacité démontrée. L’ANDRA, auditionnée par le Clis de Bure tout récemment, reconnaît, effectivement il y a des "boulettes", on les a corrigées, mais cela ne changerait en rien nos résultats. Grosse question : y-a-t’il autant d’approximations dans le reste du dossier DAC ? Et on doit dormir tranquille ?
PLUS D’INFOS : Cigéo sous le feu de la critique

La sûreté nucléaire sous la coupe du grand patron de l’Andra, on aura tout vu
Une affaire menée en une petite année ! IRSN (en charge de l’expertise des dossiers nucléaires) et ASN (en charge des avis relatifs à tout ce qui touche le nucléaire) sont regroupés au sein d’un seul et même organisme, l’ASNR. Un mariage forcé qui a provoqué de large remous et oppositions, du monde associatif et syndical à la sphère parlementaire. Mais c’est fait, et il est à craindre une perte de compétences et d’indépendance. Mais bon, plus obscur que le monde de l’atome en France... Cerise sur le gâteau, c’est PM Abadie, directeur de l’Andra qui en prend la tête début janvier 2025. Il a beau jurer qu’il regardera l’instruction du feu vert à Cigéo de loin, on n’y croit pas.
PLUS D’INFOS : Un pur scandale !

SCOOP
Déchets bitumés, allez on arrête de se casser la tête ?
Souvenez-vous, en 2011, lorsqu’un scientifique indépendant annonçait que le 1/4 des déchets MAVL destinés à l’enfouissement sont des déchets inflammables car enrobés dans des bitumes. L’affaire a fait grand bruit, les structures officielles en charge d’évaluer les étapes du dossier Cigéo ont exigé de l’Andra des solutions. La question a été soumise à l’avis d’experts internationaux, le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) a été invité à y travailler. Pus d’une décennie de recherches et pas l’ombre d’une solution en 2023. Ces déchets sont pour le moment exclus du dossier DAC. Mais... les récents résultats d’un nouveau programme CEA/ANDRA laissent entendre que finalement rien ne semble compromettre les critères de sûreté et qu’il seraient stockables en l’état. Un -inquiétant- petit tour de magie qui arrange bien les choses ?
Est à déplorer tout de même qu’une partie du programme n’ait pas été réalisée ou passée sous silence, soit les travaux au coeur même de la problématique : comment reconditionner ces fichus déchets et tenter de neutraliser leur potentiel inflammable ?
PLUS D’INFOS à suivre.

Rappelons au passage ce qu’avançait en 2018 un chercheur dans sa thèse : Il s’agit pour l’Andra de produire non pas une preuve de type mathématique, mais « un faisceau d’arguments », voire de « construire un scénario comme on raconte une histoire ». Ou encore : « La démonstration de sûreté de Cigéo ne s’apprécie pas en fonction de sa justesse mais en fonction de sa capacité à convaincre ses évaluateurs ».
A RELIRE > Bure : l’impossible preuve scientifique de la sûreté

TERRITOIRE
Triste destin pour la Meuse : cluster des déchets industriels ?
Drôle d’idée quand même. Meuse Grand Sud vient d’entériner un projet pour le moins singulier, devenir la terre d’accueil des déchets industriels à recycler et à valoriser. Comme ça, sans aucun projet global de réduction de ces déchets par exemple, qui pourrait s’inscrire dans un vrai changement de cap pour le pays. Et Cigéo, par lequel tout est arrivé, y tient un rôle central. D’ici à ce que l’on nous fasse croire que les déchets radioactifs sont des matériaux valorisables...
PLUS D’INFOS > articles de l’Est républicain 06/12/2024

CA CHAUFFE
Une carrière qui fait causer
Un projet de carrière à Chassey-Beaupré (à quelques kms de Bure) pour alimenter le chantier Cigéo provoque l’opposition de la commune. La crainte des habitant.e.s : voir passer jusqu’à 70 camions par jour sous leur fenêtres sans compter les impacts évidents sur leur environnement et la qualité de vie. Une pétition contre a été largement signée. Décision préfectorale en 2025.
PLUS D’INFOS > Chassey-Beaupré : les habitants disent non au projet de carrière minérale

Le chantier Cigéo fait-il peur ?
Passé le temps des largesses financières qui arrosent le territoire, la concrétisation de Cigéo inquiète. La campagne d’expropriations actuellement en cours fait une large part au chantage et aux pressions exercées sur les propriétaires qui ne veulent pas céder. Et les nuisances des travaux préparatoires de Cigéo qui se profilent : bruit, poussières, passages de camions, pollutions, etc. n’ont rien d’un petit chantier, mais tout d’un bouleversement hors-norme.
A stopper d’urgence ! Il n’y a pas de déchets à Bure à ce jour, rien n’est joué !